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Guerre 14-18

 

 


 

Escadrille des Cigognes

 

LES PREMIERES CIGOGNES

Fer de lance de la chasse française pendant la Première Guerre mondiale, l'escadrille des Cigognes fut la première unité au palmarès des victoires.

quelques as de la N.3 en janvier 1917. A cette date, l'unité avait livré 800 combats aériens et abattu plus de 95 avions et 3 Drachen. Guynemer comptait à l'époque trente victoires, Heurteaux dix-neuf, Dorme dix-sept, Deullin dix, Chainat huit et de La Tour sept (document M.-C. Jacquet).

LIEUTENANT GUYNEMER

Brocard chef d'escadrille

LIEUTENANT Heurteaux

Au mois de juillet 1912, l'état-major général de l'Armée décidait la création des cinq premières escadrilles de l'aéronautique militaire française. Le lieutenant Bellenger, doyen des aviateurs militaires français, fut chargé de constituer, au camp d'Avord, l'une de ces formations : l'escadrille n° 3.

Avec six appareils Blériot et six pilotes trois officiers et trois sous-officiers, cette unité connut de modestes débuts. La tâche du lieutenant Bellenger fut d'autant plus délicate que les mécaniciens, venus de Saint-Cyr, de Pau et de Bron, n'appréciaient guère l'isolement du camp militaire et se plaignaient de l'absence de toute distraction.

Un entraînement épuisant permit cependant à l'escadrille d'être prête pour les grandes manoeuvres de 1912, qui eurent lieu dans le Poitou. La BI.3 (à l'époque les formations aériennes étaient désignées par les premières lettres des avions qu'elles mettaient en oeuvre et par un numéro) s'y distingua particulièrement. Peu après, les cinq escadrilles furent transférées à Villacoublay, où le ministre de la Guerre, Alexandre Millerand, les passa en revue.

La B1.3 partit ensuite pour l'Alsace, après que le lieutenant Bellenger eut cédé son commandement au lieutenant Bellemois. C'est à cette époque que fut sans doute évoqué pour la première fois le nom de « cigogne ». Lors du repas d'adieux, Bellenger porta en effet un toast aux pilotes qu'il avait commandés et compara leur arrivée prochaine à Belfort à celle des cigognes annonciatrices du printemps.

ADJUDANT DORME

LIEUTENANT DEULLIN

ADJUDANT CHAINAT

LIEUTENANT DE LA TOUR

En janvier 1913, à l'occasion des voeux de bonne année qu'ils adressèrent à leur ancien chef, les pilotes de la BI.3 rappelèrent cet épisode. Mais, avec le temps et les mutations de personnel, cette tradition se perdit. En août 1914, lorsque le capitaine Bellenger vint à Belfort prendre le commandement de l'aviation de l'armée d'Alsace (BI.3 et BI.10), l'idée des cigognes avait sombré dans l'oubli.

A la mobilisation générale, l'escadrille BI.3 n'était qu'une unité d'observation parmi d'autres, stationnée sur le terrain de Belfort-Chaux. Ses Blériot biplaces participèrent d'abord à l'offensive contre Mulhouse puis aux combats qui se livrèrent vers Schirmek et Sarrebourg. Les missions qu'elle remplit au cours de ces engagements furent diverses.

Le 5 août 1914, le lieutenant de Serre fut le premier aviateur français à franchir le Rhin, à 1 200 m d'altitude. Le lendemain, un autre pilote, survolant Colmar et Fribourg, fut pris à partie par l'artillerie antiaérienne allemande. Le 9, les avions de la BI.3 lâchaient quelques centaines de fléchettes sur une division d'infanterie allemande opérant dans les Vosges. Enfin, le 26 août, le capitaine Bellenger menait ses Blériot dans un bombardement des rassemblements adverses.

Quelques duels furent également livrés avec les pilotes allemands. Mais l'on était encore loin des affrontements de 1916 et de 1917, et la seule arme utilisée était le mousqueton réglementaire que l'observateur emportait avec lui. A la fin du mois d'août 1914, la BI.3 quitta l'armée d'Alsace, elle-même dissoute, et partit rallier la Vle armée, chargée de la défense de Paris.

Elle fut cependant détournée de sa destination initiale pour être mise à la disposition de l'armée du général Foch et participa à la bataille de la Marne dans la région des marais de Saint-Gond. Au terme du mois de septembre 1914, la BI.3 rejoignit la Vle armée et prit ses quartiers d'hiver près de la forêt de Villers-Cotterêts, sur le terrain de Vauciennes.

D'octobre 1914 à mars 1915, les pilotes menèrent un difficile et fastidieux travail de reconnaissance d'armée, d'observation pour le compte de l'artillerie et de bombardements, au cours desquels ils larguaient des obus réformés. Français et Allemands, quand ils se rencontraient, se gratifiaient de nombreux coups de mousqueton, sans parvenir à un résultat.

Les Blériot se révélèrent bientôt inadaptés au combat et furent retirés des unités. Tous les pilotes de la B1.3 furent renvoyés à l'arrière, entraînés sur d'autres avions et affectés à diverses formations. Sur le terrain d'aviation de Vauciennes, également occupé par la MF.16 (sur Maurice-Farman), ne restaient que quelques mécaniciens et le matériel roulant de l'escadrille.

le sergent Chainat, pilote aux Cigognes, aux commandes de son Nieuport 17 en 1916 et le légendaire emblème de la plus fameuse escadrille de chasse de la Première Guerre mondiale, la SPA.3 (photo ECP Armées).

