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Guerre 39-45


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Campagne d'Italie

 

OFFENSIVE EN MÉDITERRANÉE

La campagne d'Italie, première étape vers la reconquête de l'Europe, donna une juste mesure des possibilités opérationnelles de l'aviation tactique sur une grande échelle

d'une conception remontant au début des années trente, les biplans Fiat CR-42 constituaient pendant les premières années de la guerre l'équipement standard de la défense aérienne métropolitaine en Italie. A la fin de 1942, le recul des fronts entraîna leur remplacement progressif par des types d'appareils jusque-là réservés aux lointaines premières lignes.

La conquête de la Sicile par les Alliés, à la mi-août 1943, constitua pour les forces de l'Axe un désastre dont elles n'allaient jamais se relever complètement. A cette date, les aviations anglaise et américaine étaient à l'apogée de leur puissance et constituaient l'atout majeur du commandement allié en Méditerranée.

A partir des aérodromes de Sicile, de Malte et du nord de la Tunisie opérait l'Allied Tactical Air Force, une puissante flotte aérienne anglo-américaine composée de chasseurs, de chasseurs bombardiers, de bombardiers légers et moyens et d'avions de reconnaissance, soit au total une centaine de squadrons.

Cette aviation tactique était appuyée par l'Allied Strategic Air Force, stationnée en Afrique du Nord et forte de vingt-quatre squadrons américains de bombardement de jour et de huit squadrons d'appareils lourds de la RAF spécialisés dans les raids de nuit. Cet ensemble imposant était encore renforcé par la Coastal Air Force, comprenant des chasseurs, des bombardiers et des appareils de surveillance maritime basés sur les côtes d'Afrique du Nord, à Malte et en Sicile.

A cette force considérable, regroupant 1 395 chasseurs, 703 bombardiers légers et moyens, 461 bombardiers lourds, 162 bombardiers de nuit et 406 avions de transport, l'Axe ne pouvait opposer que les restes de la Regia Aeronautica et de la Luftflotte 2. Cette dernière alignait six Gruppen de chasseurs, quatre Gruppen de chasseurs Fw-190.A et Bf-109.G, et quelques Gruppen de bombardiers Junkers 88, sans compter les unités de reconnaissance.

Une partie de ces forces était basée en Sardaigne, mais les unités opérationnelles étaient loin d'être à effectifs complets, et l'ensemble ne représentait pas plus de 800 appareils (contre 1 280 au début du mois de juillet 1943). La Luftflotte 2 pouvait cependant compter éventuellement sur l'aide des appareils de bombardement stationnés dans le sud de la France.

des rues italiennes ont été rebaptisées du nom de fameux pilotes allemands des deux guerres.

Au début du mois de septembre 1943, en prévision du débarquement en Italie du Sud, les bombardiers lourds B-17 et B-24 de la Strategic Air Force, escortés par des chasseurs Lockheed P-38, commencèrent, en liaison avec des bombardiers moyens North American B-25 et Martin B-26, à attaquer des objectifs depuis la Calabre jusqu'à la région de Rome.

A cette date, la Tactical Air Force (TAC) était divisée en deux commandements distincts : la Desert Air Force (DAF), chargée d'appuyer la VIIle armée de Montgomery, et le 12th Tactical Air Command, affecté au soutien de la nouvelle ye armée américaine, composée en fait d'éléments anglo-américains. La Desert Air Force, elle-même, bien qu'à dominante anglaise et sud-africaine, comprenait deux groupes américains de Curtiss P-40, et le 12th Tactical Air Command comportait deux wings de Spitfire de la RAF, en plus de ses unités américaines.

Les débarquements alliés

Les opérations de débarquement en Italie furent inaugurées par la Ville armée, qui, franchissant le détroit de Messine, prit pied sans coup férir le 3 septembre à Reggio de Calabre et le lendemain à Tarente. Elle était appuyée par la DAF, qui ne trouva face à elle que quelques chasseurs et chasseurs bombardiers italiens. En revanche, de multiples combats opposèrent les Messerschmitt Bf-109 des JG-53 et 77 aux bombardiers et aux chasseurs d'escorte américains, et vingt-trois P-38 Lightning furent abattus en deux raids : ce fut là l'un des derniers succès que remporta la Luftwaffe en Méditerranée.

canon antiaérien italien de 88 mm dans la banlieue de Rome

L'événement majeur se produisit le 8 septembre 1943, avec la capitulation de l'Italie et le débarquement du gros de la ye armée à Salerne, au sud-ouest de Naples. Si les Italiens ne lui opposèrent aucune résistance, la réaction allemande fut, en revanche, extrêmement brutale. Le maréchal Kesselring lança plusieurs divisions motorisées contre la tête de pont, et la Luftwaffe engagea dans la bataille toutes ses forces disponibles.

