|
LE CAVALIER AILE
francesco Baracca fut l'as de l'aviation italienne au cours de la Première Guerre mondiale. Chasseur solitaire, il disparutdans des circonstances restées mystérieuses Francesco Baracca le plus grand pilote de chasse italien de la première Guerre mondiale, naquit le 9 mai 1888 à Lugo di Romagna, près de Ravenne. Attiré par la les armes, il entra en 1907, contre l'avis de ses parents, à l'École militaire de Modène,
où il choisit la cavalerie.
Une fois son instruction achevée, il fut affecté au 2" régiment de cavalerie « Piemonte Reale ». En 1912, Baracca, alors intéressé par l'aviation (il assistait à tous les premiers essais en vol et lisait avidement tout ce qui traitait de l'aviation), se rendit en France, où les futurs pilotes italiens avaient la possibilité de suivre un stage d'entraînement. Il regagna l'Italie la même année en possession
de son brevet de pilote, et entra au battaglione Aviatori, où il poursuivit l'entraînement pendant deux ans.
Lors de l'entrée en guerre de l'Italie, le 24 mai 1915, Baracca, bien que formé pour les missions de chasse, effectua ses premières patrouilles sur un Nieuport d'Udine, dans le nord du pays. Au cours de l'été 1915, Francesco Baracca rencontra ses premiers adversaires, mais, soit parce que l'armement des premiers appareils était fort rudimentaire, parce que les biplans autrichiens étaient plus rapides, les combats
tournaient toujours à l'avantage de l'ennemi.
|
|
|
Nieuport 17 de Baracca. L'intrados des ailes représente les couleurs italiennes sur la totalité de l'envergure. Le cheval représente l'insigne de son précédent régiment.
|
Enfin, le 7 avril 1916, alors qu'il pilotait un chasseur Nieuport XI de la 70e Squadriglia, Baracca attaqua un Aviatik autrichien et le contraignit à atterrir. Selon la tradition « chevaleresque » de l'époque, il atterrit à son tour près de sa victime pour la saluer et lui serrer la main.
Il obtint sa deuxième victoire le 16 mai : quatorze avions autrichiens attaquaient à la bombe les positions italiennes, et Baracca figurait parmi les pilotes chargés de les intercepter. Les Italiens abattirent trois appareiLs, et la victime de Baracca s'écrasa près de Gorizia. L'action des chasseurs italiens ne se limitant pas à des duels aériens, Baracca et ses camarades étaient fréquemment engagés dans des opérations
de mitraillage à basse altitude des positions autrichiennes.
L'emblême du cheval " rampant"
Baracca remporta encore deux victoires le 23 août et le 16 septembre; le 25 novembre, il rencontra un biplace Albatros et le contraignit à atterrir près de Tol- mezzo. Cest à cette époque, en souvenir de son passage dans la cavalerie, que Baracca décora son "Nieuport d''un cheval « rampant » (terme emprunté à l'héraldique et signifiant cheval cabré).
Cet insigne fut le plus célèbre de toute l'aviation italienne; Figurant désormais parmi les as, Baracca inaugura la nouvelle année en abattant, le 1er janvier 1917, un Albatros biplace, et, au début du mois de mai, le nombre de ses victoires s'élevait à dix, toutes obtenues avec son petit Nieuport.
|
|
|
Faisant
honneur aux coutumes chevaleresques de mise
dans les 1ères années de la
guerre, Baracca est venu saluer sa victime
devant son Aviatik, contraint à l'atterrissage
dans une clairière
|
A cette époque, une partie de la 70 è Squadriglia fut détachée pour constituer le noyau d'une nouvelle unité, la 9lè Squadriglia équipée avec les récents SPAD VII français, et Baracca décora de son insigne l'un de ces nouveaux appareils.
L'as italien remporta encore d'autres succés (du mai au 3 juin, il abattit trois Albatros) avant d'être nommé commandant de la 91è Squadriglia laquelle fut basée à Istrana. A la fin du mois de septembre, Baracca pouvait se prévaloir de dix-neuf victoires confirmées. Le 21 octobre,il obtenait un double succés : engagé par cinq Albatros D-III monoplaces, non seulement il réussit à leur échapper
mais encore attaqua lui-même une formation de biplaces et en abattit deux.
