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Campagne de Grèce

 

COMBATS SUR L'OLYMPE

L'offensive italienne contre la Grèce mit en évidence les limites des capacités opérationnelles de la Regia Aeronautica face à la RAF et permit à l'Allemagne d'étendre son hégémonie sur les Balkans

Le 28 octobre 1940, Mussolini prenait la décision d'attaquer la Grèce depuis l'Albanie, occupée par les Italiens depuis le mois d'avril 1939. Compte tenu de la disparité des forces, cette attaque aurait dû aboutir à une victoire militaire facile.

Or, l'Italie allait subir en Albanie de graves revers, qui, ajoutés à sa défaite en Libye et à la mise hors de combat d'une partie de sa flotte à Tarente, allaient mettre en évidence son incapacité à mener la guerre « parallèlement » à l'Allemagne. Qui plus est, la campagne de Grèce, en amenant la Grande-Bretagne à intervenir, allait permettre aux Anglais de prendre pied sur le continent pour la première fois depuis Dunkerque.

Le 28 octobre, la disproportion des forces était aussi accusée dans les airs que sur terre. L'aviation royale grecque ne comprenait que quatre escadres de chasse, dotées de deux Gloster « Gladiator », de sept Avia B.534, de trente PZL 24 et de cinq Bloch

MB-151. S'y ajoutaient trois escadres de bombardement, équipées, quant à elles, de douze Bristol « Blenheim » 1, de douze Fairey « Battle » et de neuf Potez 633.B2, plus six vieux Hawker « Horseley »; quatre escadres d'appui tactique, constituées de seize Henschel Hs-126 et de quelques archaïques Breguet 19 A2 et Potez 25.

Elle disposait aussi de trois escadres de coopération maritime, armées de dix Avro « Anson », de dix Dornier Do-22 et de neuf vieux Fairey IIIF.

Face à cette force plus que modeste, la Regia Aeronautica alignait le 160e Gruppo (quatorze Fiat CR-32), les 24e, 154e (quarante-sept Fiat G-50) et le 150e (quarante-six Fiat CR-42) Gruppi, auxquels il fallait ajouter le 105e Gruppo (Savoia-Marchetti SM-79) et le 68e Stormo (SM-81) représentant une force de bombardement de cinquante-quatre appareils, épaulés en cas de besoin par vingt-cinq Romeo Ro-37, répartis en trois squadriglie.

bombardement par l'aviation italienne, en 1940, du canal de Corinthe,par où transitaient les convois britanniques.

Malgré le déséquilibre des forces, les Grecs luttèrent avec un remarquable courage et rejetèrent les envahisseurs en territoire albanais. En dépit du manque d'entraînement, les équipages de l'aviation affichaient un excellent moral. Tandis que les chasseurs assuraient la défense des aérodromes et des ports, les bombardiers attaquaient les lignes de ravitaillement en Albanie, ainsi que les terrains d'Argyrokastron et de Koritza.

Alors que débutait la campagne de Grèce, les forces britanniques d'Afrique du Nord, placées sous les ordres de Wavell, remportaient une étonnante victoire en Libye, en mettant en déroute l'armée de Graziani. Quelle ne fut pas la surprise de l'Air Vice-Marshal Sir Arthur Longmore, commandant en chef de la RAF en Méditerranée, lorsqu'il reçut de Londres l'ordre d'envoyer plusieurs de ses précieux squadrons soutenir les Grecs!

La première formation britannique à arriver en Grèce, en novembre 1940, fut le Squadron 30, équipé de Blenheim, avec un wing doté de 33 Gladiator. Avant la fin du mois arrivèrent les Squadrons 84 et 211, également sur Blenheim, puis le 80, sur Gladiator.

