- Introduction

 

- Histoire de l'Aviation

- Belles Photos Avions

- Les plus beaux avions

- Les profils

- Avions Flight simulator

 

- Avions 14-18

- Attaques

- Chasseurs

- Ballons

- Bombardiers

- Hélicos

- Maritime

- Autres

- Planeurs

- Reco.Transp.Entrain.

- Spéciaux

 

- Avions 39-45

- Attaques

- Chasseurs

- Bombardiers

- Hélicos

- Maritime

- Autres

- Planeurs

- Reco.Transp.Entrain.

- Spéciaux

 

- Les Hommes

- As 14-18

- As 39-45

- Les Avionneurs

- Les Exploits

- Les Figures

 

- Divers

- Cocardes

- Décorations

- Emblèmes

- Grades

 

- Guerres mondiales

- Guerre 14-18

- Guerre 39-45

 

- Bataille d'Angleterre

- Une période décisive

- Les Avions

 

 

 

 

 

retour

Guerre 14-18

 


 

L'aviation Allemande

 


                

 

La bataille de Verdun est une bataille d’arrêt, dans le but de  stopper l’ennemi qui arrive en masse, en groupe.

Elle concerne toutes les  armes et notamment une arme nouvelle, l’aviation, qui apparaît petit à  petit, et s’impose avec le début des combats à Verdun dans des  circonstances particulières, liées à sa motorisation qui correspond à un  moment de l’évolution technologique et surtout à son armement qui  transforme finalement les missions jusque-là dévolues ou admises dans  toutes les armées.

Elle contribue à un changement d’attitude face à la  mécanique, le moteur, à la perception d’une nouvelle dimension, la  troisième, et à son intégration dans le quotidien militaire.

La motorisation en 1914

Les forces aériennes ne sont pas en 1914 à l’image des forces  terrestres et de leurs moyens de déplacement mécaniques. Dans toutes les  armes le cheval est roi ; ainsi le bataillon d’infanterie en  compte 58 (20 de monte et 38 de trait) mais ne dispose d’aucun véhicule à  essence ; le détachement de transmissions (Feldsignalabteilung/signaux  optiques) du régiment de cavalerie compte 131 chevaux (113/18) et un seul  véhicule à essence.

Les Allemands disposent à l’échelon d’une armée d’une « Troupe  de dirigeables » (Luftschifftrupp), de  « Troupes aériennes » (Fliegertruppen), d’un  « Détachement d’aviation de forteresse » (Festungs-Flieger-Abteilung), d’un  « Parc de dépôts d’avions » (Etappen-Flugzeugpark) et d’un  « Détachement d’aviation de complément » (Flieger-Ersatz-Abteilung). Les  « Troupes de dirigeables » comprennent 149 hommes, dont 3  officiers disposent de 3 chevaux et de 10 véhicules à essence (1 VL et 2  PL).

Les « Troupes aériennes » ont été renforcées depuis 1912,  année où elles disposaient de 84 hommes, dont 13 officiers et de 8  véhicules (1 bus, 3 VL, 4 PL, dont un camion-atelier). En 1914, elles  passent à un effectif de 128, dont 15 officiers et disposent de 16  véhicules (1 bus, 5 VL, 10 PL) qui correspondent à la spécificité des  unités. Le parc de camions comprend 6 camions porte-avion, 2 camions pour  le carburant, 1 camion-atelier et 1 camion pour les munitions et les  bagages.

Le « Détachement d’aviation de forteresse » compte 41  hommes, dont 4 officiers, et 2 véhicules (1 VL, 1 PL), le « Parc de  dépôts d’avions » 83 hommes, dont 2 officiers, et 15 véhicules (5 VL  et 10 PL), et le « Détachement d’aviation de complément » 102  hommes, dont 2 officiers, et 4 véhicules (1 bus, 2 VL, 1 PL).

L’industrie aéronautique

L’Allemagne dut entrer dans la bataille pour la production  industrielle en organisant précipitamment la production pour satisfaire  les besoins du front après que les Alliés, notamment les Français, eurent  rationalisé les productions aéronautiques.

