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Campagne de Norvège

LA «ROUTE DU FER»

La campagne de Norvège mit en lumière les capacités tactiques de la Luftwaffe et l'impossibilité pour les Alliés d'assurer la couverture aérienne de leurs opérations terrestres

Pour sortir de l'impasse de la drôle de guerre, le haut commandement allié envisage, à la faveur du conflit russo-finlandais, d'occuper le nord de la Norvège, de couper la «route du fer» qui, par Narvik, alimente la sidérurgie allemande en minerai suédois pendant l'hiver, et de porter ainsi un coup fatal à l'économie du Reich.

Mais la lenteur des préparatifs alliés entraîne une réplique fulgurante de la Wehrmacht, qui, dans le cadre de l'opération « Weser », entreprend, le 9 avril, d'occuper le Danemark et les principaux ports de la Norvège.

L'opération « Weser »

L'Allemagne engage dans cette opération six divisions, la quasi-totalité des forces de la Kriegsmarine et le Fliegerkorps X, soit trois cents bombardiers moyens Dornier 17, Heinkel 111 et Junkers 88, quarante bombardiers en piqué Junkers 87, une centaine de chasseurs et quelques hydravions de reconnaissance côtière.

Des chasseurs alpins français examinent un Blackburn H Skua » abandonné dans la région de Narvik en avril 1940. L'armée de l'Air n'engagea aucune force constituée en Norvège, où l'appui aérien allié, assuré exclusivement par les Britanniques, se heurta à la supériorité en matériel et en hommes de la Luftwaffe .

Pour la première fois dans l'histoire militaire, la Luftwaffe met en oeuvre une flotte de cinq cents avions de transport (Junkers Ju-52 et quelques Junkers Ju-90). Enfin, l'opération « Weser » est précédée de reconnaissances aériennes sur les grandes bases navales britanniques.

Le 9 avril, à l'aube, la Wehrmacht attaque le Danemark par terre et par mer. Au même moment, des parachutistes s'emparent des aérodromes d'Aalborg, ouvrant la voie aux troupes aéroportées, et le terrain de Vaerlose, sur lequel se trouvent la plupart des chasseurs danois, est attaqué à basse altitude par des Messerschmitt Bf-110. En définitive, le Danemark est mis hors de combat et occupé en moins de vingtquatre heures.

Simultanément, la Norvège est littéralement prise à l'abordage par mer et par air. Des débarquements interviennent depuis le fjord d'Oslo jusqu'à Narvik, les Bf-110 attaquent les terrains d'Oslo-Fornebu et de Stavanger-Sola. La résistance norvégienne, si elle n'est pas négligeable (c'est ainsi que, dans le fjord d'Oslo, les batteries côtières parviennent à couler le croiseur lourd Blücher), ne peut être que sporadique, compte tenu de la faiblesse des forces armées norvégiennes.

Dans le domaine aérien, les dix-neuf Curtiss H-75 « Hawk » livrés par les Américains se trouvent encore en caisses. A Fornebu, sept Gloster « Gladiator » réussissent à abattre quatre appareils allemands et à en endommager plusieurs autres, mais, au terme de la première journée, le terrain est occupé et un seul des appareils se trouve encore en état de vol. Quant aux vieux Fokker C.V de reconnaissance, ils n'ont pas d'autre ressource que de se replier dans le nord du pays, avec quelques avions de liaison.

Avions contre navires

S'appuyant sur les reconnaissances de la RAF, la Home Fleet tente alors d'intercepter les convois maritimes allemands. Mais elle se heurte aux appareils de la Luftwaffe, opérant à partir des terrains occupés en Norvège, et, pour la première fois depuis le début de la guerre, les bâtiments britanniques font l'expérience d'attaques de bombardiers en piqué.

Le destroyer Gurkha est coulé, deux croiseurs sont touchés et le navire de ligne Rodney encaisse, sans trop de dommages, une bombe de 500 kg sur la plage avant. Cette intervention brutale oblige la Home Fleet à s'éloigner des côtes de Norvège.

La RAF multiplie alors les reconnaissances et essaye à son tour d'intervenir contre les navires allemands. Le 9 avril au soir, des bombardiers Handley Page « Hampden » et Vickers « Wellington » lancent sans grand succès une attaque sur Bergen. Le lendemain, quinze Blackburn « Skua » de la Fleet Air Arm, basés à Hatston (Orcades) et opérant à l'extrême limite de leur rayon d'action, renouvellent l'opération.