Enfin, début décembre, le Squadron 1, qui venait d'être transformé sur Hurricane, abandonna ses Gladiator à l'aviation hellénique. A la même date, des bombardiers Wellington entreprirent, à partir de leurs bases de Malte ou d'Égypte, des raids de nuit à longue distance sur des objectifs situés en Albanie et en Italie du Sud. (Le commandement des forces aériennes britanniques en Grèce se trouvait alors placé sous les ordres de l'Air Vice-Marshal Henry d'Albiac.)

Les conditions atmosphériques, qui furent détestables tout au long de l'hiver, entravèrent les opérations aériennes.Celles-ci ne furent possibles que pendant soixante-quatre jours sur les cent cinquante-six que dura la campagne de Grèce.

S'ajoutant au mauvais temps, la médiocre infrastructure des aérodromes grecs et les difficultés de communication gênèrent également l'action de la RAF.

Quant à la Regia Aeronautica, elle ne put acquérir aucune supériorité aérienne. Toutefois, la fin de décembre fut marquée par de violents combats aériens, qui se soldèrent par des pertes sévères du côté italien.

un bombardier moyen Fiat BR-20 du 18è Stormo

RAF contre Regia Aeronautica

La première formation à intervenir, avec cinq avions, dans le ciel grec, le 19 novembre, fut le Squadron 80, et ce, à la faveur d'un vif engagement au-dessus de Koritza, avec une escadrille de chasseurs italiens. A cette occasion, un pilote sud-africain, le Flight Lieutenant J. Pattle, abattit deux CR-42; de son côté, « Heimar » Stuckey abattit un G-50 et un CR-42, tandis que le Flight Sergeant Casbolt détruisait un CR-42 et « Cherry » Vale, un autre G-50.

Le 28 novembre, dix Gladiator des Squadrons 33 et 80, ayant rencontré une formation d'autant de CR-42 au-dessus de Delvinakion, abattirent cinq appareils ennemis, dont trois furent revendiqués par le Lieutenant Gregory et les deux autres par « Tap » Jones. Dans ce combat, quatre Gladiator furent perdus.

Le 4 décembre, au terme d'un engagement avec dix CR-42 près de Tepeleni, ces mêmes unités perdirent trois Gladiator pour deux CR-42 détruits, attribués à Paule. Le 20 décembre, alors qu'il conduisait une patrouille du Squadron 80 au-dessus des montagnes d'Albanie, ce dernier intercepta une formation de bombardiers, abattant personnellement un SM-79. Quant à Vale, il fut crédité d'un autre bombardier du même type.

Un dernier combat aérien entre quinze CR-42 et vingt Gladiator se déroula avant la fin de l'année sur le front d'Albanie; il se solda par la perte de huit CR-42 et de neuf Gloster. A cette occasion, Vale, Gregory, Casbolt et Pattle ajoutèrent à leurs palmarès respectifs trois, deux, deux et un biplans italiens.

Pendant le mois de janvier, le temps détestable interdit pratiquement toute activité terrestre, alors quel'armée grecque avait profondément pénétré en Albanie.

Dans les airs, il en fut à peu près de même.

A part de brèves rencontres avec les bombardiers italiens, les 8, 20 et 25 janvier, il fallut attendre le 28 pour assister à une nouvelle bataille aérienne.

Ce jourlà, le Squadron 80 intercepta près d'Athènes une formation non escortée de dix bombardiers Cant Z-1007 bis et en abattit sept.

Stuckey détruisit un avion, mais, son appareil ayant été touché, il trouva la mort en tentant d'atterrir.

Deux autres Gladiator furent perdus dans cet engagement. Quant à Cullen, il s'adjugea la destruction d'un deuxième bombardier, tandis que Pattle et Casbolt se partageaient une victoire sur un troisième avion.

