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as 14-18

As 14-18

 


 

 

Leon Bourjade

 

 

 

Nom : Léon Jean Pierre Bourjade

 

Grade : Lieutenant

 

Unitées : N152, Spa152

 

Victoires : 28

 

Né le : 25 Mai 1889

 

A : Montauban

 

Mort le : 22 Octobre 1924

 

A : Ile deYui en Nouvelle Guinée

Léon Bourjade (28 victoires), séminariste, chasseur de ballons, devint missionnaire après la guerre.


 

Bourjade novice, Bourjade officier-pilote, père Bourjadele Papou. Ainsi se résume la courte vie de Léon Bourjade, promu au quatrième rang des as français survivants la Première Guerre mondiale et père de Notre-Dame du Sacré Cœur, missionnaire en Nouvelle-Guinée. 

Lorsque Maurice Bourjade vint déclarer le 25 mai 1889, la naissance de son sixième enfant (il en aura neuf), prénommé Léon, à la mairie de Montauban, le préposé à l’état-civil ne peut s’empêcher de clamer : « Eh bé !

Vous avez bien travaillé pour la France. » Les racines des Bourjade  se croisent avec celles des Capétiens, des d’Albret et des Grimaldi. Comme toutes les grandes familles, les aînés embrassent le métier des armes tandis les cadets sont destinés à la soutane. Le petit Léon cumulera les deux, le temps d’une guerre.

Dès qu’il est en âge de lire, l’enfant se nourrit des écrits de Pascal et plus tard de L’histoire d’une âme de la Sœur Thérèse de Lisieux. À l’école, le jeune Bourjade se révèle être un élève médiocre, mais très sage et excellent acrobate.

Il abhorre les études au point de jeter quelques vers de sa composition dans un petit carnet qui lui sert de journal intime : « Ô bachot que je hais, Je me moque du monde, Je n’agirai jamais que d’après mon devoir… »

Un matin, il annonce à ses parents très pieux qu’il veut être missionnaire. Il a trouvé sa vocation. Il choisit la congrégation des missionnaires du Sacré cœur d’Issoudun, fondée en 1854, chargée de convertir au catholicisme les cannibales et chasseurs de têtes de Papouasie.

Inculquer les dix commandements dont un précise : « Tu ne tueras pas » relève du défi. Léon Bourjade entame son noviciat à Canet de Mar près de Barcelone, puis à Fribourg en Suisse, car la loi française interdit aux congrégations religieuses d’exercer sur le territoire métropolitain.

Mais elle impose aussi à tous ses citoyens d’effectuer leur service militaire. Voici donc Léon affecté au 23e régiment d’artillerie de campagne à Toulouse. Très vite, le novice montre d’excellentes aptitudes à la pratique de l’équitation. Il célèbre son premier sacrement : le baptême de son cheval qu’il prénomme Angélus. Le brigadier Bourjade revient ensuite à Fribourg pour reprendre ses études.

Il a 25 ans lorsque la Première Guerre mondiale éclate. Mobilisé, il réintègre le 23e RA à Toulouse. Au fond de sa tranchée, le brigadier Bourjade lit et relit L’Histoire d’une âme, médite sur une petite phrase qu’il a cochée pour mieux s’en imprégner : « Je me sens la vocation de guerrier ».

Il reçoit sa première citation le 15 octobre 1914, le jour où l’on fête la Sainte- Thérèse. Grâcieuse coïncidence que Léon prend pour un signe divin. Il se sent pousser des ailes et le voici meneur d’hommes. « Si vous me suivez, vous n’aurez absolument rien à craindre ! lance-t-il à ses camarades alors que les obus pleuvent sur le régiment. Subjugués par la confiance du frère-soldat, ils le suivent dans un même élan et le miracle se produit. Tous sont indemnes.

Il consigne désormais dans un petit calepin noir couronné d’une croix, des lettres de dévotion adressées à Sœur Thérèse de Lisieux dans lesquelles il proclame sa foi et implore son secours pour puiser l’énergie nécessaire aux combats.
Fin 1916, il est nommé sous-lieutenant et commande une batterie de crapouillots. L’artillerie allemande a failli, à plusieurs reprises, le cueillir à la sortie d’une tranchée.

Il réfléchit sur l’utilité de sa mission puis écrit à son frère Victor :  « Je perds mon temps dans ce métier qui consiste à tuer mon frère d’en face pour ne pas être tué par lui… Alors qu’en Océanie, une fois missionnaire, savoir piloter un avion me serait bien précieux […] » Alors, il lorgne du côté de l’aviation et fait sa demande. Sa qualité d’artilleur en fait un observateur tout désigné.