Brocard, Deullin, Guynemer et les autres

C'est un officier de la D.4 qui, le 18 mars 1915, prit le commandement de ce qui subsistait de la B1.3. Il s'agissait du lieutenant Brocard. L'homme avait un tempérament de chasseur. Il faisait partie de ceux qui désiraient voir se développer des escadrilles équipées d'appareils rapides et maniables, capables d'intercepter les avions d'observation et de combattre les chasseurs ennemis.

En mars 1915, le commandant Tricornot de Rose avait fait admettre le principe de doter chaque armée d'une escadrille de chasse organique. L'arrivée du colonel Barés à la tête de l'Aéronautique des armées facilita cette évolution. Ce dernier adopta les idées du commandant de Rose et recruta les futurs pilotes de chasse parmi les cavaliers, que la guerre de tranchées réduisait pratiquement à l'inactivité.

Le 22 mars 1915, le lieutenant Brocard obtint ses galons de capitaine. La BI.3 perçut alors des MoraneSaulnier « Parasol » et devint la MS.3. Le MoraneSaulnier « Parasol » type P était un appareil auquel son moteur Gnome-Rhône de 80 ch conférait d'excellentes performances. En outre, l'observateur disposait d'une bonne visibilité. Mais ce n'était pas un avion de chasse au sens strict. Seul le passager pouvait faire le coup de feu, soit avec un mousqueton, soit avec une carabine.

La MS.3 exécuta de nouvelles missions de reconnaissance photographique ou de bombardement. Par ailleurs, le sergent Védrines, arrivé à peu près en même temps que Brocard, se spécialisa dans des missions fort dangereuses, qui consistaient à déposer des agents de renseignements derrière les lignes adverses puis à revenir les chercher. Mais le chef de la MS.3 essaya progressivement d'orienter sa formation vers la recherche exclusive du combat aérien.

trois pilotes de la SPA.67 devant un SPAD S-7. La cigogne de l'escadrille est aux couleurs de l'écurie de course du capitaine de Saint-Sauveur (photo Service historique de l'armée de l'Air).

A la fin du mois de juin 1915, l'escadrille accueillit le caporal Guynemer, frais émoulu des écoles de Pau et d'Avord. Ainsi commença une extraordinaire épopée, qui prit fin de façon tragique, en septembre 1917, dans les Flandres. Quelques jours plus tard, le lieutenant Deullin était à son tour muté à la MS.3.

Il avait été cité plusieurs fois alors qu'il opérait au sein de la MF.62. Le 3 juillet, le capitaine Brocard inscrivait une première victoire au palmarès de l'escadrille. Ce jour-là, Brocard volait sur Nieuport. Il avait l'habitude de partir en mission avec un Mauser pris aux Allemands et une carabine Winchester. A 5 h 20, un appareil ennemi fut signalé dans la région de Villemontoire. Le chef de la MS.3 s'envola immédiatement avec son mitrailleur.

Mais, le Nieuport étant trop lourd, Brocard revint à Vauciennes, débarqua son passager et repartit seul. Il repéra bientôt un Albatros qui survolait Verberie à 2 500 m d'altitude. S'approchant à 200 m, l'officier français actionna sa mitrailleuse. Mais l'arme s'enraya. L'avion adverse effectua alors quelques tentatives désespérées pour s'échapper.

Mais Brocard ne le lâcha pas et tira deux chargeurs de Winchester à moins de 80 m. Le passager de l'appareil allemand riposta avec un fusil automatique. Quatre projectiles touchèrent ainsi les ailes du Nieuport. Le Français revint cependant à la charge et brûla une vingtaine de cartouches de Mauser. A 50 m, il vida un dernier chargeur. Le pilote allemand fut sûrement atteint, car l'Albatros piqua du nez et descendit à 1 000 m, serré de près par l'aviateur français. A ce moment, l'observateur ennemi se leva, se tourna vers le Nieuport et fit signe de ne plus tirer. Le biplan allemand survola les tranchées de la ligne du front et se posa chez lui.

Les pilotes de l'escadrille n° 3 photographiés à la fin de 1915. On reconnaît, à gauche, Benier, Lambert et Guynemer (photo ECP Armées).

Brocard avait montré le chemin à suivre. Le premier à l'imiter fut le caporal Guynemer. Moins d'un mois après son arrivée à la MS.3, il réussissait, en dépit de sa grande inexpérience, à abattre un appareil allemand. Le 19 juillet 1915, un intrus était en effet signalé. Guynemer, accompagné de son mécanicien, Guerder, prit l'air sur un Morane-Saulnier « Parasol ».

Mais l'avion ennemi s'était déjà esquivé, et les deux hommes, dépités, ne purent l'atteindre. C'est alors qu'apparut un Aviatik. Guynemer le suivit et le rejoignit au-dessus de Soissons. Un combat à bout portant (une quinzaine de mètres), qui dura dix minutes, s'engagea.

Guerder tira cent quinze cartouches, mais le canon de sa mitrailleuse était faussé et ne lui permettait pas de tirer avec toute la précision souhaitable. De leur côté, les Allemands se défendaient. Le mitrailleur français eut la main traversée par un projectile, tandis qu'une autre balle déchirait son passe-montagne et lui frôlait le crâne. Le pilote de l'avion allemand fut malgré tout frappé et s'effondra dans sa carlingue.