Le pont visible en haut du document constituait la cible principale des bombardiers de l'Axe; il fut détruit par les Anglais lors de leur retraite, le 26 avril 1941

Les revers italiens

Ces succès britanniques ne pouvaient dissimuler le fait, au début de 1941, que l'Allemagne avait l'intention d'intervenir en Grèce. La RAF dut alors renoncer au projet visant à installer des squadrons de bombardement en Turquie pour attaquer les puits de pétrole de Roumanie, qui jouaient un rôle déterminant dans l'économie de guerre du Ille Reich. Les Anglais tentèrent donc de convaincre les Grecs de l'intérêt de permettre à des troupes britanniques de débarquer sur le sol hellénique pour dissuader Hitler de traverser la Yougoslavie et pour aider l'armée grecque à chasser les Italiens d'Albanie. Ce plan fut repoussé par le gouvernement d'Athènes, qui redoutait une réaction de la Bulgarie. 11

fut cependant convenu que si les Allemands pénétraient dans les Balkans en direction de la Grèce, une armée britannique pourrait intervenir. Toutefois, le délai nécessaire à la mise en place de troupes anglaises dans la péninsule hellénique devait se révéler désastreusement court.

A cette date, des forces allemandes avaient commencé à intervenir en Méditerranée, avec l'envoi de l'Afrikakorps en Libye et l'installation du Fliegerkorps X en Sicile, d'où il entreprenait des raids dévastateurs sur Malte.

Aussi Longmore décida-t-il d'ajourner l'acheminement de nouveaux renforts aériens en Grèce. Avec l'aggravation de la situation en Afrique du Nord, la RAF devait conserver le maximum de moyens en Égypte.

Le mois de février fut marqué par une recrudescence de l'activité aérienne en Grèce. Pour appuyer une offensive hellénique visant à s'emparer de Tepeleni, à une cinquantaine de kilomètres à l'intérieur de l'Albanie, les Gladiator multiplièrent les sorties dans ce secteur.

Bristol H Bombay  utilisé comme transport entre la Grèce et la Crète

Au cours de la journée du 9 février, ils attaquèrent vingt-quatre CR-42 en plusieurs formations. A cette occasion, Casbolt, Cullen, Pattle et Vale abattirent ou endommagèrent chacun un biplan, tandis que Kettlewell, après avoir détruit un CR-42, sortait indemne d'un atterrissage forcé. Le lendemain, les Italiens firent plusieurs incursions au-dessus de la frontière grecque, ce qui permit à Cullen d'abattre un SM-79 près de Janina, tandis que Vale détruisait

Au cours de l'hiver 1940-1941, les Italiens virent leurs possibilités offensives sérieusement contrariées par les mauvaises conditions atmosphériques, qui entravèrent sensiblement l'ensemble de l'activité aérienne au-dessus de la Grèce.

le CAnt Z-1007 bis, le trimoteur de bombardement le plus moderne de la Regia Aeronautica

un BR-20 à 25 km au sud-ouest de la ville. Ces succès ne purent empêcher les Italiens d'endommager gravement le terrain de Janina. Le I I février, vingt CR-42 lancèrent sur l'aérodrome une nouvelle attaque qui détruisit ou endommagea plusieurs Gladiator des forces grecques. Le 13 février, le Squadron 80, alors commandé par « Tap » Jones, se livra, à titre de représailles, à une opération de mitraillage sur le terrain de Tepeleni tout en assurant la protection d'un groupe de Blenheim. La réaction italienne fut inexistante.

En dépit de l'évolution de la situation en Libye, Longmore avait acheminé quelques Hurricane par bateau jusqu'en Grèce. Le 16 février, ces appareils gagnaient le terrain de Paramythia, qui abritait déjà des Wellington. A cette date, malgré les efforts des équipes de maintenance, qui avaient accompli de véritables prodiges pour les maintenir en état de vol, les Gladiator, sous la pression constante de l'adversaire et du fait du manque de pièces de rechange, étaient arrivés à la limite de l'usure. S'ils pouvaient encore se mesurer aux Italiens, ils apparaissaient tout à fait incapables d'affronter les avions modernes de la Lutwaffe.

formation de chasseurs monoplans Macchi MC-200 n Saetta

Le 20 février, d'Albiac demanda un nouvel effort en faveur des Grecs engagés en Albanie. Dix-sept Gladiator furent chargés de protéger deux Wellington et un Junkers Ju-52 grecs, tandis que six Hurricane assuraient la défense de neuf Blenheim chargés d'attaquer le pont de Berut. Onze chasseurs helléniques PZL 24 devaient assurer la protection de ces formations lors du vol de retour.