Cette réaction exigea de l'aviation alliée un effort considérable pour maintenir une couverture aérienne au-dessus de la zone du débarquement. Les porte-avions d'escorte britanniques intervinrent en appui direct avec leurs Supermarine « Seafire ». Les P-38, les P-40 et les Spitfire décollant de Sicile se relayaient au-dessus des plages. Les Bristol « Beaufighter » et les Mosquito étaient sur la brèche de l'aube au crépuscule.

Savoia-Marchetti SM-79 « Sparviero » (278è Squadriglia, 132e Gruppo Autonomo Aerosilurante de la Regia Aeronautica).

le planeur allemand DFS-230.C-1 utilisé pour l'enlèvement de Mussolini en septembre 1943; à l'époque, les Alliés achevaient la conquête de la Sicile

En dépit de cette couverture aérienne, des chasseurs bombardiers Fw-190 opérant depuis la région de Foggia lançaient des attaques de harcèlement contre les troupes au sol. Mais la grande surprise vint de l'intervention des Dornier Do-217 du 111/KG-100, basé à Istres. Armés de bombes planantes des types Fritz X et Henschel He-293, ils attaquèrent l'armada alliée au large de Salerne, endommageant gravement, entre autres, le cuirassé Warspite et les croiseurs Uganda et Savannah. (Le III/KG-100 s'était déjà signalé le 9 décembre en envoyant par le fond le cuirassé italien Roma, faisant route vers Malte, conformément aux accords d'armistice.)

mal défendu et peu rapide, le trimoteur Savoia-Marchetti SM-79 " Sparviero n'en demeura pas moins le bombardier moyen standard de l'aviation italienne sur tous les fronts de 1939 à 1943.

Cette intervention se produisait au moment le plus critique, alors que les Allemands, multipliant les contre-attaques, menaçaient de rejeter les Alliés à la mer. La situation de la Ve armée ne commença à s'améliorer qu'à partir du 14 septembre, avec le largage de parachutistes américains sur la tête de pont et l'engagement massif de l'aviation alliée et de l'artillerie de marine, qui se livrèrent à un pilonnage en règle des positions ennemies. L'approche de troupes de la VIIIe armée britannique, qui venaient de Calabre et qui firent leur jonction avec les Américains le 16 septembre, obligea les Allemands à se replier.

aux puissants P-51D Mustang de l'US Army Air Force, la Regia Aeronautica ne pouvait opposer que quelques groupes équipés de Macchi MC-202 « Folgore », d'« honnêtes » chasseurs italiens propulsés par des moteurs d'origine allemande.

North American P-51D « Mustang » (Fighter Squadron 317, 325th Fighter Group, USAAF, Vicence, Italie)

Progressant sur un front qui s'étendait sur toute la largeur de la péninsule, les Alliés entrèrent à Naples le ler octobre. Deux jours plus tard, ils débarquaient à Termoli, sur la côte adriatique, facilitant ainsi l'occupation des aérodromes de la région de Foggia par les chasseurs et les chasseurs bombardiers de la DAF, bientôt suivis des bombardiers légers et moyens et des appareils de la Strategic Air Force avec leur escorte. Des squadrons de la Coastal Air Force s'installèrent également à Foggia et à Naples.

Macchi MC-202 « Folgore », d'« honnêtes » chasseurs italiens propulsés par des moteurs d'origine allemande.

Macchi MC-202 « Folgore » (368e Squadriglia, 152e Gruppo de la Regia Aeronautica)

Lors du franchissement du Trigno, la DAF mit en oeuvre, à partir de Foggia, un nouveau système d'appui tactique, dit « cab ranks » (Files de taxis), lequel consistait, en période d'intense activité au sol, à maintenir constamment en l'air des formations de chasseurs bombardiers prêtes à intervenir à la demande du commandement terrestre.