L'appareil, désemparé, se dirigea alors vers le sol, en laissant derrière lui des volutes de fumée. Le malheureux observateur, se sachant perdu, levait les bras au ciel de désespoir.

Le mois suivant, le capitaine Brocard obtenait une seconde victoire. Cette fois, il s'agissait d'un bombardier allemand qui se dirigeait vers Paris. Touché à mort, il s'écrasa dans la région de Senlis et fut anéanti par l'explosion des bombes destinées à la capitale. Il fallut attendre encore cinq mois pour enregistrer le succès suivant.

Au cours de cette longue période, la MS.3 poursuivit son travail de réglage, d'observation et de bombardement. Brocard en profita pour développer des méthodes d'attaque plus efficaces et mettre au point l'armement. Les Morane « Parasol » furent progressivement remplacés par des Nieuport II, plus souples et plus aptes au combat aérien.

Vers la fin de l'été 1915, l'escadrille quitta le terrain de Vauciennes pour celui de Breuil-le-Sec, situé à 25 km à l'ouest de Soissons. Elle devait y stationner jusqu'en avril 1916. C'est en octobre que commença son renforcement.

La MS.3 comptait alors douze appareils et douze pilotes. De plus, trois Caudron G.4 lui avaient été affectés dans la perspective des sorties de bombardement qu'elle aurait aussi à assurer. Son secteur d'activité, extrêmement vaste, s'étendait entre Compiègne, Noyon, Nesle, Chaulnes et Montdidier.

le lieutenant Albert Deullin; il obtint sa première victoire dans le ciel de Verdun en mai 1916.

Les derniers mois de 1915 furent marqués par de nombreuses victoires. Le 4 octobre, l'adjudant Védrines obligea un LVG à atterrir dans les lignes françaises, à Moreuil. L'avion allemand capturé devint l'attraction du moment. Tous les pilotes de l'escadrille voulurent l'essayer. Le 6 novembre, Guynemer attaqua un LVG 150 ch armé d'une tourelle de mitrailleuse Parabellum. Mais la Lewis qui équipait l'appareil du Français se bloqua à cause du gel. Guynemer, occupé à désenrayer son arme, faillit percuter le biplan ennemi. Il s'en sortit de justesse avec un peu de toile arrachée.

La mitrailleuse Lewis avait commencé à entrer en service dans les formations au début du second semestre de 1915. Elle était montée sur le plan supérieur, de façon à empêcher les balles d'aller percuter les pales de l'hélice. Sa position haute rendait difficile toute tentative de réparation en cas d'enrayage, ce qui arrivait trop souvent. Le pilote devait alors se redresser, lutter contre la résistance de l'air, effectuer sa remise en état. Pendant ce temps, l'avion était livré à lui-même.

Guynemer ne resta pas très longtemps sur son échec du 6 novembre : entre le 5 et le 14 décembre, il parvint à abattre trois avions allemands.

A la fin de l'année 1915, la MS.3 comptait dix Nieuport II, quatre Morane et trois Caudron. Son personnel avait été partiellement remplacé. Il comprenait six officiers pilotes, dont le capitaine Brocard et le sous-lieutenant Deullin, dix officiers observateurs, sept sous-officiers pilotes, parmi lesquels l'adjudant Védrines et le sergent Guynemer et dix sous-officiers ou soldats observateurs.

La N.3 dans le ciel de Verdun et de la Somme

Dans les deux premiers mois de l'année 1916, les « Bébé » Nieuport finirent par remplacer complètement les Morane-Saulnier « Parasol ». L'escadrille devint ainsi la N.3. Au cours du mois de février, le sergent Guynemer s'était une fois de plus distingué en détruisant deux appareils allemands en une demi-heure, ce qui lui valut ses galons de sous-lieutenant.

Pendant ce temps, la situation générale avait évolué au détriment de l'Entente. Le 21 février 1916, les Allemands avaient lancé une importante offensive sur la ceinture fortifiée de Verdun. Les appareils adverses possédaient la maîtrise du ciel. Il était impossible de faire sortir un avion de reconnaissance sans qu'il soit immédiatement engagé et abattu par une meute de chasseurs frappés de la croix noire.

La nécessité de reconquérir la supériorité aérienne dans ce secteur poussa le haut commandement à dépêcher sur place les meilleurs pilotes de chasse. Au début du mois de mars 1916, un détachement de la N.3 partit pour Verdun sous les ordres du capitaine Brocard.

Il se composait des éléments les plus brillants de l'escadrille : les sous-lieutenants Peretti, Deullin et Guynemer, les adjudants Houssemand et Bucquet et le sergent Chainat. Ces hommes s'installèrent sur le terrain de Vadelincourt, à une quinzaine de kilomètres du lieu où les armées française et allemande se saignaient à blanc.

Aussitôt, la N.3 fut lancée dans la bataille. Abattu une première fois son Nieuport ayant reçu plus de cent vingt projectiles, Guynemer fut de nouveau touché par un Fokker le 13 mars. A la suite d'une blessure au bras, il dut être évacué, la mort dans l'âme. Six jours plus tard, le capitaine Brocard était, lui aussi, hors de combat, avec deux balles dans la mâchoire.

Le 2 avril, ce fut le tour de Deullin. Le 28 avril, l'officier le plus ancien de l'escadrille, le sous-lieutenant Peretti, disparaissait. En patrouille avec Chainat dans la région du fort de Douaumont, Peretti s'était lancé contre un Fokker. 11 avait tiré une dizaine de cartouches quand, brusquement, sa mitrailleuse s'enraya par défaut de percussion.