Les combats aériens s'intensifient
Vers la fin de l'année 1917, la guerre aérienne s'intensifia au-dessus de l'Itaïie du Nord; en témoigne la rencontre du 25 octobre, au cours de laquelle la squadriglia de Baracca, engagée dans plusieurs combats tournoyants, abattit six appareils autrichiens et perdit elle-même deux pilotes. Le SPAD de Baracca fut gravement endommagé au cours de ce combat. Le lendemain matin, le pilote italien attaqua deux
Aviatik biplaces allemands :si le premier fut rapidement abattu, le second se défendit farouchement.
Il lâcha une rafale qui traversa le SPAD; Les projectiles atteignirent l'hélice, les plans, le réservoir d'essence (qui, par miracle, ne prit pas feu) et le moteur. Tandis que l'appareil allemand, touché à son tour s'écrasait prés du mont Matajur, l'avion de Baracca en panne, devait faire un atterrissage forcé aux environs de Cividale. Le désastre de Caporetto contraignit la squadriglia de Baracca à se replier
sur Pordenone, où elle fut rééquipée de SPAD, XIII, nettement supérieurs au modèle précédent. Ce changement d'appareils fut apprécié des pilotes italiens, qui devaient alors combattre les Albatros rouge vif de l'as autrichien Godwin Brumowski.
Baracca ne resta pas longtemps inactif, et le 6 novembre il abattit encore deux biplaces autrichiens, A la fin de l'année 1917, trente victoires confirmées figuraient a son palmarès. Il dut alors quitter le front pour Turin, afin de contribuer à la mise au point et aux essais du SVA, le nouveau chasseur réalisé par la firme Ansaldo. Au début de 1918, il rejoignit de nouveau sa squadriglia, et
en mars fit mouvement avec celle-ci sur Trévise. A cette époque il fut décoré de la plus haute distinction italienne, la Medaglia d'oro al valor militare, au cours d'une cérémonie spéciale à la Scala de Milan.
|
|
|
Un Spad
S-VII repeint aux couleurs de Francesco
Baracca, qui vola sur cet appareil à
la 91è Squadriglia jusqu'à
sa mort, le 19 juin 1918.
|
La bataille de la Piave
Le 3 mai 1918, Francesco Baracca obtint sa trente et unième victoire au cours d'un combat contre 6 chasseurs Albatros D-III. Le 22 mai, il se distingua encore avec le sergented'Urso, en abattant au -dessus de Borgo Malanotte, un des six appareils de reconnaissance autrichiens opérant au-dessus du front. Le 15 juin, volant avec le Sergente Aliperta, il attaqua un Albatros qui bombardait à vue les troupes italiennes
à Montello C'était le premier jour de la célèbre bataille de la Piave, et il était capital de s'assurer la maîtrise du ciel.
Quinze minutes après le premier engagement, Baracca rencontra un appareil biplace de reconnaissance escorté de vingt-quatre chasseurs et l'intercepta au-dessus de San Biagio. Cette patrouille était d'une importance considérable pour les Autrichiens; coûte .que coûte les Italiens devaient donc empêcher l'observateur ennemi de regagner ses lignes. Sans tenir compte de la massive escorte de chasseurs, Baracca
lança son> SPAD à travers la formation et abattit l'avion de reconnaissance à bout portant. Ce fut sa trente-quatrième et dernière victoire.
En effet alors que la bataille de la Piave faisait rage, la 91 è Squadriglia reçut l'ordre, le 19 juin, d'accomplir une mission de harcèlement à basse attitude au-dessus des lignes ennemies. Les SPAD de Baracca décollèrent peu après 18 h 30 et, volant le long du front, mitraillèrent les positions adverses. La réaction autrichienne fut extrêmement vive; dans le feu de l'action, les pilotes italiens perdirent le
contact avec leur commandant et regagnèrent leur base. Plus tard, les italiens apprirent qu'il avait été abattu par un chasseur autrichien inconnu, sans que personne ne sût exactement de quelle façon il était mort, d'aucuns prétendant qu'il s'était suicidé pour ne pas tomber aux mains de l'ennemi.
L'avion de Baracca fut retrouvé là où il s'était abattu, mais le corps de l'aviateur ne fut découvert qu'après la retraite autrichienne, au-delà de la Piave, au-dessus de laquelle l'as italien avait livré son dernier combat. Il avait reçu une balle en plein front.
|