Ils enregistrent trois coups au but sur le croiseur léger Kônigsberg, qui coule par l'arrière. Il s'agit là du premier navire de guerre important que l'aviation ait envoyé par le fond au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Mais les Allemands raffermissent leur mainmise sur le centre de la Norvège. Si l'aérodrome de TrondheimVaernes résiste le 9 avril, il est occupé le lendemain à la faveur d'une opération aéroportée. Quant au terrain de Kristiansund, capturé à la suite d'un débarquement, il est transformé en base de chasse pour les Messerschmitt Bf-109.

Devant l'ampleur de la menace aérienne allemande et compte tenu de l'éloignement des terrains britanniques, la seule réplique possible consiste à faire intervenir les porte-avions de la Royal Navy. Toutefois, seul le Furious est immédiatement disponible; encore a-t-il fallu interrompre un grand carénage, et le bâtiment prend la mer sans sa flottille de Skua.

Quant aux deux autres porte-avions destinés à la Norvège, l'Ark Royal et le Glorious, ils doivent être rappelés de Méditerranée et recompléter leurs flottilles en Angleterre. En attendant, l'intervention du Furious n'aboutit qu'à des résultats décevants. Le 11 avril, à Trondheim, une attaque de ses avions torpilleurs contre des destroyers allemands se solde par un échec. Même fiasco les jours suivants lors de deux attaques lancées contre Narvik.

En définitive, trois jours à peine après le déclenchement de l'opération « Weser », les Britanniques doivent avouer leur impuissance à entraver les mouvements maritimes allemands et à contester la supériorité de la Luftwaffe. La situation est d'autant plus grave que les Alliés se préparent à envoyer un corps expéditionnaire dans le centre de la Norvège.

Le Bomber Command et le Coastal Command multiplient donc les raids sur les bases tenues par les Allemands. Des Lockheed « Hudson » attaquent ainsi Bergen, tandis que des Armstrong Whitworth « Whitley » tentent de détruire l'aérodrome et la base d'hydravions de Stavanger.

C'est dans ces conditions difficiles que les Alliés débarquent du 15 au 18 avril près de Narvik et plus au sud, de part et d'autre de Trondheim, à Namsos et à Andalnes. La réaction de la Luftwaffe est immédiate et très violente. Namsos, attaqué à plusieurs reprises, est entièrement détruit. Plus au sud, le croiseur Suffolk est pris à partie par des Heinkel 111 et des Ju-87 Stuka, alors qu'il bombarde l'aérodrome de Sola; gravement endommagé, il réussit à regagner Scapa Flow, coulant bas.

les épaves calcinées des Gladiator du Squadron 263 de la RAF après le raid de la Luftwaffe sur le lac gelé de Jesjaskog

Sur des lacs gelés

Le maintien des troupes alliées exige donc un appui aérien. Aussi, le 22 avril, des membres du personnel technique de la RAF débarquent-ils à Andalnes pour préparer l'arrivée de premiers groupes de chasse, qui doivent opérer à partir du lac Vangsmjôsa, pris par la glace, où se sont regroupés les débris de l'aviation norvégienne. Mais, devant la progression des troupes allemandes, la RAF décide d'utiliser le lac de Jesjaskog, après avoir déblayé l'épaisse couche de neige qui en recouvre la glace.

Les chasseurs, des Gloster « Gladiator » du Squadron 263 de la RAF - sont amenés à pied d'oeuvre par les porte-avions Glorious et Ark Royal. Guidés par un Skua, les appareils décollent le 24 avril, à 290 km des côtes de Norvège, et atterrissent sans difficulté sur le lac, où ils sont immédiatement dispersés.

Mais les mécomptes ne tardent pas à s'accumuler. Dès la première nuit, on constate le givrage des carburateurs et le blocage des roues des trains d'atterrissage sous l'effet du gel. A l'aube, les chasseurs sont repérés par des patrouilles de la Luftwaffe et immédiatement attaqués par des Heinkel 111 et des Junkers 88. Vers midi, alors que des équipes au sol s'acharnent à mettre les avions en état de vol, une dizaine de Gladiator sont déjà détruits.