Dans l'impossibilité de réarmer, l'officier préféra rompre le combat et s'en aller. Il effectua une glissade à gauche, passa sous son ennemi et plongea vers Verdun. Mais le Fokker, devançant cette manoeuvre, se colla au Nieuport. A 200 m de distance, il tira une longue rafale. Peretti reçut dans les reins une balle qui lui fractura le bassin. Il trouva quand même la force de revenir près de Verdun et tenta d'atterrir dans une prairie située en bordure de la Meuse.

A bout de forces, il négocia un virage à droite. Son avion traversa alors les branches d'une ligne de peupliers et s'écrasa au sol. Peretti fut projeté en avant et se fractura le crâne ainsi que le pied. Le Nieuport était littéralement en miettes. La mort tragique de Peretti causa une émotion considérable au sein de la N.3. Elle signifiait qu'en moins de deux mois tous les officiers du détachement avaient été mis hors de combat. Dans les jours qui suivirent, les pilotes de la N.3 s'employèrent à venger Peretti.

Le 29 avril, le sous-lieutenant Deullin, guéri de ses blessures, parvint à surprendre un Fokker un peu au nord du fort de Douaumont. S'approchant jusqu'à quinze mètres, il tira vingt-quatre cartouches sur l'avion ennemi, dont l'hélice vaporisa sur le capot et le pare-brise du Nieuport le sang du pilote allemand touché à mort.

au centre de la photo, le jeune sergent Guynemer le jour de sa première victoire, devant son Morane-Saulnier Parasol (photo ECP Armées).

Le capitaine Brocard, rétabli, revint à la N.3 au mois d'avril. La convalescence de Guynemer fut plus longue. Il ne rejoignit son unité que vers la fin du mois de mai.

Entre-temps, au début de mai, le détachement avait quitté Verdun pour le terrain de Cachy, localité située près d'Amiens. Il devait faire partie d'un important groupement de chasse qui se constituait dans la perspective de la bataille de la Somme. Le capitaine Brocard prit, à titre temporaire, la tête du groupement de combat GC-I 2, formé avec la fine fleur des unités de chasse françaises (les N.3, 26, 73 et 103), mais assura le commandement de la N.3 jusqu'en novembre 1916.

Le GC-I 2 fut réparti sur les terrains de Cachy, Moreuil, Rouvrel, Marcelcave et Villers-Bretonneux. C'est à ce moment que fut décidé le choix de l'insigne. Pour des raisons d'ordre et de discipline, l'état-major demanda au groupement de combat de la Somme de choisir un insigne par escadrille et de le peindre de façon très visible sur le fuselage de chaque appareil. Brocard réunit ses pilotes et s'enquit de leur avis.

Nombreux étaient les hommes favorables au coq. Mais c'est le chef du GC-I 2 qui eut le dernier mot. Il adopta son symbole favori, celui de la cigogne, évocateur de l'Alsace et répondant aux espoirs de tout le groupement. Tous les artistes présents au sein des diverses escadrilles furent mis à contribution.

La cigogne de la 3 fut choisie par Brocard lui-même parmi une dizaine de projets présentés par un peintre de la section de camouflage d'Amiens. La cigogne en flèche de la 26 fut réalisée par le capitaine Auger et celle de la 73 par un pilote japonais en visite à l'escadrille. Enfin, la cigogne de la 103 fut dessinée par un navigant de cette unité.

Obligé d'assurer le commandement du groupement de combat, le commandant Brocard confia la N.3 au lieutenant Heurteaux. A la déclaration de guerre, Alfred Heurteaux faisait partie du 9e régiment de hussards. Il avait été cité trois fois, puis avait réclamé son affectation dans l'aviation. Il rejoignit la N.3 le 21 juin, quelques jours seulement avant le début de l'offensive de la Somme.

La N.3, tout comme les autres unités du GC-12, devait assurer la suprématie aérienne française dans le ciel de Picardie, balayer la chasse adverse et empêcher l'activité de l'aviation de reconnaissance allemande. Les derniers jours du mois de juin furent consacrés à la destruction des Drachen à l'aide de torpilles Le Prieur. Les journées qui suivirent furent épuisantes.

Le ler juillet 1916, treize pilotes durent assurer quarante-quatre heures de vol. Le 5, Guynemer attaqua un LVG, mais, touché, il fut obligé de se poser. Son Nieuport 17 était marqué d'une douzaine d'impacts et légèrement brûlé par des balles explosives. Le 9, l'escadrille livra quatorze combats.

Ce jour-là, l'adjudant Dorme obtint deux victoires et le sergent Lemaitre rentra à sa base le plan inférieur gauche éclaboussé de sang. A partir de cette époque, les vols groupés se multiplièrent. Ils permettaient d'assurer une puissance offensive plus importante et une meilleure sécurité des pilotes, qui pouvaient se couvrir mutuellement. Le 10, huit Nieuport 17 se heurtèrent à six appareils allemands. Parmi les premiers se trouvait Guynemer, qui avait exceptionnellement rompu avec sa réputation d'aviateur solitaire.

Bientôt, à côté de son nom s'inscrivirent ceux de Dorme, de La Tour et Heurteaux. Parfois, les victoires se révélaient fulgurantes. Le 16 juillet, Guynemer et Heurteaux fonçaient sur cinq LVG. En quelques secondes, deux de ces derniers s'écrasaient au sol, et les survivants rentraient chez eux en piquant.