Le raid se solda par un succès complet. Sans une seule perte du côté allié, douze appareils ennemis furent abattus lors d'un violent engagement avec des chasseurs d'interception italiens. Aux commandes d'un Hurricane, Casbolt abattit à lui seul deux Macchi MC-200, tandis que le Flight Lieutenant Woods, récemment muté au Squadron 80 et volant aussi sur Hurricane, était crédité d'un G-50. Au total, quatre G-50 et un CR-42 furent abattus par les Gladiator et quatre autres chasseurs par les PZL, pour la perte d'un Blenheim et d'un Hurricane.

Cet engagement fut suivi d'une bataille encore plus étonnante et plus heureuse pour les pilotes alliés. Le 28 février, le Squadron 112 arrivait en Grèce avec douze Gladiator, dont le remplacement par des Hurricane avait été différé. Le jour même, en liaison avec le Squadron 33, doté de Hurricane, et le Squadron 80, constitué d'un wing de Hurricane et d'un wing de Gladiator, cette unité participait à une opération de surveillance entre Tepeleni et la côte de l'Adriatique, où des appareils italiens avaient été signalés.

De fait, les Britanniques repérèrent des formations adverses comprenant une cinquantaine d'avions et engagèrent le combat. La bataille fit rage pendant plus d'une heure sur toute l'Albanie. Les pilotes du Squadron 80 accomplirent une remarquable performance, abattant pas moins de dix-sept appareils (à lui seul, Pattle fut crédité de deux BR-20 et de trois CR-42, tandis qu' « Ape » Cullen détruisait deux SM-79, deux CR-42 et un BR-20).

Quant au Squadron 112, il abattit six appareils italiens et le Squadron 33, quatre. Du côté britannique, les pertes se limitèrent à un seul avion, un Gladiator du Squadron 112 dont le pilote fut sauvé. Tous les appareils italiens tombèrent dans les lignes alliées, et leur destruction put être homologuée. Cette bataille du 28 février 1941 constitue le revers le plus grave que subit la Regia Aeronautica pendant toute la guerre. Toutefois, les pilotes italiens revendiquèrent dans cet engagement dix victoires sur les Britanniques.

pilotes et mécaniciens tentent de dégager un SM-79 bloqué par la neige pendant la contre-offensive de janvier 1941

L'intervention allemande

Ces succès ne pouvaient cependant faire oublier la menace allemande. En mars, Hitler prit la décision de déclencher la campagne des Balkans, dirigée d'abord contre la Grèce, puis contre la Yougoslavie. L'objectif du Führer était d'assurer la protection de son flanc droit durant l'attaque qu'il envisageait de lancer contre l'Union soviétique, tout en libérant l'Italie de l'hypothèque grecque.

Pour la RAF, la menace allemande était extrêmement grave. Jusque-là, les formations relativement faibles envoyées en Grèce avaient réussi, en dépit du mauvais temps et de conditions d'approvisionnement difficiles, à tenir tête à la Regia Aeronautica. Une offensive allemande survenant au printemps risquait d'être dramatique pour les maigres forces aériennes anglaises, grecques et yougoslaves.

Le ler mars, en accord avec le gouvernement de Sofia, la Wehrmacht entrait en Bulgarie. Une semaine plus tard, suivant le plan mis au point avec Athènes, un corps expéditionnaire anglais débarquait en Grèce. Mais le rapport des forces n'allait cesser de jouer au détriment des Alliés.