L’Allemagne n’avait pas une industrie aéronautique propre si bien  que les constructeurs développaient des produits à partir de brevets  étrangers, en en achetant les droits ou en les imitant. Ainsi, le moteur  allemand construit par Maschinenbau à Oberursel/Taunus est un moteur  rotatif en étoile français Gnome et Rhône construit sous  licence ; le Fokker  de reconnaissance A.1 (M.8) est  une copie de Morane Saulnier  « H » doté d’un Oberursel U.1 de 100 CV.

La nécessité d’entretenir une telle industrie n’était pas un point  de vue communément partagé par l’État, l’EM et les industriels pour des  raisons stratégiques et de mentalité. Tout le monde s’accordait à penser  qu’un conflit se limiterait à une très courte période tandis que peu  croyaient en un développement technique quelconque.

De ce fait, le public  et le privé n’investirent pas dans cette branche de l’industrie qu’est  l’aéronautique. L’avion passait finalement pour la dernière trouvaille de  quelque inventeur, certes de génie, le dernier sport à la mode réservé à  des jeunes en quête de sensations fortes. L’électricité n’était-elle pas  considérée comme une simple invention sans avenir  particulier ? La voiture comme le jouet du moment de quelque  snobinard en mal d’« exotisme » ?

A l’opposé, à l’état-major général, le GEM (prussien), un certain  colonel Ludendorff, aux idées d’envergure, très en avance sur celles de  son milieu et de son temps, se commet à encourager entre 1910 et 1912 les  travaux et les réflexions d’un de ses subordonnés, le commandant Thomsen,  qui plaide pour l’emploi d’aéronefs aux armées.

Mais ce colonel  n’est qu’un parmi les 95 officiers du cadre du GEM. Le concours lancé par  l’Empereur en 1913, tardivement, permet alors d’orienter la recherche vers  la transformation du moteur à explosion tel que Daimler et Benz l’avaient  conçu en un moteur d’avion.

La France procède d’une tradition plus ancienne, allie quant à elle  développement technologique et concept stratégique ; ainsi, en  1793, Carnot ne crée-t-il pas le corps des aérostiers ? En 1892,  Clément Ader n’a-t-il pas pour mission du ministère de la Guerre de  construire en secret un avion de bombardement pouvant atteindre  l’Alsace-Lorraine ?

Cette industrie connut un développement rapide avec l’entrée en  guerre et l’utilisation de l’aviation autrement que pour la seule  reconnaissance.

Les armées se trouvèrent dépourvues et pour satisfaire aux missions  pratiquèrent une politique d’achats et de commandes. Elles achetèrent tous  les appareils et les moteurs disponibles et passèrent des commandes qui ne  purent toutefois pas être satisfaites, car les ouvriers spécialisés  étaient mobilisés et l’infrastructure industrielle était inadaptée à  l’effort demandé.

Le retard pris était considérable et eut des conséquences tragiques  sur le champ de bataille. L’aéronautique militaire dut être développée et  les avions durent être construits en catastrophe à la fois pour suivre  l’évolution technologique imprimée par l’ennemi (moteur en étoile, en  étoile rotatif, en double étoile, en ligne, turbocompresseur, solidaire de  l’hélice/puissance massique, « rendement de l’hélice » grâce à  son dessin aérodynamique), combler les pertes matérielles et satisfaire  les voeux des pilotes en fonction des nouvelles formes du combat  aérien.

Il est vrai que les deux pays entreprirent une course de vitesse et  essayèrent de s’imposer l’un à l’autre par le biais de la technique. La  guerre conditionna le progrès technologique au plan des moteurs, des  carlingues et de la production.

L’industrialisation

L’industrialisation de la production et sa rationalisation ont  permis, outre la fabrication d’appareils et de moteurs, de leur apporter  des améliorations techniques et de développer de nouveaux modèles. Une  course à l’évolution technologique s’engagea si bien que la recherche de  la performance technologique l’emporta sur la guerre et changea  complètement l’image de l’aviation.