Mais, progressivement, la résistance de l'aviation ennemie se raidit et les combats prirent un caractère de plus en plus implacable. Cette recrudescence de la lutte dans les airs imposa l'entrée en ligne d'appareils mieux adaptés. Les premiers chasseurs SPAD furent affectés, fin juillet, à Pinsard et Ménard, deux pilotes du GC-12. Brocard ramena le sien du Bourget le 20 août et Guynemer le 21.

Mais il fallut encore attendre trois mois avant de voir la totalité de la 3 équipée de cet excellent appareil. Pourtant, les sentiments vis-à-vis de l'avion avaient d'abord été plutôt mitigés. Les pilotes se méfiaient du moteur fixe du SPAD et craignaient des incendies intempestifs.

Ils faisaient plus confiance au moteur rotatif, qui s'était révélé capable d'encaisser plusieurs projectiles sans prendre feu. Mais ces appréhensions disparurent bientôt devant les extraordinaires qualités de cet avion. Le SPAD surclassait nettement ses homologues allemands, et sa mitrailleuse Vickers tirant à travers l'hélice accentuait cette supériorité.

Fin août 1916, la N.3 enregistrait vingt-six victoires dont douze probables. Sur les quatorze sûres, Guynemer s'en adjugeait trois, Dorme cinq, Heurteaux trois, de La Tour deux, Chainat une et Deullin une. Mais le rôle de l'escadrille ne s'était pas limité au seul combat aérien. Souvent, les pilotes avaient mitraillé les tranchées ennemies ou les convois sur les routes. Le 13 septembre 1916, la N.3 fut citée à l'ordre de l'armée. Du 18 mars au 18 août 1916, elle avait abattu trente-huit avions allemands et forcé trente-six autres à se poser.

un SPAD S-13 de la SPA.103. Cette escadrille dépendait du GC-12, mais arborait sur les flancs de ses appareils une cigogne aux ailes hautes, différente de celle de la SPA.3 (photo Jean Noél).

Les mauvais jours d'octobre amenèrent un certain répit, et l'activité aérienne s'en trouva notablement diminuée. Le 10, la N.3 fêtait cependant sa soixantième victoire. Au mois de novembre, elle subit un coup très dur.

Depuis quelque temps, en effet, les bombardiers allemands venaient attaquer les terrains d'aviation français. Dans la nuit du 16 au 17 novembre, l'un d'eux lâcha une bombe sur un hangar de Cachy. Le projectile incendia six appareils sur les douze de l'escadrille, tua un mécanicien et en blessa plusieurs autres.

A la fin du même mois, tous les Nieuport Il et 17 avaient été remplacés par des SPAD et, dans les derniers jours de 1916, le GC-I2 se scindait en deux. Les escadrilles N.3. N.26 et N.I03 restaient sous le commandement de Brocard et constituaient le groupement de combat n° 12, tandis que les escadrilles N.37, N.62 et N.65 formaient le groupement 13.

PALMARÈS DES PILOTES DE LA SPA.3

(Victoires homologuées)

Capitaine Guynemer  53

Sous-lieutenant Dorme   23

Sous-lieutenant Marinovitch 22

Capitaine Heurteaux 21

Capitaine Deullin   20

Sergent Baylies 12

Lieutenant Bozon-Verduraz   11

Lieutenant Chainat  9

Capitaine de La Tour    9

Capitaine Auger 7

Capitaine Raymond   6

Sous-lieutenant Risacher    6

Sous-lieutenant Soulié  5

Sous-lieutenant Dubonnet    5

La Lorraine, les Flandres et la mort de Guynemer

A cette époque, la notoriété de la N.3 avait dépassé les frontières de l'aéronautique militaire. Par le nombre de ses victoires, elle était devenue la première escadrille de France, et son nom figurait souvent dans les communiqués. De nombreux pilotes, tout juste sortis des écoles de formation, demandaient à y être affectés. Mais la sélection était extrêmement sévère.

Elle s'opérait non à l'entrée, mais surtout à travers les épreuves endurées dans la vie quotidienne de l'escadrille. Dans un but dissuasif, le règlement de la N.3 précisait que tous ceux qui ne parviendraient pas à s'adapter aux conditions de combat et au rythme de vie de l'unité seraient renvoyés, non dans une autre formation aérienne, mais dans leur arme d'origine.

Le 27 janvier 1917, l'escadrille partit pour la Lorraine avec tout le groupement de combat n° 12. L'intense activité de l'aviation allemande dans cette région nécessitait en effet la présence de pilotes éprouvés. Comme à son habitude, Guynemer fut le premier à remporter une victoire. Il abattit un grand bimoteur de bombardement, qui fut ensuite exposé sur la place Stanislas, à Nancy.

Le mois suivant, plusieurs promotions récompensèrent le courage des pilotes de la N.3. Dorme fut nommé sous-lieutenant, Guynemer ét Heurteaux accédèrent au grade de capitaine. Dans le même temps, le personnel de l'escadrille se renouvela. Le lieutenant Deullin fut affecté au commandement de la N.73, tandis que le lieutenant de La Tour prenait la tête de la N.26.

