Panhard René
Né le 28 janvier 1912 à Paris, cinquième enfant d'une fratrie de 9, il est le petit-fils du célèbre constructeur automobile du même nom.
Après avoir effectué ses études au Lycée Condorcet, il entre à l'école supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC) avec laquelle il effectue son baptème de l'air à l'occasion d'une visite de l'aéroport du Bourget.
Enthousiasmé, il prend des cours de pilotage à l'école Potez d'Orly, ce qui lui permet d'être incorporé, lors de son service militaire comme élève pilote à Istres où il arrive en 1934.
Breveté le 15 mars 1935, il est affecté, jusqu'en octobre, à la 4eme Escadrille du GC II/7. Réserviste, retourné à la vie civile, il effectue toutes ses périodes militaires au sein de la 7eme Escadre de Chasse en qualité de Sergent .
Mobilisé fin août 1939, il rejoint la 3eme Escadrille du GC II/7 qui se trouve basée à Luxeuil et qui est équipée de MS 406.
Le 21 décembre 1939, le GC II/7 est chargé d'assurer la protection d'un Potez 63-11 de reconnaissance du GR I/55 qui doit survoler le secteur de Karlsruhe / Aix-la-Chapelle. Douze appareils sont affectés à cette opération. Dans le secteur de Karlsruhe, les pilotes français rencontrent une douzaine de Me 109 du I./JG 54, conduits par le Major Hans-Jürgen Von Cramon, dont la moitié s'en prennent aux chasseurs
et l'autre moitié à l'appareil de reconnaissance.
Le combat qui s'engage permet aux chasseurs français de revendiquer 2 victoires confirmées attribuées au Sous-Lieutenant Gauthier (MS 406 n° 91) et au Sergent-Chef Panhard (MS 406 n° 93) ainsi qu'une victoire probable pour le Sergent Chef De Fraville. En contrepartie, les français perdent deux appareils et ont un blessé. Troué de toutes part, le MS 406 du Sergent-Chef Panhard est bon pour la réforme à son
retour au terrain. Quant au Sous-Lieutenant Gauthier, après avoir remporté une victoire, il est lui-même touché et doit se poser dans un champ près d'Artzenheim (Nord de Colmar).
Du côté allemand, le Major Hans-Jürgen Von Cramon revendique 2 victoires sur les Morane dont 1 seule lui sera attribuée. Du point de vue des pertes, 1 appareil est perdu (Hpt Richard Paulitsch, Staffelkapitän du 2./JG 54 qui saute en parachute, blessé), 3 autres appareils étant endommagés à au moins 10%.
Lorsque les allemands lancent leur attaque aux première lueurs du 10 mai 1940, le GC II/7 est toujours basé à Luxeuil. Le Groupe compte 32 pilotes et 35 MS 406 dont seulement 24 sont disponibles : 80. 88. 89. 95. 138. 146. 183. 211. 215. 216. 220. 221. 223. 225. 226. 235. 242. 264. 334. 443 .481. 483. 598. 802. 808. 953. 956. 959. 962. 964. 965. 974. 977. 978. 980. Le Groupe dépend de la ZAO Sud au sein du
Groupement de Chasse 24 sous le commandement du Lieutenant Colonel Lamon.
La première alerte de la journée survient à 4 h 30 lorsque 3 bombardiers provoquent le départ de deux patrouilles légères. Séparés dès le décollage, les pilotes de la première patrouille mènent chacun un combat isolé. Le Sergent Grimaud (MS 406 n° 88) se lance vers le Nord à la poursuite d'un Ju 88. Il tire dessus à plusieurs reprise mais tenu en respect par le mitrailleur défensif, il ne peut que revendiquer
une victoire probable. De son côté, le Commandant de Mentque s'apprête également à attaquer lorsqu'il est pris en chasse par 4 Me 109 qui l'abattent à bord de son MS 406 n° 334. Le pilote est tué. La seconde patrouille, composée du Capitaine Papin et du Sous-Lieutenant Couillens rentre pour protéger le terrain après avoir vainement tenté d'intercepter les bombardiers.
A 5 h 55, la patrouille qui se trouve toujours en l'air, attaque un peleton de He 111 qui resserrent aussitôt leur formationLa Capitaine Papin tire toutes ses munitions sur l'un des bombardiers mais sans résultat apparent. De son côté, le Sous-Lieutenant Couillens parvient à atteindre le moteur droit de l'un des bombardiers. Celui-ci quitte sa formation et se perd dans les nuages, privant le pilote d'une victoire
confirmée. Celle-ci sera finalement accordée en octobre à Couillens et Papin. En février 1941, les comptent sont revus et chacun des deux pilotes reçoit le crédit d'une victoire confirmée chacun.