Mais il insiste : il veut pi-lo-ter. Une fois encore, il a pris soin de se mettre sous la protection de la Sainte de Lisieux. « À la manière dont ma demande a été acceptée, j’y vois un peu la trace de votre intervention, puisque sur ma demande quelqu’un avait mis que je serais seulement accepté comme observateur et qu’il n’en a rien été… »

Le 15 mars 1917, « l’artilleur de la Bienheureuse » se présente au camp d’Avord et s’entraîne sur G-3. Le 17 juin, il obtient son macaron de pilote. Passé au groupe des divisions d’entraînement de Pau, il obtient la qualification « chasse » et le 13 septembre, il est affecté à la N 152 des « crocodiles » stationnée dans les Vosges. À l’époque des tranchées, il a assisté aux combats aériens et constaté les ravages causés par les Drachen allemands.

Ces derniers vont devenir sa cible prioritaire. « Deux ans de séjour aux tranchées comme crapouilloteur m’avaient laissé des Drachen un souvenir si désagréable, que je jour où je vis s’effondrer en flammes, ma première victime, c’était mieux qu’une victoire, une revanche. »

Il faut beaucoup de courage pour abattre une « saucisse ». Par sa taille, elle semble être une cible facile, mais c’est sans compter sur l’artillerie allemande, prompte à manœuvrer le ballon à la moindre alerte et à mitrailler sans relâche le prédateur.
Le sous-lieutenant Bourjade remporte sa première victoire sur un chasseur allemand. Celle-ci ne sera pas homologuée comme tant d’autres.

Son Nieuport arbore des signes distinctifs. Sur le fuselage, le crocodile très officiel de la 152 et le fanion du Sacré-Cœur, qui l’est beaucoup moins ; à l’intérieur de la carlingue, le portrait de Thérèse de Lisieux. Le 20 février, le premier Drachen s’effondre sous son tir. La liste va bientôt s’étoffer. En avril, il remporte une autre victoire, en juin deux, dont une sur un monoplace.

Sa Croix de guerre arbore déjà six palmes et le voici chevalier de la Légion d’honneur. Les 5 et 8 juillet, il « grille » deux Drachen. Sept jours plus tard, il réussit un triplé en moins de cinq minutes. Les citations saluent son mérite : « A incendié en huit jours six Drachen ennemis. »

Entre temps, la 152 a touché des Spad XIII en mai. Le lendemain, Bourjade étrenne le sien en attaquant un biplace et trois monoplaces allemands, hélas, sans succès.
Le 21 juillet, il parvient à détruire un ballon à moins de 300 mètres d’altitude au prix d’une balle. « Trois mois de repos », décrète le médecin. Après d’âpres discussions, le blessé parvient à négocier un mois. Très vite, il repart au combat. Au cours du mois de septembre, il attaque huit monoplaces, trois biplaces, un triplan et un ballon. En octobre, cinq ballons. Jusqu’au 11 novembre, il ne croisera plus de Drachen sur son chemin mais des Hannover et des D VII. Le jour de l’armistice, il trouvera à dire : « Alors !

Cette folie d’attaquer un ballon défendu par 20 mitrailleuses, je n’aurai plus à la faire. »
Vient l’heure des comptes : 86 combats, 28 victoires dont 26 ballons, 14 palmes, 14 citations auxquelles s’ajoute la médaille d’or de l’aéroclub de France pour faits de guerre.

Léon Bourjade s’empresse de faire un détour par Lisieux pour « restituer à Sainte-Thérèse les décorations gagnées par elle ». Démobilisé, il repart aussitôt poursuivre ses études de théologie à Fribourg.

Il profite d’une période de réserve faite à Châteauroux en septembre 1920 pour offrir des baptêmes de l’air clandestins… à son évêque, vicaire apostolique en Papouasie.

Le père Léon Bourjade

Cette « légère » entorse au règlement a un but bien précis : persuader l’homme d’Église que seul, l’avion est qualifié pour relier les tribus éloignées en Nouvelle Guinée. Le 14 mai 1921, Léon Bourjade est fait officier de la Légion d’honneur. Une quinzième citation accompagne la rosette, déposée aussitôt à la chapelle d’Issoudun en ex-voto. Le 26 juillet, il est ordonné prêtre.


Quatre mois plus tard, il accoste à Yule Island, une petite île du golfe des Papous. Très vite, les indigènes le surnomment pata Léo.  Sur place, les messes alternent aux heures de classe. Quand il ne fait pas classe, le père Bourjade effectue à dos de cheval de longues tournées épuisantes.

Dans la brousse détrempée de pluies tropicales ou brûlante d’un soleil impitoyable, dans les criques infestées de crocodiles, dans les marais gorgés de moustiques et de pestes, pata Léo s’épuise et multiplie les crises de paludisme. La quinine qu’il absorbe quotidiennement ne parvient plus à endiguer le mal qu’il a contracté depuis trois ans.

Et, le 22 octobre 1924, Bourjade « le Papou » livre son dernier combat pour rejoindre celle qu’il a toujours vénérée : Sœur Thérèse de Lisieux. Tel fut le frère, tel fut le Français, tel fut le prêtre.

 


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Fan d'avions © 16 Mai, 2001