Début novembre 1943, les Américains constituèrent dans la région de Foggia la 15th Air Force, spécialisée dans les raids stratégiques de jour. Bien qu'effectuant toujours de nombreuses attaques contre des objectifs italiens, les bombardiers allaient multipliant les raids sur l'Autriche, le sud de l'Allemagne, la France, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie.

Quatre groupes de chasse, chargés de les escorter, avaient été inclus dans la 15th Air Force, trois sur P-38 et un sur Republic P-47 « Thunderbolt ». A la fin de l'année, le P-47 devait équiper la Tactical Air Force, ainsi que le 57th Fighter Group, qui opérait avec la DAF, devenant ainsi le chasseur bombardier standard américain de la campagne d'Italie.

la conquête du sud de la péninsule italienne permit d'augmenter le rayon d'action offensif des forces aériennes alliées dans le bassin méditerranéen. Ici,Bristol «Beaufighter"du Squadron 46 de la RAF attaquant les installations portuaires de l'ile de Samos en mer Égée.

L'activité restreinte de la Luftwaffe après le repli allemand permit aux Alliés de réduire leur puissance aérienne. A la fin de l'année, deux squadrons de Spitfire furent envoyés aux Indes, tandis que quatre autres partaient se reposer en Syrie. Une réorganisation générale intervint alors. Les North-West African Allied Air Forces furent converties en Mediterranean Allied Air Forces. En janvier 1944, les meilleurs chefs d'unités quittèrent l'Italie pour prendre le commandement des éléments destinés au débarquement de Normandie, ce qui entraîna un remaniement complet du commandement en Méditerranée.

Spitfire Mk-IX du Squadron 241 en vol au-dessus du Vésuve.

La route de Rome... opération « Shingle »

A cette date, les armées alliées, après avoir franchi le Trigno, le Volturno et le Sangro, se heurtaient au sud de Rome aux formidables défenses de la ligne Gustav, dominées par la remarquable position naturelle du mont Cassin. La résistance acharnée des troupes de montagne et des parachutistes allemands devait s'accompagner d'un regain d'activité de la Luftwaffe, avec des attaques répétées de chasseurs bombardiers. Les Spitfire de la RAF, parmi lesquels on comptait beaucoup de Mk-VIII, qui équipaient également les deux groupes américains agissant en liaison avec les Britanniques, livraient combat sur combat. Les Allemands subirent des pertes sensibles, notamment parmi les Schlachtgruppen dotés de FockeWulf Fw-190.

L'avance des armées alliées n'en restait pas moins extrêmement lente et coûteuse, et, en dépit de la supériorité de l'aviation anglo-américaine, l'appui aérien était constamment contrarié par le relief et surtout par des conditions atmosphériques détestables (pluie, neige, brouillard). Comme le fit remarquer Churchill, le climat de l'Italie devait constituer une des plus rudes surprises stratégiques de la guerre.

Au début de janvier 1944, néanmoins, le commandement allié, cherchant à sortir de l'impasse, lança une double opération : d'une part, une offensive générale sur la partie occidentale du front, depuis la mer jusqu'à l'Apennin, avec pour objectif principal de faire sauter le verrou de Cassino et d'ouvrir la route de Rome par la vallée du Liri; d'autre part, un débarquement sur les arrières des troupes allemandes, au sud de Rome, dans le cadre de l'opération « Shingle ».

deux tracts édités par la propagande fasciste sur le débarquement d'Anzio et les bombardementsde l'USAAF.

En fait, l'opération se solda par une nouvelle déception. Pourtant, le débarquement dans la région d'AnzioNettuno (22 janvier) fut un succès, du fait essentiellement de l'effet de surprise. La supériorité aérienne alliée avait permis d'éviter toute reconnaissance de la Luftwaffe, et l'opération bénéficia de l'appui du gros de la DAF, venue rejoindre le 12th TAC sur la côte occidentale de la péninsule, soit 850 appareils susceptibles d'agir depuis la région de Naples.

Mais le mauvais temps contraria à nouveau l'intervention de l'aviation tactique et, surtout, la réaction allemande fut extrêmement rapide et violente. En quelques jours, des éléments de huit divisions rameutés par le maréchal Kesselring bloquèrent les forces alliées dans une étroite tête de pont soumise au feu de l'artillerie et noyée sous un véritable déluge de bombes à fragmentation.

