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Blitz sur l'Angleterre

BLITZ SUR L'ANGLETERRE

Septembre 1940 : voulant anéantir un peuple, Goering sauve l'Angleterre en ordonnant à la Luftwaffe la destruction de Londres

Une vision dramatique de la cathédrale Saint Paul, émergeant de la fumée des incendies après un raid de la Luftwaffe.

Au cours de la journée du samedi 24 août 1940, les bombardiers de la Luftwaffe effectuèrent plusieurs sorties contre les aérodromes du sud-est de l'Angleterre chargés d'assurer la défense de Londres. La fumée des réservoirs d'essence détruits s'élevait encore dans le ciel et la nuit commençait à tomber lorsque les avions allemands revinrent.

La capitale britannique était devenue l'objectif prioritaire des bombardiers de Goering.

Ils visaient, cette fois, des raffineries, des usines d'aviation et des ouvrages d'art situés à la périphérie de l'agglomération londonienne. Par erreur, sans doute, quelques projectiles touchèrent la capitale britannique.

Cet événement, loin de constituer un simple incident, marqua au contraire un tournant capital dans l'immense confrontation aérienne qui s'était engagée quelques semaines plus tôt. La bataille d'Angleterre allait désormais entrer dans la phase du Blitz.

Les Britanniques montèrent en effet immédiatement une opération de représailles contre Berlin. Ils confirmèrent ainsi les Allemands dans leur intention de frapper un grand coup contre le moral anglais en détruisant Londres.

Le 7 septembre, la Luftwaffe changea de tactique. La matinée fut relativement calme, mais, au cours de l'après-midi, l'Observer Corps repéra une intense activité aérienne au-dessus de la Manche. A 16 h 16, une énorme vague de bombardiers et de chasseurs s'approchait de la Grande-Bretagne.

La défense s'écroule

Le raid du 7 septembre était le premier d'une longue série qui devait se prolonger, presque sans discontinuer, jusqu'au 12 novembre 1940. Il n'y eut, en tout et pour tout, que dix nuits de répit. Continuellement, des formations de cent cinquante à trois cents bombardiers se relayaient pour annihiler les capacités de résistance des habitants de la grande cité anglaise.

Pour Londres, l'attaque du 7 septembre fut une véritable catastrophe. Les 384 bombardiers à croix gammée, qu'escortaient plusieurs centaines de chasseurs, débordèrent littéralement la défense britannique. Le Fighter Command ne réussit à détruire que huit appareils allemands.

De leur côté, les quatre-vingt-douze canons lourds qui assuraient la protection antiaérienne de la ville tiraient au hasard, et les deux appareils allemands qu'ils abattirent apparurent comme un bien piètre résultat. Les docks brûlaient sur plusieurs kilomètres, et la lueur des incendies guida les avions qui, au cours de la nuit, vinrent achever les destructions opérées quelques heures plus tôt.

Les victimes furent très nombreuses (des navires durent même servir d'ambulances flottantes). Les zones résidentielles avaient été particulièrement touchées, et l'on comptait près 'de 480 tués et 1 337 blessés.

Le lendemain, la Luftwaffe effectua deux autres offensives contre des terrains d'aviation et les faubourgs de la capitale. La nuit, elle bombarda de nouveau Londres. Beaucoup d'écoliers qui avaient été évacués au début de la guerre, puis avaient regagné la ville, durent être de nouveau renvoyés vers des lieux moins exposés.

La population peut compter sur la défense passive et de nombreuses organisations de secours et d'entraide, qui parviennent efficacement à limiter l'étendue des désastres.

Le haut commandement britannique s'employa à doubler le nombre des canons lourds de la défense, quarante-huit heures à peine après la première incursion aérienne allemande. Mais l'agglomération londonienne ne constituait pas l'unique objectif des flottes de bombardiers du Reichsmarschall Goering. La Luftwaffe pilonna aussi toutes les voies ferrées sillonnant la région dans le but évident d'asphyxier économiquement la capitale.  

le 30 septembre 1940, pas moins de 6 coupures de gaz furent dénombrées. De puissantes attaques furent aussi lancées contre des cités britanniques de premier plan, comme Birmingham, Coventry, Liverpool et Manchester. Mais ce n'était là qu'un avant-goût des raids dévastateurs de novembre 1940.

Enfin, si les assauts massifs contre les aérodromes avaient cessé (ils étaient désormais menés par des avions isolés ou des formations restreintes), les dégâts infligés au Fighter Command n'en étaient pas moins importants. Les bases de l'aviation de chasse furent agressées plus de deux cents fois d'octobre à la mi-novembre 1940, soit plus qu'aux moments les plus difficiles de la bataille d'Angleterre.