Dans l'après-midi, quelques appareils réussissent à décoller et une trentaine de sorties sont effectuées. Toutefois, les bombardements répétés brisent la glace et rendent l'utilisation du lac pratiquement impossible. Le même jour, au large de Narvik, le Furious est attaqué par la Luftwaffe; un coup rapproché endommage ses turbines et l'oblige à regagner Scapa Flow.

un Gladiator rescapé de l'attaque et camouflé, aux côtés d'un Skua, près d'Andalnes

Le 26 avril, les cinq derniers Gladiator du Squadron 263 se replient sur un plateau près d'Andalnes, où ils subissent à nouveau de violentes attaques aériennes. Par ailleurs, ces appareils d'une conception dépassée, au plafond insuffisant et dépourvus d'équipements à oxygène, se révèlent incapables d'intercepter les appareils allemands volant à haute altitude. Le 26 avril, il ne reste plus qu'un seul chasseur en état de vol, et les pilotes sont évacués par mer.

Devant la supériorité croissante de la Luftwaffe, le commandement allié décide de rembarquer ses troupes et de ne se maintenir que dans le secteur de Narvik. Pour faciliter le repli, la RAF multiplie les bombardements.

Mais les mauvaises conditions atmosphériques, les réactions de la Luftwaffe et de la Flak rendent ces raids extrêmement coûteux, d'autant que les avions britanniques opèrent à l'extrême limite de leur rayon d'action. A lui seul, le Bomber Command perd vingtsept appareils. L'aviation allemande se manifeste encore au moment de l'évacuation, coulant un destroyer britannique et le contre-torpilleur français Bison.

La campagne de Norvège se limite alors aux opérations dans le secteur de Narvik, où le problème aérien reste toujours crucial. Au début du mois de mai, à Bodô, la RAF tente d'utiliser deux grands hydravions Short « Empire » des Imperial Airways, ce, dans le cadre du Squadron 119. Mais, repérés par la Luftwaffe, les deux appareils sont détruits en quarante-huit heures. Simultanément, la RAF recherche des sites propices à l'établissement de terrains.

Trois sont retenus : Bardufoss, au nord, Bodô au sud et Skaanland, et, tandis qu'on les aménage, le porte-avions Ark Royal et le croiseur antiaérien Curlew tentent d'assurer la protection aérienne. Mais la réaction allemande est une fois de plus très violente : le Curlew est coulé et le navire de ligne Resolution gravement endommagé.

une unité de parachutistes allemands en action au-dessus de Narvik; d'audacieuses opérations aéroportées permirent à la Wehrmacht de s'emparer rapidement des grands aéroports et des principales villes de Norvège

Renforcement de la chasse

Le 21 mai, enfin, des Gladiator du Squadron 263, reconstitué en Angleterre, arrivent dans le secteur de Narvik à bord du Glorious (en raison du mauvais temps, deux d'entre eux s'écrasent dans la montagne, près de Bardufoss), bientôt suivis par les avions de reconnaissance du 1 1 th Group et des Hawker « Hurricane » du Squadron 46 que le Glorious achemine cinq jours plus tard jusqu'à Skaanland.

Mais, le sol étant spongieux, trois appareils sur onze s'écrasent à l'atterrissage; les huit survivants sont dirigés sur Bardufoss. Enfin, des appareils amphibies (Supermarine « Walrus » du Squadron 701 de la Fleet Air Arm) effectuent des vols de reconnaissance à partir de Harstad. Dans ce secteur, les Alliés disposent enfin d'une nette supériorité et s'apprêtent à lancer une manoeuvre en tenaille contre Narvik.

La Luftwaffe, dont le gros des effectifs a été engagé dans la campagne de France, ne dispose plus que de ressources limitées, et ce sont des hydravions Heinkel 115 qui tentent de ravitailler la garnison de Narvik, isolée.

Grâce à l'appui aérien assuré par les Gladiator et les Hurricane, les Alliés s'emparent enfin de Narvik, le 28 mai 1940, pour trouver le port encombré d'épaves et l'usine de traitement de minerai de fer sabotée. Mais, du fait de la tournure désastreuse que prend la campagne de France, le haut commandement décide de procéder à l'évacuation. Ainsi, les forces aériennes britanniques, déjà sollicitées à l'extrême, sont-elles contraintes de couvrir le repli tout en donnant le change à l'aviation allemande.