De furieux combats aériens se déroulèrent alors dans la région de Rome, en dépit du handicap que représentait pour les chasseurs alliés le fait d'opérer à partir des terrains de Naples. Des éléments appartenant à deux gruppi de la nouvelle république sociale fasciste, fondée par Mussolini en Italie du Nord avec la bénédiction des Allemands, participèrent à ces engagements, ainsi que des bombardiers Do-217 basés dans le sud de la France, qui attaquèrent les navires de débarquement au large d'Anzio, endommageant notamment le destroyer britannique Janus et coulant le navire-hôpital Saint David.

Du 3 au 20 février, le général Mackensen, qui disposait d'une nette supériorité sur le plan des moyens, tenta, avec l'appui de la Luftwaffe, de réduire la tête de pont. Il ne dut d'échouer qu'à la résistance acharnée des défenseurs et à l'intervention massive de l'aviation alliée dès que les conditions atmosphériques le permirent. Une seconde tentative allemande débuta à la fin de février, dont le fiasco s'explique encore en grande partie par l'action aérienne.

un Dakota de la RAF opérant depuis l'Italie au bénéfice des partisans yougoslave.

Le 2 mars, notamment, par temps clair, l'aviation stratégique alliée intervint directement dans la bataille, pilonnant les arrières immédiats des troupes allemandes. Près de 250 Liberator et Flying Fortress, appuyés par 180 Lightning et Thunderbolt, écrasèrent Cisterna, Carroceto, Velletri et les villages situés au pied des monts Albains.

La destruction de l'abbaye du mont Cassin

Si la tête de pont était sauvée, le débarquement d'Anzio n'avait pas permis de prendre à revers les troupes allemandes, et cette faillite survenait au moment où l'attaque alliée se brisait devant Cassino. De fait, du 17 janvier au 11 février, la ye armée américaine du général Clark avait multiplié vainement les assauts pour tenter de percer le front allemand.

Le 10e corps d'armée britannique avait essayé de s'ouvrir un chemin par Ausonia, tandis que le 2e corps américain de Keyes avait d'abord cherché à franchir le Rapido, puis à déborder Cassino par le nord, en liaison avec le corps expéditionnaire français agissant en direction du Belvédère. L'échec final de ces opérations tenait aux difficultés du relief, à l'âpreté de la résistance allemande et aussi aux conditions atmosphériques, toujours aussi détestables, qui gênaient considérablement l'action de l'aviation.

décollage en alerte de Macchi MC-200 à l'approche d'une formation de bombardiers alliés au-dessus de l'Italie

A la mi-février, le général Clark décida de lancer un nouvel assaut, direct cette fois-ci, contre la ville de Cassino. Mais le général Freyberg, chargé de l'opération, exigea la destruction préalable de l'abbaye du mont Cassin, qui dominait le champ de bataille et qu'il croyait occupée par l'adversaire, en dépit des dénégations des Allemands, qui avaient effectivement respecté le monastère. Celui-ci fut bombardé pour la première fois le 15 février par 142 Flying Fortress, qui déversèrent sur le mont Cassin 300 t de bombes explosives et incendiaires.

Les villes italiennes ne furent pas épargnées par les bombardements américains et britanniques. Ci-dessus : la galerie Vittorio Emmanuele à Milan après le passage des bombardiers de la RAF.

Outre ses effets psychologiques  immédiatement exploité par la propagande allemande, il provoqua une intense émotion dans le monde entier, ce raid se révéla nuisible sur le plan tactique : en effet, les Allemands occupèrent les ruines du monastère, qui leur offrirent des abris et un excellent observatoire, contribuant ainsi à faire échouer l'attaque du général Freyberg.

Un mois plus tard, ce dernier effectua une nouvelle tentative, précédée d'une préparation d'artillerie massive et de l'intervention de la quasi-totalité de l'aviation tactique et même stratégique alliée, soit 775 appareils, en majorité des bombardiers lourds et moyens appuyés par 200 chasseurs bombardiers, qui déversèrent sur Cassino et ses abords immédiats (en l'occurrence, une zone de 350 m sur 1 300 m) près de 2 000 t de bombes explosives.