De 1914 à 1918, l’industrie aéronautique fabriqua 47 000  appareils tous modèles confondus ; la production mensuelle  évolua de 50 à 60 appareils en 1914 à 2 000 en 1918. La casse était  énorme puisqu’en 1918 les forces aériennes allemandes disposaient  seulement de 5 000 avions. Elle développa 1 000 modèles qui  connurent des fortunes diverses, sous forme de monoplans, puis en majorité  de biplans pour revenir aux monoplans sur la fin du conflit.

Les chiffres de production de quatre grands constructeurs sont  connus pour cette période : Albatroswerke (8082), LVG (5640), Fokker (3330), Rumpler (3106).

Les Allemands mettent en ligne 8 types d’appareils en service dans  l’aviation et dans la marine, répondant à la classification  suivante : de A à E, G, I, N et R.

             - A : désarmé, biplace, monoplan (Eindecker/Taube),

             - B : désarmé, biplace, biplan (Doppeldecker),

             - C : armé, biplace, biplan,

             - D/Dr : armé, monoplace, bi/triplan (Doppel / Dreidecker),

             - E : armé, monoplace, monoplan, puis monoplan à ailes  hautes,

             - G : armé, trois places, biplan à 2 moteurs, « grand  avion » (GroBflugzeug),

             - I : avion blindé d’infanterie,

             - N : bombardier de nuit,

             - R : armé, plusieurs places, biplan à 3-6 moteurs,  « avion géant » (Riesenflugzeug).

La classification correspond aux missions imparties en fonction de  l’armement, de la puissance des moteurs et de l’autonomie de  carburant :

             - A : reconnaissance (Aufklärung),

             - B : observation (Beobachtung),

             - C : combat (défense aérienne, appui d’infanterie) /  observation (artillerie et infanterie) / reconnaissance rappro-chée  (moteur de 200-220 cv)/en profondeur (moteur de 260 cv)/autonomie (3  heures),

             - D/Dr : chasse (Jagdflugzeug),

             - E : monoplan, chasse,

             - G : bombardier de jour (450-520 cv, 450 kg de bombes, 7  heures),

             - R : bombardier (1 tonne de bombes sur 600  km).

Certains constructeurs se sont spécialisés dans la fabrication de  modèles, individuellement ou dans le cadre d’une coopération :  Albatroswerke-Halberstadt, Fokker, Luft-flugzeug Gesellschaft, Platz  fabriquent les D et Dr à partir de 1916 ; Albatros et  Junker-Fokker fabriquent le I à partir de 1917 ; Bosch et  Zeppelin conçoivent le R.

Les motoristes sont par contre plus nombreux que les constructeurs  et donnent leur nom à leurs moteurs qu’ils désignent en  abrégé : Adler (Ad), Argus (As), Becker (Br), Basse & Selve  (BUS), Benz (Bz), Conrad (C), Daimler (D), Deutz (Dz), Gaudenberger’sche  Maschinenfabrik Georg Goebel (Goe), Körting (Kg), Man-Augsburg (Mana),  Maybach (Mb), Opel (O), Royal Aircraft Factory (RAcF), Riedlinger (Rie),  Rapp (Rp), Siemens & Halske (SH), Stöwer (St), Oberursel (U,  UR).

La puissance des moteurs évolue de 80 cv à plus de 400 cv  conditionne les modèles, est classée dans 6 catégories : 80-100 cv,  100-150 cv, 150-200 cv, 200-300 cv, 300-400 cv, + 400 cv.

L’amélioration de la puissance du moteur se traduit par une  augmentation de la vitesse et de la capacité ascension-nelle.

Les appareils atteignent 180 km/h (D et Dr), avec des vitesses de  pointe de 100 km/h à 220 km/h. La vitesse ascensionnelle est en quelque  sorte vertigineuse ; alors qu’il met 12 minutes en 1914, poussé  par ses 80-100 cv, pour atteindre une altitude de 1 000 mètres,  l’avion, avec ses 200-260 CV, grimpe à cette hauteur en 3 minutes en 1918  (Siemens) ; il gagne 1 minute entre 1915 et 1916 pour atteindre  2 000 mètres à 180 km/h (9 au lieu de 10) ; alors qu’il  plafonne à 1 000 mètres en 1914, il atteint jusqu’à  7 000 mètres ; il  améliore encore ses performances entre 1916 et 1918, année où il grimpe à  6 000 mètres en 15/16 minutes à 190 km/h (biplan DIV de  Siemens-Schuckert).