Les responsables de la Luftwaffe avaient dû admettre, de leur côté, la nécessité d'attaquer de nuit et non de jour, afin de réduire les pertes. Ils disposaient de forces considérables, constituées de quelque mille quatre cents Do-17, He-111 et Ju-88, répartis en trois flottes aériennes, les Luftflotten 2, 3 et 5, dont les états-majors siégeaient respectivement à Bruxelles, Paris et Stavanger.

De nombreux bombardiers avaient été prélevés sur la Luftflotte 5 pour renforcer les unités stationnées en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Même les formations basées en Allemagne furent mises à contribution.

Elles durent céder une centaine d'avions. Enfin, la production aéronautique garantissait une possibilité de complément de l'ordre de trois cents appareils par mois. Quant aux équipages, ils avaient pour la plupart participé à la bataille d'Angleterre au cours des semaines précédentes.

Des questions techniques s'ajoutaient à ces considérations matérielles. Lorsqu'ils décidèrent d'effectuer des bombardements nocturnes, les Allemands ne se doutaient guère des difficultés auxquelles ils allaient se trouver confrontés. Il leur fallait résoudre non seulement des problèmes de visée mais encore de navigation.

Dans ce but, leurs techniciens avaient mis au point un certain nombre de systèmes de guidage. Le plus commun était le Knickebein, appareil emporté par avion, qui était capable de capter les faisceaux radar émis par des stations terrestres. Le croisement de deux émissions matérialisait le point exact à bombarder.

Deux autres procédés existaient, mais ils étaient réservés à des unités très spécialisées. C'étaient les X-Gerât et Y-Gerât, qui rendirent de très grands services dans la nouvelle phase du Blitz annoncée par la directive de Goering en date du 12 novembre 1940.

La nouvelle directive de Goering

A la mi-novembre, les Allemands étaient en mesure d'établir le bilan de leurs expéditions de bombardement sur la Grande-Bretagne. Du 7 septembre au 13 novembre, ils avaient effectué 12 000 sorties en perdant, de nuit, 81 appareils (54 par la DCA, 8 par la chasse, 4 par les ballons et 13 pour des raisons diverses). Rien que pour la période couvrant les mois de septembre et d'octobre, les Britanniques déploraient la mort de 13 000 personnes, tandis que 20 000 autres étaient blessées.

Ci-contre : un officier de renseignements de la Luftwaffe dénombre et identifie les navires photographiés à Plymouth lors d'une reconnaissance aérienne.

Le 12 novembre, Goering fixa de nouvelles orientations à la Luftwaffe. Sa directive se résumait en dix points principaux :

1) Londres est l'objectif principal, qu'il convient d'attaquer de jour, avec des bombardiers escortés par la chasse, et de nuit, avec des bombardiers seuls;

2) les centres industriels de Coventry, Liverpool et Birmingham doivent être détruits par des forces réduites opérant de nuit;

3) le Fliegerkorps IX doit interdire à la navigation la Tamise, le canal de Bristol, l'estuaire de la Mersey et le canal de Manchester en les minant;

4) une unité du KG-26 est chargée d'anéantir l'usine de moteurs Rolls-Royce d'Hillingdon en utilisant le Y-Geràt;

5) nécessité de gêner la chasse ennemie par des mitraillages des terrains du Fighter Command;

6) attaque des convois britanniques dans la Manche et des rassemblements de navires dans l'estuaire de la Tamise par des bombardiers escortés;

7) destruction des appareils ennemis en combat aérien par des équipages spécialisés des Luftflotten 2 et 3;

8) attaques contre les bases de nuit de la chasse anglaise;

9) préparation de trois raids massifs contre Coventry, Birmingham et Wolverhampton, avec utilisation du X-Gerât;

10) mise au point de deux grandes attaques contre Londres avec des bombes explosives et incendiaires.

Après une nuit de bombardement, les Londoniens découvrent au grand jour leur cité atrocement dévastée.

Par une sorte d'humour noir, les Allemands avaient donné à l'opération sur Coventry le nom de « Sonate au clair de lune ». Elle fut calculée avec une extraordinaire précision. Guidés à cette occasion par les avions marqueurs d'objectifs du KG-100, qui employaient le X-Geràt, les bombardiers de Goering larguèrent 394 t de bombes explosives et 56 t de bombes incendiaires.