Les chasseurs bombardiers attaquèrent surtout, à la bombe et aux armes de bord, les positions d'artillerie, les centres d'approvisionnement et les ponts. Une fois de plus, l'offensive se solda par un échec coûteux. Les Néo-Zélandais ne parvinrent pas à briser la résistance farouche des parachutistes allemands, et le bombardement se révéla encore plus nuisible qu'utile, puisque les décombres bloquèrent la progression des chars.

un North American B-25 ' Mitchell en opérations contre les premières lignes allemandes au cours de l'offensive alliée d'octobre 1943

Le 22 mars, l'état-major allié, cédant au découragement, arrêta l'offensive, et, pendant deux mois, ce fut le statu quo sur le front italien. Toutefois, le général Alexander, commandant en chef des forces alliées en Méditerranée, envisagea une solution nouvelle pour tenter de briser la résistance allemande : l'emploi massif de toute l'aviation alliée sur les lignes de communication adverses, dans le cadre de l'opération « Strangle » (Asphyxie). C'est ainsi que tous les jours, pendant plusieurs semaines, les forces de la DAF et du 12th TAC, en liaison avec les bombardiers stratégiques, s'acharnèrent sur les routes, les voies ferrées, les ponts, les ports, les cols des Alpes. Les chasseurs attaquaient les trains et les colonnes de ravitaillement.

C'est dans le cadre de l'opération Strangle que, le 5 mai 1944, des Kittyhawk et des Mustang du 239th Wing de la DAF parvinrent à détruire le barrage de Pescara sans subir aucune perte.

En dépit de cet effort massif comme des réaction: négligeables de la Luftwaffe et même de la défens( antiaérienne, cette opération se solda encore par ur échec. En effet, l'état-major allemand, s'attendant à une exacerbation de la guerre aérienne avec l'arrivé( du printemps, avait mis l'hiver à profit pour accumuler près du front les approvisionnements nécessaires.

L'effort intense de l'aviation alliée s'accompagna de remaniements. Occupée en septembre 1943, à la faveur d'une opération parfaitement menée par les forces françaises agissant depuis l'Afrique du Nord. la Corse joua un rôle de plus en plus important dam la campagne d'Italie. Décollant de l'île de Beauté. les Republic P-47 pouvaient en effet attaquer des objectifs situés nettement au nord de Rome sans avoir à survoler les lignes de front. Au printemps de 1944 la plupart des bombardiers moyens américains opé raient à partir des bases corses.

issue du plan 5, une nouvelle génération de chasseurs italiens vit le jour au début de l'année 1943. Né du montage d'un moteur Fiat RA-1050 (licence Daimler-Benz) sur une cellule dérivée du R-2000 Falco, le Reggiane R-2005 Sagittario » n'était en service qu'à quarante-huit exemplaires au 22e Gruppo Caccia, affecté à la défense de Rome, ainsi qu'à la 262' Squadriglia, basée en Sicile.

Toutefois, à cette date, en prévision des grand: débarquements en France et des offensives dans le Sud-Est asiatique, le commandement américain réduisi les effectifs aériens engagés directement sur le fron italien. Deux groupes de chasse et un groupe de bom bardiers moyens furent envoyés aux Indes, tandis qut deux groupes américains dotés de Spitfire se viren rééquipés avec les premiers North American P-51 « Mustang » envoyés en Méditerranée et destinés à l'escorte des bombardiers stratégiques de la 15th Ail Force. A titre de compensation, la RAF transféra en Corse deux wings de Spitfire Mk-IX basés au Moyen-Orient pour opérer avec le 12th TAC. Agirent également en liaison avec ces groupes les Spitfire et les P-47 de l'armée de l'air française partant de: terrains d'Afrique du Nord.

Parallèlement à l'opération « Strangle », les forma Lions de la DAF déployaient une activité croissante au dessus de la Yougoslavie, où la guérilla se révélait de plus en plus efficace, et la RAF développait ses for mations de bombardement de nuit. Simultanément le commandement allié affecta six unités de chasse( (quatre britanniques et deux américaines) à la défens( nocturne du ciel italien, pour s'opposer aux raid! meurtriers des quelques Junkers Ju-88 basés en Lom bardie (dans la nuit du 2 au 3 décembre 1943, à la faveur d'une émission massive de bandelettes métalliques destinée à brouiller les radars, des appareils des KG-54 et 76 avaient attaqué le port de Bari, touchant quatorze navires et provoquant d'importants dégâts).

vue du port de Bari après le bombardement des navires de ravitaillement alliés par la Luftwaffe le 2 décembre 1943.

