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Giulio Douhet

 

 

Nom : Giulio Douhet

 

Né le : 30 mai 1869

 

A : Caserte

 

Mort le : 15 février 1930

 

A : Rome

     le général Giulio Douhet. En 1916, le simple fait d'avoir critiqué l'état-major à propos de l'emploi de l'aviation lui valut d'être condamné à un an de détention militaire



LE PROPHÈTE DE L'APOCALYPSE

L'Italien Giulio Douhet, défenseur inconditionnel du bombardement stratégique, révolutionna les théories de la guerre aérienne.

Au début de l'année 1930, Giulio Douhet s'éteignait à Rome. Encore pratiquement inconnu en France, ce général italien laissait dans son pays un souvenir ineffaçable, immortalisé par ses écrits sur la guerre de l'air. Depuis dix ans, en effet, après une carrière militaire mouvementée, le général Douhet s'était consacré définitivement à la littérature, avec la ferme intention d'imposer à ses contemporains, par l'intermédiaire de ses oeuvres, ses théories sur la suprématie de l'arme aérienne.

un bombardier lourd Caproni 3. Ce type d'appareil venait concrétiser le concept de l'arme stratégique défendu par Douhet et Caproni.

Issu d'une vieille famille piémontaise, Giulio Douhet naquit à Caserte (Italie du Sud) en 1869. Dès la fin de ses études, il embrassa le métier des armes, suivant successivement les cours de l'École de guerre et de l'École polytechnique de Turin, dont il sortit lieutenant d'artillerie. De sa formation passée, Douhet garda toujours un goût prononcé pour les mathématiques et la technique, une passion pour la recherche expérimentale. Nommé au bataillon aéronautique, il se distingua dès 1909 en rédigeant un premier mémoire sur l'avion, dans lequel il exposait les prémisses de sa théorie future sur la maîtrise de l'air.

Au début de 1915, lorsque l'Italie s'engagea dans la guerre aux côtés des puissances de l'Entente, Giulio Douhet avait atteint le grade de lieutenant-colonel et dirigeait l'état-major de la division de Milan. C'est à cette époque que naquit véritablement sa vocation de défenseur de l'arme aérienne. Ses fréquents déplacements sur le front furent l'occasion pour lui d'accumuler réflexions et critiques sur le déroulement des opérations; ses notes, publiées en 1922 sous le titre de Diario Critico di Guerra (Journal critique de guerre) devaient faire grand bruit dans les milieux militaires italiens.

C'est aussi à la Grande Guerre que remontent les premières difficultés du lieutenant-colonel Douhet avec ses supérieurs hiérarchiques. Le 3 juillet 1915, il faisait en effet transmettre au chef d'état-major de l'armée italienne un premier mémoire concernant les capacités offensives de l'arme aérienne.

Un nouveau rapport critique, rédigé un an plus tard, valut au colonel Douhet d'être mis aux arrêts; traduit en décembre 1916 devant un tribunal militaire, il fut condamné à un an de prison, année qu'il consacra à rédiger son premier roman de « stratégie-fiction », Corne fini la Grande Guerra (Comment finit la Grande Guerre). L'ouvrage ne devait paraître qu'après l'Armistice. Entre-temps, le colonel Douhet avait été libéré, mis en congé le jour même où commençait la retraite de Caporetto, puis rappelé au début de 1918 et placé à la tête de la Direction centrale de l'aviation.

La paix revenue, Douhet rompit définitivement ses attaches avec les milieux militaires. Devant lui s'ouvrait une brillante carrière d'écrivain et de polémiste au service de l'arme aérienne, carrière qui ne devait s'achever qu'à sa mort, en 1930.

Peu rancunière, l'armée italienne continua cependant, après son retour à la vie civile, à le combler d'honneurs et à lui accorder son soutien. Réhabilité en novembre 1920, Giulio Douhet était nommé général l'année suivante et publiait, sous les auspices du ministère de la Guerre, Il Dominio dell'Aria (La Maîtrise de l'air). Cet ouvrage, magistral exposé de la doctrine douhétienne, fut de nouveau publié en 1927 avec la bénédiction du régime fasciste.

Nommé par le Duce au poste de commissaire à l'aviation, Douhet devait en exercer très brièvement les fonctions; à partir de décembre 1927 en effet, La Rivista Aeronautica, organe officiel du ministère de l'Air italien, lui ouvrit ses colonnes. Bénéficiant ainsi de l'appui inconditionnel du régime, Giulio Douhet continua jusqu'à sa mort à défendre sa doctrine dans les pages de cette revue. En mars 1930 paraissait dans La Rivista la dernière étude du général Douhet, La Guerra de 19... (La Guerre de 19...).

La maîtrise de l'air, clé de la doctrine de guerre douhétienne

En quoi consistait donc la théorie ainsi mise au point par le général Douhet au fil de nombreux ouvrages et articles de revue?

On l'a déjà dit, l'idée d'une véritable guerre de l'air, indépendante des conflits maritimes et terrestres, fut exposée par Douhet dès avant 1914. Mais c'est la Grande Guerre qui donna véritablement corps à sa doctrine. De l'observation de ce conflit interminable et sanglant allaient naître, en effet, deux notions fondamentales. Tout d'abord, le concept de guerre totale : car la guerre moderne, en mobilisant l'ensemble des ressources de la nation, faisait de chacun un combattant; ensuite, celui de guerre d'usure : parce que l'équilibre des forces et des moyens techniques ne pouvait être rompu qu'à longue échéance, par l'épuisement total, moral et matériel, de l'un ou l'autre des belligérants.