Alors que les deux patrouilles se trouvent en l'air, le terrain subit les premiers assauts des bombardiers de la Luftwaffe qui bombardent les installations. Plusieurs hommes sont blessés au sol dont le S/C de Fraville. Quatre MS 406 sont détruits. Une patrouille triple qui a décollé à 6 h 00 (Cpt Hugo (MS 406 n° 977 - S/t Mangin - Sgt Boillot) est dirigée sur un He 111 pris pour cible par la DCA de Belfort.
L'appareil allemand [9K + EB] du Stab I./KG 51, qui effectue une mission de reconnaissance photo à 3000 m est pris en chasse. Attaqué par l'avant et depuis le bas, le Capitaine Hugo incendie le moteur droit. A 6 h 30, les trois pilotes unissent leurs efforts et envoient le He 111 se poser sur le ventre au NE de Chavanatte, entre Montbéliard et Belfort. L'équipage allemand compte un tué et trois blessés.
A 15 h 00, vingt et un appareils prennent l'air, en protection de Luxeuil. La troisième Escadrille se trouve au-dessus des nuages et la quatrième en-dessous. Les premiers se heurtent à 8 Me 110 qui se mettent aussitôt en cercle défensif. Deux appareils sont malgré tout abattus. Au départ reconnues comme probables, les deux victoires confirmées sont finalement accordées au Cpt Papin (avec le S/C Lefebvre) et
au Sous-Lieutenant Jeandet. En retour, Jeandet est grièvement blessé à l'oeil.
Quant au Sous-Lieutenant Couillens, il est tué au combat à bord du MS 406 n° 598 près de Briancourt. Assistant impuissant à la perte de son camarade de combat, le S/C Panhard se lance à l'assaut des bimoteurs pour tenter de le venger. Il parvient à toucher le moteur de l'un des Me 110 qui quitte le secteur avec un moteur fumant. Cette victoire ne sera accordée que comme probable.
Le 11 mai, le premier message d'alerte provoque le départ de la totalité des 21 avions encore disponibles. Le Commandant Durieux prend la tête de la formation alors même que les bombardiers commencent à survoler la piste, provoquant une certaine confusion. Pendant que quelques pilotes restent en protection sur Luxeuil, les autres prennent plein Ouest à la poursuite d'une vingtaine de He 111 du III./KG 51 qui
attaquent Lyon Bron. Vers 9 h 00, le [9K + MT] du 9./KG 51 quitte la formation avec le moteur droit en feu et le train sorti. Attaqué par pas moins de 14 pilotes, le bombardier s'écrase près du village de Montsauche, au Nord de Chateau-Thierry.
Le pilote est mort mais 4 hommes d'équipage ont sauté en parachute et seront constitués prisonniers. La victoire est partagée entre (Sgt) Passemard Amédée (MS 406 n° 802) (Cdt) Durieux (Cpt) Hugo Henri (Lt) Goettel (Slt) Valentin Georges (Slt) Pomier-Layrargues René (Slt) Louis Camille (A/C) Ponteins Denis (MS 406 n° 89) (S/C) Gourbeyre (S/C) Panhard René (MS 406 n° 264) (S/C) Lamblin Jacques (Sgt) Planchard
(Sgt) Bret Emile (C/C) Novakiewicsz . (Le Sous-Lieutenant Dussart est varialement inclus dans la liste des pilotes crédités de cette victoire, de même que le S/C Lefebvre qui, contraint de se poser en campagne, ne semble pas avoir pris part au combat).
Au retour de la mission, le Cpt Hugo pose son appareil qui doit être réformé. Trois autres He 111 sont accordés ce jour là, deux probables et un confirmé.
La patrouille du du S/C Doudiès, isolée, revient au terrain lorsqu'elle reçoit l'ordre de se diriger vers Dijon et finalement Vesoul où elle intercepte un groupe de 18 He 111 du I./KG 51. Après avoir attaqué le peleton, ils constatent l'absence de l'un des bombardiers qui sera accordé comme probable au S/C Doudiès et au Sgt Grimaud (MS 406 n° 88) . Le Sergent Grimaud ayant épuisé toutes ses munitions et le
Slt Krol ayant ses armes enrayées, le S/C Doudiès appelle du renfort qui arrive sous la forme de 7 pilotes du GC III/6 avec lesquels il abat, à 9 h 58, le 9K + GH. L'appareil se pose sur le ventre à Pirey, au Nord de Besançon et l'équipage est capturé.