Le séjour lorrain de la N.3 fut relativement court, puisque, le 23 mars 1917, le GC-I 2 du commandant Brocard était envoyé à la Xe armée dans la perspective de l'offensive que le haut commandement français préparait sur le Chemin des Dames. Dès leur arrivée dans cette région, les pilotes de la N.3 durent se mesurer avec un nouvel appareil allemand, l'Albatros D-111.

En outre, les escadrilles adverses volaient en formations qui pouvaient regrouper jusqu'à dix appareils. Les Cigognes continuèrent cependant à les attaquer par groupe de deux ou trois. Elles parvinrent à repousser les Allemands et à conserver la suprématie aérienne en consentant de lourdes pertes.

Le 5 mai, le capitaine Heurteaux, qui s'était lancé seul contre neuf avions ennemis, fut sérieusement blessé à une jambe et dut être évacué. Le 25 mai, en quelques heures, Guynemer abattit quatre appareils adverses. Le même jour, Dorme était porté manquant. Il comptait vingt-trois victoires. De sa disparition les pilotes des Cigognes apprirent très peu de choses. Ils surent seulement que son avion avait brûlé et qu'un officier allemand avait montré à des habitants de Briey, sa ville natale, un chronomètre en or gravé à son nom.

Le 5 juillet, le général Franchet d'Esperey vint remettre à Guynemer, sur le terrain de Bonne-Maison, la rosette d'officier de la Légion d'honneur. Cette distinction couronnait la destruction de quarante-cinq appareils, une vingtaine de citations et deux blessures. Le 7 juillet, le capitaine Guynemer donnait à la N.3 ses I 27e et 128e victoires, les dernières obtenues sur l'Aisne.

Quand elle partit pour les Flandres, l'escadrille réunissait soixante-dix-huit officiers, sous-officiers ou caporaux. Les pilotes étaient les capitaines Heurteaux (commandant de l'unité), Auger et Guynemer, les sous-lieutenants Raymond, Bucquet, Lagache et Rabatel, les adjudants Guillaumot et Bozon-Verduraz, le sergent Henin et les caporaux Moulines, de Marcy et Risacher.

Le lieutenant Fonck, premier as français au palmarès des victoires de la Première Guerre mondiale, prend place à bord de son SPAD S-13 de la SPA.103 (photo Jean Noël).

Installée depuis la mi-juillet sur le terrain de Coudekerque, la N.3 participa à l'offensive lancée dans les Flandres à la fin du même mois. Dans ce secteur du front occidental, les Allemands avaient considérablement renforcé leur aviation. Leurs patrouilles de chasse, aussi nombreuses que lors de la bataille de l'Aisne, volaient étagées, se protégeant mutuellement.

De ce fait, la chasse individuelle revêtait des aspects dangereux. Du ciel vide pouvait surgir en quelques secondes une nuée de chasseurs ennemis. En dépit de ces périls, les pilotes de la N.3 poursuivaient leurs missions en solitaire, du moins Guynemer, Heurteaux, Auger, Raymond et Bucquet, qui en étaient les seuls capables. Les autres, moins expérimentés, volaient en groupes de cinq, six et même huit avions. Puis les Français adoptèrent les patrouilles triples avec une formation basse, une moyenne et une autre plus haute.

Le plus souvent, les appareils montaient jusqu'à 5 800 m. Par ailleurs, Guynemer avait, dès le mois de juin précédent, fait construire pour son usage exclusif un SPAD-canon avec lequel il remporta, le 28 juillet, sa cinquantième victoire. Ce jour-là, le capitaine Auger reçut une halle dans le cou alors qu'il assaillait cinq avions allemands. Au bord de la syncope, il parvint à ramener son SPAD jusqu'au terrain de Coudekerque, où il mourut presque aussitôt.

Après la venue de l'escadrille sur le terrain de Saint-Pol-sur-Mer, une longue hécatombe commença. Les meilleurs éléments disparurent. Le 16 août, le lieutenant Rabatel ne rentra pas : il avait été abattu et fait prisonnier. Le 25 août, à peine remis d'une blessure, le capitaine Heurteaux reprenait le commandement de la N.3.

Un peu plus d'une semaine plus tard, il partait seul en patrouille sur un nouveau SPAD équipé d'un moteur Hispano-Suiza. Ce jour-là, il n'avait aucunement l'intention de rechercher le combat. Il aperçut cependant un avion allemand à l'intérieur des lignes françaises et, pris par le démon de la chasse, ne put résister à la tentation de s'en approcher. Mais, alors qu'il s'apprêtait à faire feu, il se rendit compte que ses mitrailleuses étaient enrayées.

Le pilote adverse ne l'avait même pas encore remarqué. Une réparation sommaire lui permit de faire fonctionner l'un des deux tubes. Mais pour peu de temps seulement. L'arme s'enraya de nouveau, et les détonations alertèrent l'observateur allemand. Celui-ci se précipita sur ses mitrailleuses et commença à tirer en direction du SPAD. Heurteaux ressentit brusquement une violente douleur à la cuisse gauche. A ce moment, l'une de ses mitrailleuses repartit et il put incendier l'appareil allemand.

Mais sa blessure le faisait tant souffrir qu'il perdit le contrôle de son propre avion et s'évanouit. Quand il revint à lui, le SPAD volait à 500 m du sol, alors que le combat s'était déroulé à 6 000 m d'altitude. Il eut juste le temps de le redresser et d'atterrir près de Poperingue entre une voie ferrée et une rangée de peupliers.