De ce fait, l'aviation, seule arme capable de franchir les fronts pour aller frapper au coeur même de la nation adverse, pouvait devenir le facteur essentiel, et pour tout dire unique, des victoires de l'avenir. Dans l'état de la technique à l'époque, l'aviation, agissant en masse par le bombardement de centres vitaux (usines, voies de communication, moyens de transport), était seule à même d'obtenir, rapidement et efficacement, l'effondrement de l'adversaire.

Dans l'esprit de Douhet, ces bombardements massifs, exercés sur les zones de concentration urbaine, auraient en outre l'avantage, non négligeable, d'accélérer l'issue de la guerre; en effet, assurait-il, « les populations, poussées uniquement par l'instinct de conservation, demanderont à n'importe quel prix la cessation de la lutte, peut-être même avant la mobilisation de l'armée ».

Nagoya (Japon) après le passage des 8-29 en mai 1945. Les raids de terreur n'eurent pas les effets prédits par Douhet trente ans plus tôt.

L'idée du bombardement stratégique ainsi définie, il s'agissait de pouvoir l'appliquer dans tous les cas, et, en particulier, face à une aviation ennemie disposant de moyens techniques comparables.

C'est à ce niveau de la réflexion qu'apparaît le concept clé de la théorie douhétienne : pour qu'une aviation fût capable de mener à bien ses actions de destruction, il lui fallait au préalable acquérir le contrôle absolu de l'espace aérien, en interdisant à l'ennemi toute riposte, c'est-à-dire en l'empêchant de voler. Elle devait donc avoir, dès le début des opérations, la maîtrise de l'air.

De cette idée maîtresse découlaient immédiatement trois autres. D'abord, que toute aviation auxiliaire, au service des autres armes, devenait non seulement inutile, mais encore superflue, et même nuisible; ensuite, qu'une force aérienne, pour être apte à conquérir la maîtrise de l'air, devait être nécessairement, dans sa constitution et dans son emploi, indépendante des armes de terre et de mer; enfin, qu'une telle armée aérienne, dans la mesure où elle serait capable non seulement d'obtenir la maîtrise de l'air, mais encore de l'exercer sans discontinuité jusqu'à la rupture des résistances morales et matérielles de l'adversaire, pouvait remporter la victoire finale sans l'intervention des autres armes.

La doctrine une fois énoncée, restait à concevoir les matériels aptes à la mettre en oeuvre. L'armée aérienne de Giulio Douhet devait comporter à la fois des escadrilles de bombardement, ayant pour mission l'attaque des objectifs de surface, et des escadrilles de combat, dont le rôle était de permettre cette attaque, même en présence d'une aviation ennemie.

Ces deux sortes de missions, dans la mesure où elles exigeaient des appareils dotés de caractéristiques à peu près identiques de vitesse, de plafond, de rayon d'action et de charge utile, devaient donc pouvoir être remplies par un seul et même type d'avion, le croiseur aérien. Cet appareil qui, dans l'esprit de Douhet, devait être « tel que l'on puisse substituer facilement à la protection et à l'armement soit des bombes, soit du carburant », pouvait aussi, après modification de son équipement, être affecté à des emplois civils. L'idée du croiseur aérien contenait donc en germe celle de la standardisation de la force aéronautique, condition de base de la production en grande série.

Après la doctrine et le matériel, le déroulement lui-même de la guerre aérienne. Sur ce plan aussi, les conceptions de Douhet bousculaient bien des idées reçues. Remettant à l'honneur le vieil adage selon lequel le meilleur moyen de se défendre est d'attaquer, il préconisait la mise sur pied d'une armée aérienne capable de mener des actions offensives puissantes, la constitution en quelque sorte d'une force de dissuasion avant la lettre.

Le douhétisme à l'épreuve des faits

Appliquée au cours de la campagne d'Éthiopie, la doctrine douhétienne fut loin de se montrer concluante. Malgré la maîtrise absolue de l'air acquise dès le début des combats par l'aviation italienne, celle-ci n'obtint pas, c'est le moins qu'on puisse dire, des résultats foudroyants. De même, pendant la guerre d'Espagne, le concept du croiseur aérien, lent et lourdement armé, ne tarda pas à voler en éclats.

Durant la Seconde Guerre mondiale aussi, les bombardements systématiques des villes anglaises ou allemandes par l'aviation, s'ils causèrent des dégâts considérables, ne parvinrent cependant ni à détruire le moral des populations civiles, ni à briser irrémédiablement le potentiel économique des deux nations. Plus près de nous encore, le général vietnamien Vô Nguyen Giap n'affirmait-il pas, dès 1970, que la « thèse militaire fondamentale de l'impérialisme américain, à savoir que l'aviation décide de la victoire, a fait faillite face à la volonté de fer de notre armée et de notre peuple »?

C'est qu'en effet non seulement l'emploi massif de toutes les possibilités d'attaque  premier fondement de la doctrine douhétienne  n'avait pu être réalisé (et ce, en raison de facteurs politiques, nationaux et internationaux), mais encore l'échec quasi inéluctable de la défense au sol,  second fondement de sa théorie s'était révélé une idée totalement fausse. Douhet avait écrit : « On n'encaverne pas les villes. » Ce fut pourtant tout le contraire qui se produisit.

 


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Fan d'avions © 16 Mai, 2001