La concentration du bombardement sur un espace relativement réduit produisit un effet terriblement dévastateur. La cathédrale et ses environs furent complètement détruits. Les services de sécurité dénombrèrent près de deux cents coupures de gaz, et la présence de dix-huit mines parachutées non explosées obligea les autorités à faire évacuer plusieurs quartiers.

On comptait 380 tués, 800 blessés graves et des milliers de sans-abri. La production industrielle fut gravement perturbée. Dans les usines aéronautiques, elle baissa de 20 %. Les Allemands furent tellement satisfaits de ces résultats qu'ils introduisirent dans leur vocabulaire le terme « coventrysation » pour désigner cette forme d'attaque.

Dans la nuit du 17 au 18 novembre, Southampton fut bombardé à son tour et, le lendemain, 350 des 500 sorties effectuées sur la Grande-Bretagne étaient dirigées contre Birmingham. Dans cette ville, 133 personnes furent tuées et 544 autres blessées.

Des raids touchèrent aussi Bristol, Portsmouth, Manchester et Sheffield. Mais c'est Londres qui subit avec le plus de violence l'offensive de la Luftwaffe.

Le feu qui consuma une partie de la capitale britannique dans la nuit du 29 au 30 décembre 1940 rappelait d'étrange façon le gigantesque incendie de 1666. Paradoxalement, cette catastrophe fut le résultat d'un bombardement de routine exécuté par une force assez restreinte.

L'endroit visé était situé entre Charing Cross  Ci-dessous : au soir tombant,  un bombardier de nuit Dornier Do-217 survole les Pays-Bas en direction des iles Britanniques.Ce type d'appareil entra en service dans la Luftwaffe au printemps 1941. Le II/KG-40  (2e groupe de la 40e escadre de bombardement), basé à Soesterberg (Pays-Bas), fut la première unité à l'employer en opérations.

et Tottenham Court Road. Un vent violent, qui allait plus tard attiser les flammes, déporta les feux des marqueurs d'objectifs vers la cathédrale Saint Paul,légèrement plus à l'est. Les bombes incendiaires trouvèrent un excellent combustible dans un secteur où existaient de nombreux bureaux, des entrepôts de livres et d'alcool.

Par chance, les Allemands ne purent exploiter cette situation, car le mauvais temps empêcha tout nouveau décollage. Néanmoins, les pompiers durent combattre près de 1 500 foyers d'incendie, et seule l'intervention des artificiers, qui firent exploser de nombreux immeubles, mit fin au sinistre.  

Au cours de toute cette période, les Britanniques s'appliquèrent à constituer un système défensif capable de stopper, ou du moins de réduire, les incursions aériennes allemandes. Or, en septembre 1940, une telle organisation était pratiquement inexistante. Les barrages de ballons mis en place par la Royal Air Force obligeaient certes les avions ennemis à voler plus haut, mais se montraient malgré tout assez inefficaces.

Londres bombardée

En revanche, le Hurricane s'était beaucoup mieux adapté. De son côté, la défense antiaérienne avait obtenu un nombre de victoires largement supérieur à celui de la chasse. Il fallut attendre mars 1941 et le développement de l'interception de nuit pour voir cette proportion se renverser. Cependant, la portée en altitude des pièces antiaériennes restait limitée.

Des armes moins conventionnelles furent également mises au point, soit par des techniciens, soit dans les unités elles-mêmes. La plus intéressante fut l'invention connue sous le nom de projet « Mutton ». Il s'agissait d'un câble d'acier de plusieurs centaines de mètres de longueur largué d'avion par parachute et soutenant une bombe.

Les avions qui s'accrochaient à cet engin devaient normalement se désintégrer. Le Flight 420 (plus tard Squadron 93) l'employa, mais sans obtenir de résultats probants. Enfin, les Britanniques essayèrent la solution du brouillage des communications allemandes. Le Bomber Command mit lui-même la main à la pâte en pilonnant les installations radio et radar adverses.

Les doutes du haut commandement allemand

Au début de l'année 1941, le haut commandement allemand dans son ensemble émit des doutes sérieux quant aux chances de réussite de la Luftwaffe dans son entreprise contre la Grande-Bretagne. Keitel et Jodl, appuyés par l'amiral Raeder, soutinrent, lors d'une conférence qui eut lieu en présence de Hitler (février 1941), que les bombardiers de Goering n'avaient détruit ni la production industrielle britannique ni le moral de la nation anglaise.