Ces performances engendrent de nouvelles conditions de combat et de  nouveaux problèmes techniques. Le combat implique certes la perte de  l’appareil mais aussi du pilote ou de l’équipage qu’il importe de  sauver ; le parachute devient un attribut de tout personnel  navigant en 1918. L’augmentation de  l’altitude pousse à l’innovation puisque les masques à oxygène  apparaissent tandis que les combinaisons chauffantes par un moyen  électrique condamnent peaux de mouton et longs manteaux fourrés.

Ces performances ne sont toutefois pas dues à la seule puissance du  moteur mais aux nouveaux matériaux et aux techniques de montage. Le bois  disparaît au profit du métal puis du duralumin (Junker J4) ; la soudure,  le montage « dur » ou « souple » de parties de l’avion sont  autant d’améliorations qui réduisent ou augmentent l’envergure des  appareils et influent sur leur capacité d’emport.

L’envergure des chasseurs est réduite de 14 à 7 mètres, celle des  avions géants atteint 43 mètres.

La capacité d’emport se mesure en kilogrammes de bombes et en  armement. Le poids des bombes emportées passe de 3,5 kg en 1914, à 450 (G)  puis 1 000 en 1916 et enfin 4 000 (R). L’armement est  constitué d’une à trois mitrailleuses, une étant fixe ; il ne se  limite plus au seul pistolet que le pilote consent à emporter ou à la  carabine que l’observateur accepte.

Toutefois, ces performances peuvent influer sur le cours de la  guerre si la production industrielle suit et que l’effort entrepris peut  être soutenu. Si elle sait dépasser le mode de fabrication sous licence et  les balbutiements techniques, construire le moteur considéré comme le  meilleur du monde (BMW3),  l’Allemagne ne parvient pas à gagner la bataille de la standardisation, de  la production en masse.

Plusieurs facteurs contribuent à la défaite : la variété  des modèles, les personnels et la qualité des matières  premières.

L’Allemagne développe en moyenne un modèle nouveau tous les 6 mois  et l’assortit d’un moteur différent. Entre 1915 et 1916, le Oberursel de 160 cv équipe 40  chasseurs monoplaces E IV (M.15)  Fokker ; Fokker construit pour sa part 45 types d’appareils  différents.

Cette politique  incohérente de la part des industriels se double d’une gestion incohérente  des personnels de la part des militaires ; ils privilégient les  gros bataillons d’infanterie engagés dans la guerre de position et  ravissent aux usines leurs ouvriers, pratiquant ainsi la politique inverse  de la France. Au rythme de production qui ne peut donc pas être soutenu  par défaut de main-d’oeuvre s’ajoutent enfin le manque de matières  premières et leur qualité déficiente, ce qui engendre des répercussions  sur la production, le nombre de pièces fabriquées, la fiabilité des  moteurs et les approvisionnements en carburant.

La défaite qui s’ensuit, le ministère de l’Air l’attribue au retard  technologique du début et à une production insuffisante due uniquement au  manque de matières premières ; il exclut toute faute de la part  des constructeurs et du commandement qui, l’un comme l’autre, n’entrèrent  à aucun moment dans une certaine logique industrielle.

Au printemps de 1918 l’Allemagne décroche définitivement, perd  l’avance que lui avaient prodiguée le tir synchronisé et la puissance des  moteurs tandis que la supériorité alliée devient incontestable.

L’Armement

Aborder la question de l’armement revient à évoquer deux grandes  figures de l’aviation de la Première Guerre mondiale, Roland Garros et le  constructeur hollandais Anthony Fokker, à la personnalité contestée. L’un  indirectement, l’autre directement permirent pour un temps le redressement  allemand dans la bataille.

Le 18 avril 1915 est une date charnière. Ce jour-là, la grande  figure des ailes françaises, Roland Garros, qui effectuait une mission de  bombardement sur une voie de chemin de fer est abattu au nord de Courtrai  par de braves Territoriaux bavarois affectés à la défense des voies, le  fusil à la main.