Heurteaux fut secouru par des soldats britanniques et immédiatement transporté à l'hôpital pour y être opéré. Les médecins craignaient pour sa vie. Mais le chef de la N.3 avait eu de la chance. Deux balles incendiaires lui avaient traversé la cuisse et sectionné l'artère fémorale; heureusement, le phosphore avait cautérisé la blessure et évité l'hémorragie mortelle. Malgré son désir de reprendre sa place dans l'escadrille, Heurteaux dut renoncer à voler pour longtemps.

Un autre malheur frappa les Cigognes au cours du mois de septembre. Depuis quelque temps, en effet, Guynemer paraissait de plus en plus surmené. La mort de Dorme l'avait profondément marqué. Il était nerveux, crispé et tendu. Le 9 septembre, il rendit visite à Heurteaux, encore hospitalisé, et confia à son ancien commandant : « Tu sais, mon vieux, la prochaine fois, ce sera moi! ».

Le 11 septembre 1917, il s'envola avec le sous-lieutenant Bozon-Verduraz pour effectuer une patrouille. Au-dessus de Poelkapelle, les deux hommes rencontrèrent un biplace allemand et le prirent en chasse. L'avion adverse partit en vrille vers le sol et Guynemer entreprit de le poursuivre. Bozon-Verduraz, inquiété par une forte formation de chasse qui s'avançait vers lui, le perdit de vue un court instant.

Quand il fut moins en danger, le sous-lieutenant tenta de retrouver Guynemer. A bout d'essence, il dut revenir seul à sa base. L'as français avait été abattu, semble-t-il, par des appareils de l'escadrille allemande n° 3. Il avait reçu deux balles dans la tête et s'était écrasé à 700 m d'un des cimetières militaires de Poelkapelle.

La mort de Guynemer suscita une vive émotion dans l'aéronautique militaire et en France. Les Cigognes semblaient décapitées. Guynemer mourut sur le SPAD qui portait le numéro deux de la N.3. En son honneur, aucun autre avion de l'escadrille ne fut plus autorisé à afficher cette immatriculation.

le lieutenant Heurteaux devant un SPAD S-7 de la SPA.3 en 1917. Issu de la cavalerie, Heurteaux obtint sa première victoire en mai 1916. Il termina la guerre avec le grade de capitaine (photo Service historique de l'armée de l'Air)

Quinze jours après ce tragique événement, la N.3 quittait Saint-Pol-sur-Mer, puis était placée sous les ordres du lieutenant Raymond. Le 14 octobre, le sergent de Marcy obtenait la 136e victoire de l'unité. L'escadrille prit à ce moment la dénomination de SPA.3. Elle comprenait seize officiers et sous-officiers : les lieutenants Raymond, Bucquet, Lagache, Bezon, les sous-lieutenants Dutruel et Bozon-Verduraz, les adjudants Guillaumot, Henin, Ambroise Thomas, les sergents Gaillard, Brière, de Marcy, les caporaux Risacher, Moulines, Dubonnet et Rigault. Des anciens pilotes de la 3 il ne restait plus que Raymond et Bucquet.

Les adieux du commandant Brocard

La SPA.3 mit alors l'hiver à profit pour se reformer et s'entraîner. Les victoires devinrent de plus en plus rares : deux en octobre, aucune en novembre, en décembre et en janvier. Le temps était loin où les grands as servaient au sein de l'escadrille. Le 8 décembre, elle s'envolait pour la Champagne.

Sur le terraind e Maisonneuve, l'escadrille commença à recevoir des monoplans Morane type Al. Le lieutenant Bucquet fut le premier à en faire les essais. Ce fut ensuite un court séjour dans le secteur de Verdun, où, le 16 février 1918, Bozon-Verduraz remporta la 138e victoire. Entre-temps, le commandant Brocard, nommé à un poste d'état-major à Paris, avait fait ses adieux au groupement de combat 12. Le capitaine Borment lui avait succédé.

 

TABLEAU MENSUEL DES VICTOIRES DE LA SPA.3

Année

Janvier

Février

 Mars

Avril 

Mai

Juin

1914

           

1915

0 0 0 0 0 0

1916

0 3 5 4 1 1

1917

8 4 5 5 14 4

1918

0 5 1 5 16 0

Année

Juillet

Août

Septembre

Octobre

Novembre

Décembre

1914

  0 0 0 0 0

1915

0 1 0 0 0 3

1916

11 14 13 5 12 10

1917

5 5 0 2 0 40

1918

0 4 1 2 0  

 

PERTES EN TUÉS

1914

5 septembre Lieutenant Trétarre, pilote. Tué en service aérien commandé, au départ d'une mission à Épinal.

1915

19 juin Soldat Dinaux, mitrailleur. Tué en combat aérien.

1916

3 février   Lieutenant Grassal, observateur. Disparu en mission.

3 février   Sergent Grivotti, pilote. Disparu en mission.

?   Maréchal des logis Richard, pilote. Tué en service aérien commandé.

?   Soldat Pillon, mitrailleur. Tué en service aérien commandé.

26 avril    Sous-lieutenant Peretti, pilote. Tué en combat aérien.

30 avril    Caporal Chassain, pilote. Disparu en mission.

30 avril    Adjudant Batin, observateur. Disparu en mission.

16 mai  Sous-lieutenant Foucault, pilote. Tué en service aérien commandé.

16 mai  Soldat Soreau, mitrailleur. Tué en service aérien commandé.

17 septembre Soldat Beisser, mécanicien. Tué pendant un bombardement du terrain de Cachy.