Raeder fit remarquer qu'il lui semblait plus logique de frapper l'Angleterre là où elle lui paraissait la plus vulnérable : son étroite dépendance des importations et son manque de tonnage marchand. De concert avec la Kriegsmarine, la Luftwaffe devait donc lancer une série de grandes attaques contre les ports débouchant sur l'Atlantique.

Le 6 février 1941, Hitler donna son accord à une telle action. Merseyside, Teesside, Swansea, Southampton, Bristol et Avonmouth devinrent les objectifs privilégiés des bombardiers allemands entre le 19 février et le 12 mai 1941. A la mi-mars, Glasgow fut victime de plusieurs raids massifs.

A Merseyside, seize navires furent coulés ou endommagés et soixante-neuf mouillages sur cent quarante-quatre rendus inutilisables. Cardiff subit aussi son lot de souffrances avec 332 morts en une seule nuit. Le Blitz atteignait alors son apogée. Mais le succès allemand se traduisait par de très lourdes pertes, et la chasse de nuit anglaise réussissait à abattre un nombre sans cesse croissant d'appareils.

En avril et en mai, la Luftwaffe dut commencer à transférer vers l'est de l'Europe certaines de ses unités du front occidental. Les projets d'agression de Hitler contre l'Union soviétique se précisaient.

Les attaques redoublaient d'intensité. Le 16 avril, 876 t de bombes écrasèrent Londres suivies de 1 000 t trois jours plus tard. Mais la nuit du 10 mai fut certainement la plus dure que la grande métropole ait connue. En quelques heures, les bombardiers allemands effectuèrent plus de cinq cents sorties. La plupart des équipages revinrent deux fois sur leur objectif et certains trois fois.

Trente-quatre usines furent touchées, et les foyers d'incendie étaient si nombreux qu'ils nécessitèrent non seulement l'intervention de toute la brigade de sapeurs-pompiers de Londres mais aussi celle de l'armée. La ville fut littéralement paralysée par les décombres de toutes sortes. Deux viaducs et quelques gares furent détruits.

Lorsque l'Allemagne inaugura ses premiers raids de nuit. En bas : un site de la défense antiaérienne en action lors d'un raid de nuit. L'Anti-Aircraft Command était une formation de l'armée placée sous le contrôle du Fighter Command.

La Luftwaffe, quant à elle, perdit vingt-trois avions. Elle venait de mener sa dernière grande offensive sur la capitale anglaise. A la fin de mai, la Luftflotte 2 et une grande partie de la Luftflotte 3 quittèrent la France et les Pays-Bas.

Bilan d'une bataille

Du 8 août au 31 décembre 1940, l'aviation allemande avait déversé 43 000 t de bombes explosives et 1600 t d'engins incendiaires sur les villes anglaises. Le tonnage lancé de janvier à mai 1941 correspondait approximativement à un tiers de ces chiffres. Sur le plan purement économique, le Blitz avait été profitable à l'Allemagne.

L'industrie aéronautique anglaise fut en effet sérieusement perturbée, et le niveau de production des mois d'août et de septembre 1940 ne fut atteint de nouveau qu'en février 1941. Les secteurs de l'acier, de l'énergie, des communications, du ravitaillement en denrées alimentaires et en pétrole souffrirent également des raids aériens. Près de 40 000 civils périrent, et 46 000 autres furent blessés.

Un Heinkel He-111 du KG-26 après un atterrissage forcé sur une plage de la mer du Nord. Son moteur droit endommagé, l'appareil s'est posé train rentré, puis a été remorqué sur le sable sec. On notera le détail du poste de pilotage avec son panneau coulissant et son petit pare-brise, qui permettait au pilote d'avoir une meilleure visibilité au sol en modifiant la hauteur de son siège réglable.

Sur le plan stratégique, la bataille fut cependant défavorable au Ill'' Reich. Six cents bombardiers avaient été abattus par la défense britannique (1,5 des sorties) et les dommages causés à l'appareil économique de la Grande-Bretagne furent assez vite réparés.

Contrairement aux prévisions de Hitler et de Goering, le moral des Anglais ne s'écroula pas. Bien au contraire, les raids de terreur de la Luftwaffe contribuèrent à renforcer la cohésion nationale. En fait, reniant le principe de la concentration des forces sur un objectif déterminé, l'Allemagne avait poursuivi trop de buts en même temps.

Certes, des avions allemands revinrent attaquer Londres et d'autres cités anglaises, au cours d'actions de représailles, en 1942 et en 1944. Mais jamais la Luftwaffe ne fut capable de rééditer les grands raids qu'elle avait lancés au moment du Blitz.


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Fan d'avions © 16 Mai, 2001