La Luftwaffe, qui dispose encore d'une centaine de bombardiers opérant à partir de Trondheim, entreprend de miner les passes de Narvik et lance des raids dévastateurs contre la ville et le terrain de Bodô, détruisant les derniers Gladiator, endommageant les pièces de DCA légère et rendant les pistes inutilisables. Elle attaque ensuite Bardufoss, en liaison avec un projet d'opération aéroportée visant à s'emparer de l'aérodrome et à reprendre Narvik.

grâce à son rayon d'action et à sa puissance de feu, le Bf-110, qui équipait les IIZG-1 et 26, assura à la Luftwaffe la maîtrise du ciel et le contrôle des opérations terrestres

La fin du « Glorious »

Cette opération va être rendue inutile par l'évacuation alliée, qui concerne 25 000 hommes. Facilité par un plafond bas, le repli s'effectue, cependant, sous la protection des avions de l'Ark Royal, revenu dans les eaux norvégiennes, et de la RAF, qui, depuis ses bases anglaises, continue de lancer des attaques contre les terrains occupés par les Allemands.

Les raids ont pour but de masquer l'évacuation et de laisser croire au commandement allemand que l'action offensive se poursuit. Simultanément, les Gladiator et les Hurricane tentent de s'opposer à l'activité des hydravions Dornier 26 et Heinkel 115, ainsi qu'aux Ju-87 Stuka, les seuls appareils de bombardement en piqué restant en Norvège.

Les patrouilles aériennes sont maintenues jusqu'au dernier jour (7 juin); les canons antiaériens ne sont sabotés qu'au dernier moment. C'est seulement après minuit que les dix derniers Gladiator décollent à destination du porte-avions Glorious, guidés par un Swordfish. Ils sont suivis par les dix derniers Hurricane, dont les pilotes n'ont jamais effectué d'appontage et auxquels on a offert la possibilité de saborder leurs appareils. En fait, tous réussissent à se poser sans incident sur le Glorious.

Et pourtant, l'évacuation se termine par un désastre. Protégé par deux destroyers, le Glorious est intercepté, le 8 juin, par les croiseurs de bataille Scharnhorst et Gneisenau. Touché dés le début au niveau du pont d'envol, le porte-avions est rapidement envoyé par le fond, de même que l'un des destroyers (le second réussit à endommager le Scharnhorst). La disparition du Glorious se solde par la perte des vingt chasseurs de la RAF et, surtout, de 1 475 marins et de 41 aviateurs (on ne devait compter que 45 survivants).

Malgré cette catastrophe, la campagne aérienne se poursuit encore quelques jours. Le 11 juin, douze bombardiers Hudson tentent de couler, à Trondheim, le Scharnhorst endommagé et le Gneisenau, atteint lui aussi par la torpille d'un sous-marin. L'attaque se solde par un échec. Elle est reprise deux jours plus tard par les quinze Skua de l'Ark Royal, sans plus de succès (huit appareils sont perdus dans l'opération).

Transférés en Norvège depuis la base allemande de Nordholz, les Heinkel He-111 du KGr-100 furent en grande partie responsables des lourdes pertes enregistrées par la Royal Navy

Le bilan de la campagne de Norvège

Commencée le 9 avril, la campagne de Norvège se solde, à la mi juin 1940, par une indiscutable défaite alliée. Certes, les pertes allemandes, notamment sur le plan naval, ne sont pas négligeables (trois croiseurs, dix destroyers et huit sous-marins), mais les avantages stratégiques sont énormes. Le Reich a rompu le blocus britannique en mer du Nord et dispose d'un « balcon sur l'Atlantique». La Luftwaffe est désormais en mesure d'atteindre le centre et le nord de la GrandeBretagne.

La campagne de Norvège est, enfin, extrêmement intéressante sur le plan aérien. Elle met en évidence la valeur des opérations aéroportées pour l'occupation d'aérodromes et le rôle joué par l'aviation de transport dans l'acheminement rapide de renforts. Elle fait aussi ressortir que des flottes de guerre ne peuvent plus opérer à proximité de côtes dominées par l'aviation adverse, à moins de disposer d'une solide couverture aérienne.

A cet égard, la campagne a démontré l'efficacité des bombardiers en piqué contre les navires, efficacité liée à l'insuffisance de la défense antiaérienne et à la faiblesse de l'aviation embarquée britannique, dotée d'appareils vétustes. La campagne prouve encore que les opérations terrestres ne peuvent réussir sans appui aérien. Les conclusions tirées de la campagne de Norvège devaient se trouver largement confirmées tout au long du conflit.


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   Fan d'avions © 16 Mai, 2001