- Introduction

 

- Histoire de l'Aviation

- Belles Photos Avions

- Les plus beaux avions

- Les profils

 

- Avions 14-18

- Attaques

- Chasseurs

- Ballons

- Bombardiers

- Hélicos

- Maritime

- Autres

- Planeurs

- Reco.Transp.Entrain.

- Spéciaux

 

- Avions 39-45

- Attaques

- Chasseurs

- Bombardiers

- Hélicos

- Maritime

- Autres

- Planeurs

- Reco.Transp.Entrain.

- Spéciaux

 

- Les Hommes

- As 14-18

- As 39-45

- Les Avionneurs

- Les Exploits

- Les Figures

 

- Divers

- Cocardes

- Décorations

- Emblèmes

- Grades

 

- Guerres mondiales

- Guerre 14-18

- Guerre 39-45

 

- Bataille d'Angleterre

- Une période décisive

- Les Avions

 

 

 

Figures

Figures de l'Aviation

France

 


 

 

Adrienne Bolland

 

 

Nom : Adrienne Bolland

 

Né le : 25 novembre 1895

 

A : Arcueil-Cachan

 

Mort le : 24 mars 1975

 

A : Paris

Adrienne Bolland


 

ACROBATE ET TEMERAIRE

En 1921, Adrienne Bolland franchit la cordillère des Andes sur un vieux biplan de 80 ch

A l'automne 1919, dans un restaurant de Montparnasse, une jeune femme qui vient de perdre une forte somme d'argent s'adresse à des amis : « Cette fois, c'est bien fini. Je n'irai plus aux courses... Je vais faire de l'aviation! »

Un voisin de table, amusé par cette promesse, s'approche : « Vous voulez apprendre à voler? Ça ne peut pas mieux tomber. J'ai des amis bien placés qui permettront aux dix premiers aviateurs s'engageant chez Caudron de faire leur apprentissage aux meilleures conditions. Nous sommes dimanche; téléphonez-moi votre décision mercredi. »

C'est ainsi qu'Adrienne Bolland, née le 25 novembre 1895 à Arcueil-Cachan, devient élève pilote à l'école Caudron, au Crotoy, le 16 novembre 1919. Une semaine plus tard, elle effectue son premier vol, en passagère. Elle a peur, les virages la rendent malade, mais elle montre déjà un sens de l'air certain. Et quand on lui demande, à l'atterrissage, comment cela s'est passé, elle répond : « Très bien!... Et pourquoi cela ne se serait-il pas très bien passé? »

tout sourire, aux commandes de son appareil, Adrienne Bolland, ambassadrice de charme des ailes françaises sur le continent américain. Virtuose de la voltige aérienne, elle allie à ses qualités de pilote une témérité qui la conduira, le 1e, avril 1921, à survoler la cordillère des Andes sur un vieux biplan d'avant la guerre.

Le 29 janvier 1920 — deux mois après ce premier vol —, l'élève extrêmement douée, au caractère affirmé, obtient son brevet de pilote. René Caudron, qui l'a remarquée, l'embauche immédiatement. Pendant des mois, elle fait des convoyages, mais rêve d'avoir un avion à elle. Son patron, consulté, lui dit : « Le jour où vous faites un looping, l'avion vous appartient. » Rien ne semble impossible à la volontaire Adrienne et, quelques jours après, ce n'est pas une fois, mais deux fois qu'elle « boucle la boucle ». Le Caudron G.3 F-ABEW est à elle!

Toute la semaine, elle poursuit son métier et, le dimanche, elle participe à des meetings. Cette activité ne la satisfait pas. C'est alors qu'elle expose son grand projet à Caudron : traverser la cordillère des Andes! Celui-ci, sans l'encourager, ne s'y oppose pas. « Il n'était pas mécontent que je parte, dira l'aviatrice, avec mon fichu caractère, je mettais la pagaille partout! »

En attendant, elle se rend en Angleterre présenter un avion Caudron; bien entendu, la traversée de la Manche est au programme. Mais, ayant de bons amis à Bruxelles, elle va les retrouver et la soirée se termine fort tard.

Lorsque, le lendemain matin, elle se fait monter son petit déjeuner dans sa chambre, elle aperçoit un gros titre sur le journal : « Une aviatrice perdue dans la Manche. » Et Adrienne se dit : « Tiens, une fille a voulu traverser en même temps que moi... » Elle arrive au terrain où tout le monde l'attend. « On te cherche partout!... » Toute la nuit, alors qu'elle dormait, la Marine avait fouillé la Manche!...

N'ayant plus un sou vaillant pour rentrer à Paris, il ne lui reste plus qu'à « taper » René Caudron; après avoir refusé, celui-ci cède enfin devant la menace : « Si vous ne m'envoyez pas d'argent, je vends votre rafiot. »

quelques années plus tard, de retour en France, la voici photographiée devant son Caudron C-127 aux côtés du commandant de Lavaux

Elle rentre au Crotoy, s'attendant pour le moins à un sermon. Mais l'escapade de Bruxelles lui a fait une telle publicité que tout se passe bien, et, huit jours plus tard, le 25 août 1920, elle traverse la Manche, déjà franchie, en sens inverse, par l'Américaine Harriett Quimby, en 1912. Une série de démonstrations suivent ce vol, finalement bénéfique pour le constructeur.