Une balle atteint  le moteur, l’avion descend en vol plané, son pilote parvient à le poser,  l’incendier et s’échapper avant d’être finalement fait prisonnier.  Jusque-là rien de particulier, la routine, mais la particularité de la  mitrailleuse attire la curiosité des Allemands. Cette mitrailleuse est  placée sur le plan supérieur dans le champ de vision du  pilote ; elle est fixe et tire dans l’axe de l’avion, entre les  pales de l’hélice protégées en leur extrémité par un déviateur.

Cette  découverte fut, à en croire les Allemands, sensationnelle pour résoudre le  problème que leur posaient le pilotage de l’avion et la desserte  simultanée de la mitrailleuse mobile. Dans ce cas, le  pilote se sert de son avion comme d’un fusil, vise l’objectif en  maintenant l’avion dans l’axe de tir.

Le principe est le passage du tir à travers l’axe de l’hélice,  compte tenu que le moteur tourne à 1 200 tours/minute et que la pale  de l’hélice effectue 2 400 passages devant le canon (brevet de  Schneider du 15 juillet 1913). La synchronisation est donc impérative  entre la mitrailleuse et l’hélice ; mais, en cas de raté, un  déviateur en métal permet de rabattre la balle sur le côté et de protéger  ainsi la pale.

Ce principe est pourtant connu des Allemands puisque deux de leurs  constructeurs l’avaient déjà développé et déposé des brevets. En 1912,  August Euler a pensé à une hélice blindée et à la mitrailleuse fixe au  système de tir entraîné par l’axe du moteur ; mais la mitrailleuse était  installée à l’avant du moteur.

En 1913, Franz Schneider met au point la  synchronisation du moteur (un Gnome !) et de la mitrailleuse  actionnée au pied par le pilote. Les brevets  rejoignirent, à l’Office impérial des brevets, les multiples inventions  qui ne voient jamais le jour ; il est vrai que personne ne  croyait alors en l’aviation militaire. Il n’en demeure pas moins que Franz  Schneider est le premier inventeur de la synchronisation.

Toutefois, l’industriel Anthony Fokker est chargé d’évaluer la  mitrailleuse de Roland Garros et s’acquitte de cette tâche dans son usine  de Schwerin-Görries (Mecklembourg). Mais les balles  de la mitrailleuse alle-mande d’un alliage en chrome, nickel et métal  s’avèrent trop dures : suivant la consistance du déviateur,  elles ricochent et occasionnent des pertes humaines (blessures ou mort),  ou le transpercent et endommagent l’hélice.

L’expérimentation dévoile deux aspects liés à la qualité de la  munition par rapport à celle du déviateur et à l’évolution de la technique  pour obtenir une meilleure syn-chronisation, étant entendu que le  déviateur reste un adjuvant. Le système français du déviateur ne peut pas  être repris car il est conçu pour absorber la balle française plus tendre  pour être en cuivre. La solution réside dans la technique de la  synchronisation qui évolue entre 1916 et 1918 d’un système de cran-tage à  un système pneumatique.

Le système de crantage entre le moteur et la détente permet le  déclenchement du tir ; le système pneumatique (Schneider,  Fokker) joue sur la pression des gaz dans le moteur qui agit sur la  détente de l’arme en réglant ainsi sa cadence. Le système Fokker  s’impose pour sa fiabilité auprès des autres constructeurs et motoristes  et met en action jusqu’à 3 mitrailleuses fixes. Indépendamment du  système en lui-même, Anthony Fokker a pour collaborateurs Boelcke,  Immelmann, Kastner, Parschau et Josef Weiss, tous pilotes confirmés en  combat aérien.

Le concept d’emploi

L’avion en lui-même avait des performances limitées, si bien qu’on  ne lui accordait aucun crédit en tant qu’arme et en limitait l’emploi à un  rôle de reconnaissance.

L’avion n’était pas considéré comme une arme en elle-même et peu  s’interrogeaient sur l’éventualité d’un emploi militaire autonome. Il  pouvait intervenir dans le cadre de missions de reconnaissance ou  d’observation, de vision du champ de bataille, en complément des ballons  qui, eux, étaient intégrés dans un concept d’emploi.