En l'espace d'un mois, vingt divisions d'infanterie et sept divisions blindées allemandes franchissaient les frontières yougoslave et grecque, sans compter quinze divisions italiennes, hongroises et bulgares. En soutien de ces forces terrestres, la Luftwaffe alignait l 200 appareils de la Luftflotte 4 et la Regia Aeronautica 300 appareils basés en Italie et en Grèce. Contre ces quelque 500 000 hommes et 1 500 avions, les Grecs, les Yougoslaves et les Anglais ne disposaient que de 15 000 hommes mal équipés et de 300 avions.

Les principaux chasseurs engagés par les belligérants dans les premiers mois de la campagne de Grèce, le PZL P-24.F, un appareil de construction polonaise en service dans l'aviation royale grecque

Avec une violence rappelant les attaques sur Varsovie et Rotterdam, l'attaque allemande contre la Yougoslavie débuta dans la matinée du 6 avril par une série de raids dévastateurs sur Belgrade, tandis que des colonnes blindées franchissaient la frontière. Simultanément, les troupes allemandes venant de Bulgarie pénétraient en Thrace occidentale et en Macédoine orientale, marchant sur Salonique par le col de Rupel.

Dès les premiers jours de l'attaque, de nombreuses villes grecques subirent de violentes attaques aériennes. Le 6 avril, à 18 heures, lors d'un raid mené par les Junkers Ju-88 du III/KG-30, une bombe lancée par le Hauptmann Hajo Herrmann atteignit le cargo Clan Frazer dans le port du Pirée.

Le navire, dont les cales contenaient 250 t d'explosifs, sauta, envoyant par le fond dix autres bateaux; en outre, l'infrastructure portuaire subit des dégâts tels que Le Pirée fut totalement inutilisable pendant plusieurs semaines. Le 10 avril, une attaque de la Luftwaffe contre la rade de Salamine entrainait la perte du croiseur cuirassé Kilkis, fleuron de la flotte de guerre hellénique.

A l'assaut des Balkans

Bénéficiant d'une supériorité aérienne incontestée, les Allemands accomplirent en moins de trois semaines ce que les Italiens n'avaient pas pu réaliser en plus de quatre mois. Toutes les lignes de défense britanniques furent successivement enfoncées ou tournées. Le 9 avril, Salonique tombait, après avoir magnifiquement résisté, et les blindés allemands, ayant pénétré profondément en Serbie, s'emparaient de Monastir et entraient en Grèce par Florina et Kozani, prenant simultanément à revers les troupes helléniques engagées en Albanie et le corps anglo-grec du général Maitland Wilson.

En quelques jours, la situation des Anglais devint intenable. La 1 re brigade blindée ne pouvait opposer que cent chars aux cinq cents Panzer du maréchal List; dans les airs, les Gloster « Gladiator » étaient surclassés et traqués par les Messerschmitt Bf-109, qui ouvraient la route aux Stuka. N'ayant pas d'autre choix, Wilson abandonna la position de l'Olympe et évacua Larissa, perdant ainsi le seul terrain valable dont disposaient les Anglais dans le centre de la Grèce.

Gloster « Gladiator » du Squadron 80 de la RAF;  chasseur Fiat CR-42 de la 152e Squadriglia de la Regia Aeronautica

Même si elles enregistraient encore quelques succès isolés -comme la destruction du pont de Veles par une formation de Wellington dans la nuit du 14 au 15 avril -, les forces aériennes étaient également en pleine débâcle.

Le 16 avril, profitant de leur supériorité écrasante, les chasseurs de la Luftwaffe entreprirent de mitrailler tous les aérodromes encore tenus par les Anglais, anéantissant les Blenheim du Squadron 113 à Niamata (à la fin de la journée, la RAF ne disposait plus en Grèce que de cinquante appareils) et détruisant au sol, sur le terrain de Paramythia, les quarante-quatre survivants des forces aériennes yougoslaves.