Enfin, le 4 décembre, Adrienne Bolland et le mécanicien Duperrier partent en bateau pour l'Amérique du Sud : dans la cale, son Caudron G.3 à moteur Gnome de 80 ch. Avec cet avion, qui plafonne à 4 300 m, il n'est pas question de vaincre les Andes. Il faut se contenter de démonstrations et de meetings en attendant l'arrivée d'un appareil plus puissant. Mais celui-ci se fait attendre. La presse — qui a annoncé le vol et le public s'impatientent. L'utilisation du G.3 à moteur de 80 ch est finalement décidée.

Le 31 mars, une inconnue vient lui rendre visite dans sa chambre d'hôtel et lui dit : « Écoutez mes conseils... En partant, survolez la vallée qui mène au col de Las Cuevas; vous arriverez en vue d'un lac qui a la forme et la couleur d'une huître. Là, virez à gauche vers la montagne. Si vous prenez à droite, vous êtes perdue. Si vous suivez mon conseil, vous trouverez une brèche et vous passerez. »

Seule sur la Cordillère

Et, le ter avril, c'est l'exploit! L'aviatrice part seule de Mendoza, caparaçonnée de journaux pour se protéger du froid. Son appareil plafonne à 4 300 m et les cimes proches sont à 4 200 m, ce qui ne lui laisse guère de marge en cas de remous.

Malgré ces précautions, elle souffre de la très basse température, mais elle persiste et obéit aux conseils de l'inconnue. Les lèvres fendues par le froid, elle se pose sur l'aérodrome de Santiago après 4 heures 17 minutes de vol. Pour la première fois, une femme, seule à bord d'un petit appareil, a franchi la Cordillère.

Le consul de France, prévenu de son arrivée, ne se déplace pas; il croit à un « poisson d'avril »! Il est vrai qu'on lui avait déjà « fait le coup » quelques jours plus tôt.

Après quelques semaines passées en Amérique du Sud, où fêtes, remises de décorations, réceptions se succèdent, Adrienne, fatiguée de cette vie mondaine, vend l'avion et rentre en France.

Elle y reste environ un mois puis repart avec Duperrier et un nouveau G.3 pour l'Amérique du Sud. Elle souhaite user de son renom pour rehausser le prestige de la France dans ces pays.

Beaucoup de projets sont en vue : participer à des meetings, donner des baptêmes de l'air et réaliser la première liaison aérienne Rio de Janeiro-Buenos Aires par hydravion, ce qui implique que l'on équipe l'avion de flotteurs.

Le travail est exécuté de main de maître par son mécanicien. Il faut maintenant apprendre à piloter l'appareil; or Adrienne Bolland n'a encore jamais vu décoller ni amerrir un hydravion. Une fois de plus, sa volonté triomphe, et le départ est décidé.

Plusieurs étapes sont nécessaires, le moteur est difficile à mettre en route. Duperrier fait remarquer à l'aviatrice qu'elle ne peut partir seule. Il lui faut donc se priver de bagages et emmener son mécanicien. Ils décollent, non sans difficulté, un matin de février 1922. L'appareil est lourd et prend difficilement de l'altitude.

Adrienne Bolland en tenue de vol.

A 170 km de Rio environ, l'hélice se brise et il faut toute la science du pilote et de son mécanicien pour se tirer sans mal de l'aventure. L'appareil est le jouet d'une forte houle qui le pousse vers la côte et menace de le démanteler. Péniblement, l'équipage le hisse vers le rivage, où l'hydravion arrive en assez mauvais état! Des Indiens Pescadores offrent l'hospitalité aux aviateurs et les mettent sur le chemin de Santos, d'où, avec l'aide d'une caravane d'indigènes, ils vont rapporter des pièces de rechange. La réparation a lieu dans de très mauvaises conditions.

Après dix-huit jours de jeûne, très affaiblis, ils décident de repartir. 11 reste peu d'essence dans le réservoir, et ils n'ont aucune chance d'atteindre Santos. Le décollage est pénible, et bien vite le carburant est épuisé. C'est alors qu'Adrienne aperçoit un site propice : un bras de mer abrité du vent, qui sépare l'île de São Sebastiào du continent. L'amerrissage est réussi, ils sont sauvés!

Le lendemain, un Brésilien conduit Adrienne au poste militaire pour demander qu'on envoie un bateau les chercher. En raison du danger qu'offrent les roches sous-marines, un seul équipage se propose, moyennant une somme de 10 000 francs. Le bateau est celui qui transporte les forçats à l'île de Los Porcos.

A l'arrivée à Rio, l'état physique des deux aviateurs est tel qu'ils doivent être hospitalisés et qu'un moment on envisage même d'amputer Adrienne d'une jambe.