On le disait bien trop rapide pour tout bien percevoir, atteindre  éventuellement une cible avec son arme et participer directement à la  bataille compte tenu de son altitude (800 mètres) qui le tient hors de la  portée du feu ennemi.

De ce fait, l’avion n’était pas armé puisqu’il ne lui importait ni  d’attaquer ni de se défendre.

Les missions se différencièrent pourtant et l’avion, qui  travaillait au profit du commandement ou d’une arme, gagna en autonomie  lorsque la guerre aérienne s’instaura à partir de 1915.

Auparavant,  l’avion servait à l’observation aérienne au profit du commandement, puis  au réglage des tirs au profit de l’artillerie ; il établissait  la liaison entre les premières lignes et le reste de  l’infanterie ; l’avion était utilisé pour des missions de  bombardement du champ de bataille, des infrastructures voisines, des  forteresses, des agglomérations et de leurs populations, voire même  d’attaque de trains de blessés ; enfin,  il fut utilisé pour protéger l’action de ses frères et éloigner  l’adversaire, ce qui donna naissance à la chasse.

Mais les potentiels disponibles étaient insuffisants tandis que la  supériorité de l’ennemi ne cessait de croître. Ainsi, au printemps de  1915, l’avion a disparu du ciel et ne représente plus les yeux du  commandement tandis que sur le terrain le fantassin paie les manques du  temps de paix : à Verdun, tous les Drachen basés sur la rive droite  ont été abattus alors que les Tauben, qui ne peuvent pas  dépasser l’altitude 800, succombent sous les coups de l’artillerie  antiaérienne.

Les missions ont évolué et l’avion a été, de fait, intégré au champ  de bataille, qui évolue lui aussi, pour être impliqué dans des combats  aériens. La guerre quant à elle s’est transformée d’une guerre de  mouvement en une guerre de position qui en fin de compte exige la  supériorité aérienne pour sortir d’une impasse tactique.

Aussi l’avion se  rapproche du terrain et perd de son altitude pour mieux voir et observer,  photographier ou rendre compte. Il est alors pris par le feu de  l’infanterie ou de l’artillerie, pris en chasse par l’aviation adverse qui  le provoque en un singulier duel.

L’avion ne saurait alors y faire bonne figure car les Français  disposent de deux excellents appareils, le Morane-Saulnier Parasol et le  Nieuport-Bébé.

La technique conditionne de ce fait l’emploi tactique et peut  modifier le cours de la bataille terrestre. Relever le défi en  s’aménageant des chances de succès implique la mise à disposition  d’appareils de qualité sur le plan technique, adaptés à la mission et  bénéficiant d’un équipement en conséquence. Les avantages ainsi obtenus  conditionnent la supériorité aérienne d’un belligérant dans le court et le  long terme ; cette supériorité désoriente l’adversaire qui ne  voit plus de près pour régler ses tirs d’artillerie et synchroniser  l’avance de son infanterie, de loin pour comprendre les mouvements de  troupes et les intentions adverses.

La supériorité se gagne en combat aérien, avec des appareils armés.  Pour les Allemands le tournant se situe avec la réalisation d’une prouesse  technique au printemps de 1915 : la mise en service de la  mitrailleuse qui tire à travers les pales de l’hélice, sa cadence de tir  dépendant de la vitesse du moteur.

En mai 1915 dans le secteur de Douai,  le constructeur Fokker, en présence du Kronprinz, fait une démonstration  de tir au sein du 62e Détachement d’aviation. Il a adapté sur  son Fokker A.1 une mitrailleuse  08/15 de 7,9 mm tirant 500 coups par minute. Cette invention  est reprise par l’ensemble des constructeurs allemands, Ago, Albatros, DFW, Roland Rumpler, etc.

Cette invention s’avère capitale sur deux points : elle  accorde ses lettres de noblesse à l’aviation qui se constitue en arme et  la rend indispensable sur le champ de bataille. Les Allemands en prennent  conscience lors de la bataille de la Somme en 1916, où le succès de toute  action terrestre dépend du soutien aérien, et a fortiori plus tard lors  des offensives de Picardie ou devant Saint-Mihiel.