Dans le même temps, le terrain est attaqué une nouvelle fois. Une patrouille simple décolle à 10 h 00 (Sous-LieutenantsDussart et Mangin et Sgt Boillot). Ils se dirigent vers Belfort puis Lure et interceptent des Ju 88 du II./KG 51 qui effectuent leur bombardement. L'un d'eux est sérieusement touché par les 3 pilotes. La risposte est toutefois efficace et le Sgt Sous-Lieutenant Dussart, moteur en feu, se blesse
au visage en posant son MS 406 à Mélisey.
Le Sgt Boillot est aussi touché, pose son appareil moteur calé, lorsqu'il est pris pour cible par la défense anti-aérienne du terrain qui le prend pour un allemmand. L'appareil déjà bien endommagé prend quelques impacts au passage et devra être réformé. Au final, Dussart et Boillot reçoivent le crédit d'une victoire sur un Ju 88 confirmée partagés entre eux deux et Mangin reçoit le crédit d'un He 111 probable.
Au soir du 11 mai, le bilan fait état de 2 tués par bombardement avec de nombreux appareils endommagés. Au total, le Groupe a perdu 18 appareils (dont les 88 et 89 de Grimaud et Ponteins lors d'un bombardement). Quatre appareils déjà indisponibles sont définitivement détruitsde même qu'un D520 par mitraillage le lendemain alors qu'aucune victoire ne vient compenser ces destructions. Seule la DCA parvient à
abattre l'un des 6 assaillants dont le pilote est capturé. Une piste de secours est aménagée à 2 km du terrain, en bordure de bois, avec une piste de 20 m de large qui ne permet le décollage que d'un appareil à la fois mais offre des abris naturels pour les appareils trop exposés.
Le 13 mai 1940, le Groupe ne compte plus que 8 appareils en état de voler. Une seule mission se déroule. En couverture du terrain, une patrouille simple reçoit l'ordre, à 17 h 10, d'intercepter un Do 17 sur les Vosges. Le Sous-Lieutenant Valentin et le S/C Panhard (MS 406 n° 264) attaquent à 6500 m le bimoteur qui pique pour tenter de regagner ses lignes. Moteur gauche fumant, il suit une vallée mais Valentin
se tient juste derrière et l'arrose à 25 m de distance seulement. Panhard épuise lui-aussi ses munitions et le Dornier finit par s'écraser à Hugelheim, de l'autre côté du Rhin. Pendant ce temps, le S/C Lamblin, seul aux prises avec 6 Me 109, parvient à s'en dortir indemne.
Le jour même, un Bloch 220 censé acheminer des pilotes vers Toulouse pour y récupérer les nouveaux D 520 est victime du tir défensif du terrain qui se trouve être attaqué au même moment par des bombardiers allemands. Le Bloch finit sa course en cheval de bois, totalement criblé d'impacts.
Le groupe est désormais totalement équipé en Dewoitine D 520, soit une vingtaine d'appareils au total. Tous sont disponibles. En revanche, côté pilotes, deux parmi les plus expérimentés sont malades ; le Cpt Hugo et le Sous-Lieutenant Valentin. Ce jour là, la pression allemande se porte sur Lyon et Marseille. Se trouvant sur la route des bombardiers, le GC II/7 effectue plus de 40 sorties pour les intercepter.
Après quatre missions sans histoire, un dispositif de quatorze D 520 prend l'air à 11 h 15 et se scinde en deux groupes. La troisième escadrille est emmenée par le Capitaine Papin sur Dijon et la quatrième par l'A/C Ponteins sur Chalindrey. Vers 12 h 30, le S/C Lamblin (D 520 n° 104) prend contact avec une trentaine de He 111 du III./KG 53 au Sud de Saint-Jean-de-Losne.
Les 14 pilotes se regroupent alors et attaquent le peleton de bombardier tout au long de la vallée du Doubs. Lamblin attaque seul un He 111 qui s'enfuit vers la Suisse. L'A/C Ponteins, seul également, en tire un second qui se met en spirale en trainant un panache de fumée blanche après que le français ait tiré 60 obus et 600 cartouches dans sa direction. Quatres autres pilotes (Gourbeyre, Boillot, Planchard
et Louis) attaquent sans résultat. Les appareils Suisses auraient aussi intercepté l'un des bombardiers venu se réfugier de l'autre côté de la frontière.