Duperrier reconstruit l'appareil, ce qui permet à Adrienne de faire des exhibitions et de donner de nombreux baptêmes de l'air pendant l'Exposition internationale de Rio de Janeiro. Mais un soir, alors qu'elle va amerrir, une pirogue surgit brusquement devant elle. Voulant l'éviter, elle percute une digue. L'appareil est complètement détruit. Caudron ne donne plus d'argent; l'ambassade les ignore; il faut rentrer.

l'avion de ses premiers exploits, le Caudron G.3, un biplan de bois et de toile qui plafonne à 4 300 m et dont la vitesse n'excède pas 110 km/h

Des meetings et des coupes

Au début de 1923, nos deux héros sont rapatriés par le Valdivia, de la Compagnie Sud-Atlantique. A bord, l'aviatrice, épuisée par le climat et par les privations, contracte la coqueluche, qui met sa vie en danger.

Dès que sa santé le permet, elle reprend son activité. En mars 1923, elle obtient le brevet de pilote de transport public n° 751. C'est la première fois qu'une femme obtient cette qualification.

Le 24 juin, en compagnie d'une passagère, Mme Faure-Favier, elle remporte la coupe des Dames au Week-End aérien du Touquet.

Sa collaboration avec la société Caudron prend fin. Aux côtés d'Ernest Vinchon, elle se consacre à la Société de propagande aéronautique, donne des baptêmes de l'air et se fait remarquer par ses évolutions audacieuses. Elle dispose maintenant d'un Caudron C-127.

Le 22 mars 1924, elle reçoit la croix de chevalier de la Légion d'honneur en récompense des actions menées pour le renom de l'aviation française. Voulant toujours faire plus, elle décide de s'attaquer au record du monde de loopings, détenu par Alfred Fronval avec I Ill boucles. Pour faire de la bonne publicité au meeting de Vincennes, les organisateurs lui demandent de réaliser cet exploit la veille de la manifestation.

C'est ainsi que le 7 juin 1924, à Orly, elle se met en piste avec son C-127. Tout va bien lorsque, après 73 minutes de vol, la rupture d'une bougie l'oblige à interrompre sa tentative. Elle a cependant exécuté 212 loopings et battu le record mondial féminin. Le lendemain, Adrienne se fait remarquer au meeting de Vincennes.

Jusqu'en 1936, vols de démonstration et baptêmes de l'air se succèdent. Sans aide, sans subvention, avec Vinchon — qu'elle épouse en 1930 — et Saladin, elle se fait remarquer à travers toute la France.

Cette activité se passe sans accidents graves, sauf en avril 1930, au Bourget. Alors qu'Adrienne Bolland va se poser après avoir donné un baptême de l'air à une passagère, elle s'aperçoit que les ailerons ne répondent plus. Le câble de commande a été scié! L'avion est couché, en virage, en direction des hangars.

A grands coups d'accélérateur, elle réussit à les éviter et tente de reprendre de la hauteur, mais l'avion se met en vrille... Elle coupe le contact et percute le toit d'une baraque en planches après avoir arraché les fils électriques. Pilote et passagère s'en tirent sans autre mal qu'un pouce foulé et une paire de bas filés.

De 1936 à 1939, la maladie tient Adrienne éloignée des meetings. Elle vole cependant, mais en touriste. Après l'armistice de juin 1940, elle entre, ainsi que son mari, au réseau « Centurie ». Dès mars 1942, « Toto » (Vinchon) et Adrienne sont à Donnery, près d'Orléans, d'où ils dirigent d'efficaces opérations de résistance.

Autour d'eux, un noyau d'hommes et de femmes courageux et dévoués leur donne de nombreux renseignements, qu'ils transmettent aux Alliés. Mais une telle activité ne passe pas inaperçue. Le 8 août 1943, « Toto » est arrêté et sa femme lui succède à la tête de l'équipe. En janvier 1944, l'étau nazi se resserre. Adrienne Bolland et quelques amis projettent de gagner l'Angleterre.

Pour cela, un petit avion utilisé par l'officier allemand qui surveille les maquis de Sologne semble pouvoir convenir. Des camarades convient les Allemands à un festin de cochonnaille copieusement arrosé. Pendant ce temps, Adrienne examine l'appareil. Le projet doit être abandonné en raison de la trop courte autonomie de l'avion.

La Libération permet au colonel Vinchon de rentrer chez lui. Le 31 décembre 1947, la rosette d'officier de la Légion d'honneur est attribuée à son épouse. En mars et avril 1971, Adrienne Bolland part, à bord d'un Boeing 707, assister aux cérémonies qui, dans toute l'Amérique du Sud, commémorent l'exploit du 1er avril 1921, et, à bord d'un Aero-Commander des forces armées argentines, refait le chemin parcouru cinquante ans plus tôt.

Elle meurt le 24 mars 1975. Peu de temps avant, elle déclarait à une amie : « Me reposer? Ne pas faire ceci ou cela? Jamais de la vie. Le jour où on pourra me manipuler, je serai morte. La mort ne m'effraie pas! »


Figures

Fan d'avions © 16 Mai, 2001