Encore faut-il organiser cette aviation au niveau du commandement  et développer son emploi tactique.

L’Organisation des Forces Aériennes

Le 8 octobre 1916 est créé le poste de général commandant les  forces aériennes ; le titulaire en est le général de corps  d’armée von Hoepner assisté du lieutenant-colonel Thomsen, son chef  d’état-major, et du commandant Siegert. Leur mission est l’organisation de  l’aviation allemande à l’avant sur le plan tactique, à l’arrière pour la  production industrielle.

Les forces aériennes doivent comprendre les unités engagées sur le  front ou stationnées sur le territoire national, ayant une mission  d’attaque ou de défense aérienne, et être constituées en une arme  propre.

Ce projet se heurte à l’opposition de la Marine et des États  membres de l’Empire allemand. La Marine considère que la mer, même dans sa  composante aérienne, lui appartient et n’admet pas d’intrus sur son  territoire. Les États membres soulèvent un aspect  juridique ; cette aviation serait supranatio-nale, dépendrait du  Reich qui s’emparerait ainsi de  la souve-raineté de l’air des États et renforcerait son autorité sur eux  en dehors de toute convention.

Seule l’armée de Terre se départit finalement de ses  unités.

Les officiers aviateurs brevetés d’EM en service dans les  états-majors d’Armée deviennent « Commandants de  l’aviation ».

L’aviation se développe alors et décuple ses formations et ses  effectifs entre 1914 et 1918 ; elle passe de 33 Détachements à  306 unités tandis que son personnel navigant passe de 450 à 4 500  hommes (pilotes, observateurs et tireurs à la mitrailleuse).

Entre octobre 1916 et le printemps de 1917, elle doit mettre sur  pied :

             - 17 commandements de l’aviation au niveau de chaque  Armée,

             - 14 chefs de groupes au niveau des CA à titre de conseillers  techniques,

             - 98 détachements d’aviation de combat au profit de  l’artillerie et de l’infanterie,

             - 30 escadrilles de chasse supplémentaire à 14 aéronefs pour  le front de l’ouest,

             - 120 monoplans (Eindecker),

             - 30 escadrilles de protection (Schutzstaffeln),

             - 6 escadrilles spécifiques,

             - 3 escadres de combat dotées d’avions lourds.

Pour le commandant Thomsen, il fallait mobiliser toutes les forces  intellectuelles et techniques pour résoudre ce problème le plus rapidement  possible et dans les meilleures conditions.

L’emploi tactique

A Verdun, on assiste dans les deux camps à la naissance de la  chasse sur le plan organique et à celle d’une organisation nouvelle liée à  une tactique nouvelle. La bataille aérienne qui s’engage est une bataille  d’arrêt pour stopper l’avion ennemi qui arrive en masse si bien que le  combat jusque-là individuel devient celui d’un groupe, du groupe de  combat.

Les Allemands regroupent les monoplans en unités et les emploient  en unités constituées.

Les Français constituent des Groupes de Combat et font évoluer les  avions par groupe de 3 ou 4 pour contrecarrer la nouvelle structure  allemande et compenser le désavantage induit par l’emploi de la  mitrailleuse synchronisée. Le Groupe de Combat comprend plusieurs  escadrilles dotées de Nieuport ; les avions interviennent  ensemble par groupe de 3 ou 4 selon des modes du type « combat  tournoyant » pour prendre de l’altitude et fondre dans le dos de  l’ennemi.

Conclusion

L’Allemagne aborde le conflit avec un retard en nombre et en  qualité de ses avions. Elle le compense grâce à l’emploi de la  mitrailleuse synchronisée sur ses chasseurs. Mais la bataille aérienne de  Verdun, la première de l’histoire, est révélatrice de l’amorce de la  défaite conditionnée par la perte de la bataille  industrielle ; les Allemands portent l’effort sur le  développement mécanique lié à la puissance du moteur et non pas sur le  développement industriel.

L’Allemagne n’a pas disposé d’un chef  suffisamment éclairé, comme en France le général Estienne, pour, avec  constance, imposer des vues alors non partagées et faire entrer le pays  dans une logique industrielle.


retour

Fan d'avions © 16 Mai, 2001