Au final, le Commandant Durieux accorde un He 111 probable à 4 pilotes : (Cpt) Papin Labazordière Tony (S/C) Lamblin Jacques (S/C) Doudiès Jean (S/C) Grimaud Henri (D 520 n° 230) alors que la victoire confirmée est partagée entre 9 pilotes : (Cpt) Papin Labazordière Tony (Slt) Louis Camille (A/C) Ponteins Denis (S/C) Gourbeyre (S/C) Lamblin Jacques (Sgt) Boillot Pierre (S/C) Grimaud Henri (Sgt) Planchard (Sgt)
Passemard Amédée (D 520 n° 251). Ces deux victoires seront variablement attribuées à différents pilotes selon les périodes et font encore l'objet de controverse.
A 14 h 05, une patrouille double légère (Sous-Lieutenants Gruyelle et Krol (D 520 n° 241), Sergent Grimaud et C/C Novakiewicsz prend l'air sur alerte en couverture de Dijon / Lons-le-Saulnier. Le Capitaine Williame, du GC I/2 suit au même moment un groupe de bombardiers après avoir du laisser s'échapper un premier groupe. Il oriente par radio les pilotes du GC II/7. A 15 h 25, ils prennent contact avec les
Heinkel He 111 dont l'un est abattu au Nord d'Artois par 4 D 520 du GC II/7 qui aident les 3 MS 406 du GC II/2. Le Sous-Lieutenant Krol semble devoir se poser en campagne près de Luxeuil avec son n° 241.
Une patrouille légère qui décolle sur alerte à 15 h 00 dans la région de Pontarlier et composée des Sous-Lieutenant Bouton, S/C Doudiès et Panhard (D 520 n° 116), Sgt Martin et Passemard, rejoints par le Commandant Mümler, interceptant 18 He 1111 du III./KG 53 au Sud de Besançon. Vers 16 h 45, le AI + CT du 9./KG 53 s'écrase au Nord de Montbéliard après avoir été tiré par l'ensemble des pilotes à l'exception
de Panhard qui se voit pourtant crédité de la victoire alors que le Sgt Passemard n'obtient aucun crédit.
Ensuite, le commandant Mümler se joint aux Curtiss du GC I/5 et abat avec eux un He 111 près d'Epinal. Le He 111H (WNr 5474) [AI + EL] de la 3./KG 53 est abattu à 17 h 30 après avoir été précédemment attaqué par le Lieutenant Paul Schenk et le Capitaine Werner Lindecker de la Cie.Av 15 de l'Aviation Suisse.
Nouvelle mission de protection de bombardiers sur Compiègne et Soissons en fin d'après-midi. Le dispositif comprend une patrouille triple du GC II/7 et une patrouille double de Bloc MB 152 du GC II/6. Alors que la mission s'achève, des tirs de DCA orientent le Cpt Hugo, le S/C Panhard et le Sgt Boillot sur 3 He 111. Menacés de panne sèche, les 3 français doivent laisser partir le bombardier entre Noyon et
Ham, moteur gauche stoppé et l'autre fumant. Certains d'avoir rendu impossible le retour à sa base du bombardier, celui-ci est crédité comme victoire certaine. L'appareil sera retrouvé près de Saint-Quentin.
Deux jours plus tard, le 9, le GC II/7 quitte Meaux et rejoint Avelanges après qu'un bombardement ait détruit la veille deux D 520 (n° 134 et n° 249)
Après d'être replié jusqu'à Perpignan, le GC II/7 traverse la Méditerranée le 20 juin pour se poser à Bône, puis à Souk-el-Arba, le 22 juin et enfin Oudna le 24. Au cours de la Campagne de France, le Sergent-Chef Panhard réalise 23 missions de guerre entre le 10 mai et le 15 juin, remportant 5 victoires et 1 probable. Au total, le GC II/7 aura effectué 430 missions, réalisé 1685 sorties pour 2896 heures 50
de vol. IL aura remporté 39 victoires confirmées et 13 probables.
Démobilisé le 15 août 1940, il regagne la métropole. Promu Sous-Lieutenant en 1949, il reprend son entraînement de réserviste volontaire sur P-47D au CERAA de Villacoublay puis à Creil. Transformé sur avion à réaction en 1953, il est nommé moniteur "Chasse" à la 10e Escadre de Chasse sur Vampire et Mystère II, toujours à Creil, jusqu'en 1958. Il effectue en parallèle toute sa carrière civile au sein
de la firme familiale Panhard-Levassor qui fusionnera en 1965 avec Citroën SA avant de devenir une filiaile de Peugeot SA. Commandant de réserve, René Panhard est décédé le 1 novembre 1977.