1917

15 avril    Sergent Papeil, pilote. Disparu en mission.

10 mai  Adjudant Sanglier, pilote. Disparu en mission.

25 mai  Sous-lieutenant Dorme, pilote. Tué en combat aérien.

29 mai  Caporal Pérot, pilote. Disparu en mission.

4 juin  Soldat Kochi, mécanicien. Tué pendant un bombardement aérien.

4 juin  Soldat Royal, mécanicien. Tué pendant un bombardement aérien.

6 juillet   Sergent Silberstein, pilote. Tué en service commandé.

28 juillet  Capitaine Auger. Tué en combat aérien.

16 août Caporal Cornet, pilote. Disparu en mission.

Il septembre Capitaine Guynemer, pilote. Disparu en mission.

5 octobre   Sergent Gaillard, pilote. Tué en service aérien commandé.

1918

16 mai  Sous-lieutenant Albanel, pilote. Disparu en mission.

17 juin Sergent Baylies, pilote. Tué en combat aérien.

19 septembre Sous-lieutenant Demarzé, pilote. Tué en service aérien commandé.

cérémonie officielle de nomination de Guynemer (quatrième en partant de la gauche) au grade de capitaine en février 1917 (document M.-C. Jacquet).

La vie se poursuivit alors, de déplacement en déplacement et de combat en combat. Le groupe fêta sa 150e victoire le 3 mai 1918. Au cours des mois de mai et de juin, les meilleurs pilotes disparurent. Le sous-lieutenant Albanel, abattu, dut atterrir dans les lignes allemandes et fut fait prisonnier. Peu après, ce fut le tour du lieutenant Gaël. Le 17 juin, l'un des chasseurs les plus qualifiés de l'escadrille, le sergent Baylies (onze victoires), fut abattu en flammes. Le mois de juillet n'amena cependant aucun nouveau succès. Mais le 13, le capitaine Raymond, blessé, dut être évacué.

Au cours du mois d'août, quatre victoires vinrent encore s'inscrire au palmarès de la SPA.3, remportées par le lieutenant Risacher, le sergent Dubonnet, le sergent Brière et l'adjudant Porsons. En septembre, l'escadrille s'installa de nouveau dans le secteur de Verdun, mais en dépit de tous leurs efforts, les pilotes ne réussirent à accrocher aucun appareil ennemi.

Début octobre, l'adjudant Porsons envoya au sol son huitième avion. Il donnait ainsi à la SPA.3 sa 170e victoire, l'avant-dernière de la guerre. Le surlendemain, le sergent Perrotey, en patrouille au-dessus de Vaudesincourt, petite localité située à quinze kilomètres à l'est de Reims, rencontrait un avion allemand : « J'attaque un biplan boche qui essaie de franchir nos lignes (18 h 10).

En me voyant, il pique chez lui. Je le tire sans résultat. A 18 h 30, je l'attaque à nouveau; il se trouve à une altitude de 4 000 m au-dessus de Mourmelon. Je tire une cinquantaine de cartouches; le mitrailleur riposte par une dizaine de cartouches et cesse, sûrement mouché. Je tiens le boche à cinquante mètres et je le tire à nouveau; vingt cartouches, mitrailleuse enrayée. Si le boche mange de la soupe ce soir, c'est parce que je n'ai pu me servir de mon collimateur qui ne vaut rien. »

Le 5 octobre, l'escadrille apprenait la mort de son chef, le capitaine Raymond, décédé à l'hôpital des suites de ses blessures. L'officier était l'un des plus anciens; il appartenait en effet à l'unité depuis mars 1916.

Le 4 novembre, l'adjudant Laulne et le sergent Perrotey livraient le dernier combat de la SPA.3. Ce fut sur le terrain de Bayon, en Lorraine, que l'escadrille des Cigognes fut informée de la signature de l'Armistice.

La SPA.3 avait officiellement abattu cent soixante et onze avions ennemis et quatre ballons captifs. Cent soixante autres appareils étaient tombés dans les lignes allemandes et n'avaient pu être homologués. Cinq officiers et quinze sous-officiers composaient les effectifs de la SPA.3 au 11 novembre 1918.

En décembre, l'escadrille se déplaça à Germershein, dans la région de Spire, sur le Rhin. Elle fut intégrée dans le groupement de combat 12, de nouveau commandé par le commandant Brocard. Cette unité comprenait les SPA.3, 26, 67, 103, 167, 173.

Au moment de la déclaration de guerre en 1939, la SPA.3 constituait avec la SPA.103 le groupe de chasse 1/2. Dissous le 7 août 1940, le groupe fut de nouveau remis sur pied à Châteauroux, le ter juillet 1941, et partit pour Alger.

En 1943, après le débarquement allié de novembre 1942 en Afrique du Nord, le groupe fut réarmé et envoyé en Grande-Bretagne. Il prit alors le nom de « Cigognes » et participa, aux côtés du groupe « Berry », aux combats livrés en France et en Allemagne de 1944 à 1945. Le 1/2 participa ensuite à la guerre d'Indochine.

La SPA.3 est la seule escadrille à n'avoir jamais été dissoute, sauf pendant la courte éclipse de 1940-1941. Équipée de Mirage III E, elle fait partie, aujourd'hui, de la 2e escadre de chasse, basée à Dijon (BA.102), et s'intègre dans les forces aériennes tactiques ( FATAC).


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Fan d'avions © 16 Mai, 2001