Le lendemain, un squadron entier de Gladiator helléniques était anéanti dans les mêmes conditions. Le 19 avril, l'Air Vice-Marshal d'Albiac en fut réduit à donner l'ordre aux dernières formations aériennes britanniques de se replier sur les aérodromes de la région d'Athènes. Le même jour, un conseil interallié, qui se réunit dans la capitale et auquel participaient le roi Georges 11, les généraux Papagos, Wavell et Maitland Wilson, décidait l'évacuation de la Grèce par le corps expéditionnaire britannique.

Dès lors, les combats menés aux Thermopyles et en Béotie n'eurent plus d'autre objectif que de retarder l'avance allemande et de couvrir l'embarquement. Le 22 avril, le gros de l'armée grecque (seize divisions), pris à revers par les Allemands en Albanie, déposait les armes. La RAF, quant à elle, poursuivait une lutte désespérée.

A l'aube du 20 avril, profitant de la défaillance du système d'alerte hellénique, une formation de Messerschmitt Bf-109 faisait irruption au-dessus du terrain de Menedi et détruisait les douze Blenheim qui s'y trouvaient. Dans l'après-midi, la Luftwaffe lançait sur la région d'Athènes un raid qui mettait en oeuvre une centaine de Junkers Ju-88, de Bf-110 et de Bf-109.

Les quinze derniers Hurricane des Squadrons 33 et 80 réussirent cependant à prendre l'air, abattant quatorze avions et en perdant eux-mêmes cinq. Au nombre des pilotes disparus figurait Pat Pattle, l'étonnant SudAfricain qui, en cinq mois, avait détruit trente-six appareils ennemis (dont treize allemands) en quatorze jours d'opérations.

Dans les jours qui suivirent, les débris de la RAF tentèrent de protéger le rembarquement des troupes britanniques, dans le cadre de l'opération « Demon », dirigée par le Rear-Admiral Baillie Grohman. Les derniers avions britanniques ne purent empêcher les Stuka et les Messerschmitt de harceler les routes conduisant aux ports de l'Attique et du Peloponnèse.

De même, ils ne purent ni empêcher les parachutistes allemands de sauter sur le canal de Corinthe ni la Luftwaffe d'envoyer par le fond quatre transports et deux destroyers. Comme à Dunkerque, la Royal Navy réussit pourtant à rembarquer 50 732 hommes, soit 80 % du corps expéditionnaire, mais au prix de l'abandon de tout le matériel lourd.

Un des Junkers Ju-52 de la Luftwaffe engagés le 26 avril 1941 dans l'assaut contre le canal de Corinthe, bataille qui mit un point final à la première campagne de Grèce

En définitive, la campagne des Balkans se soldait par une éclatante victoire de la Wehrmacht, qui, en moins de vingt-cinq jours, avait occupé la totalité de la Yougoslavie et de la Grèce et, pour la seconde fois, chassé les Anglais du continent, au prix de l 684 tués et 3 752 blessés. A eux seuls, les Britanniques laissaient dans l'affaire plus de 12 700 morts et disparus, 9 000 prisonniers et la quasi-totalité de l'aviation engagée en Grèce, à l'exception de quelques appareils évacués vers la Crète.

Le désastre de la campagne de Grèce tenait au refus du gouvernement d'Athènes de se préparer à une intervention allemande, à la faiblesse des aviations alliées, et notamment de la RAF, face à la Luftwaffe. Gênées par le mauvais temps et l'insuffisance des moyens de communication, les formations aériennes britanniques avaient dû, en outre, constamment improviser.

Néanmoins, pendant toute la durée des opérations contre la Regia Aeronautica, l'aviation anglaise avait connu un taux de succès exceptionnellement élevé et révélé un nombre remarquable de pilotes de qualité. Quoi qu'il en soit, si la campagne de Grèce fut suivie d'une nouvelle défaite britannique, avec la chute de la Crète, elle eut au moins l'avantage, à l'échelle de la conduite générale de la guerre, de retarder de plus d'un mois l'attaque allemande contre l'Union soviétique.

 


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Fan d'avions © 16 Mai, 2001