L'impasse sur le front italien cessa avec l'offensive générale lancée par les Alliés le 11 mai 1944. La ligne Gustav ne put être percée que grâce à l'offensive audacieuse du corps expéditionnaire français du général Juin dans les monts Aurunci, et ce furent les Polonais qui, le 16 mai, eurent le privilège d'occuper les ruines de la ville et de l'abbaye du mont Cassin. Avec le repli général des forces allemandes, les Alliés progressèrent rapidement, faisant leur jonction avec les troupes qui occupaient la tête de pont d'Anzio et entrant dans Rome le 5 juin, à la veille du débarquement de Normandie.

La France constituant désormais le principal théâtre d'opérations à l'ouest, la Luftwaffe retira d'Italie ses dernières unités de chasseurs et de chasseurs bombardiers. Un mois plus tard, il ne restait plus dans la péninsule que quelques gruppi de l'aviation de la République sociale italienne, un petit nombre d'avions de reconnaissance allemands et une formation d'attaque de nuit de Junkers Ju-88 appartenant au NSGr.9.

Le 22 janvier 1944, les Alliés débarquaient à Anzio, au sud de Rome, sur les arrières des troupes allemandes. Cette opération, qui bénéficia d'un important appui aérien, ne permit pas de prendre à revers les divisions du maréchal Kesselring  

L'écrasante supériorité aérienne des Alliés, en dépit d'attaques constantes le long des routes et des voies ferrées, ne se révéla pas décisive, et, au cours de l'été, grâce à de remarquables actions de retardement, la retraite allemande s'effectua lentement et méthodiquement à travers l'Ombrie et la Toscane. Florence ne fut occupée que le 4 août. Le redéploiement aérien allié contribua, il est vrai, à faciliter le repli de la Wehrmacht, en vue d'un rétablissement sur la ligne gothique, dans le nord de l'Apennin.

Contre l'avis des Britanniques, qui souhaitaient tirer parti de la victoire en Italie pour gagner vers l'Europe centrale par la passe de Ljubljana, le commandement américain maintint son projet de débarquement dans le sud de la France. Cette opération devait mettre en oeuvre des forces prélevées sur le théâtre italien, et ce, dès le mois de juin. Après le transfert en Corse de toute l'aviation tactique américaine et d'un wing de Spitfire de la RAF, la Desert Air Force se trouvait donc seule pour assurer le soutien des opérations en Italie centrale. En définitive, cette nouvelle orientation de l'effort allié facilita le repli allemand sur la ligne gothique au début de l'automne, repli qui eut pour conséquence une nouvelle stabilisation du front italien pendant plus de six mois.

une formation de B-25 Mitchell de l'USAAF survole la zone des combats autour du mont Cassin au début de l'année 1944.

De fait, en septembre et en octobre, les troupes alliées ne réussirent pas à enfoncer les positions allemandes et à déboucher dans la plaine du Pô. La ye armée américaine s'arrêta à 15 km de Bologne, tandis que la Vile armée britannique piétinait en Romagne. Les pluies diluviennes de l'automne italien gênèrent à nouveau considérablement l'activité aérienne, et les troupes alliées furent condamnées à passer un nouvel hiver dans les rudes montagnes de l'Apennin. Le 28 octobre, le général Clark se voyait obligé de se mettre sur la défensive et de reporter au printemps l'opération qui permettrait de percer la ligne gothique.

le 15 février et le 15 mars, les bombardiers alliés attaquaient directement le monastère et le village, qui furent ravagés par 2 300 t de bombes. Erreur tactique, qui allait prolonger la résistance allemande dans les ruines de l'abbaye.

L'ultime offensive

Cette dernière phase des opérations s'accompagna d'un nouveau remaniement de l'aviation alliée. Après le succès du débarquement de Provence et l'avance rapide des troupes franco-américaines en direction des Vosges et de l'Alsace, plusieurs formations aériennes furent renvoyées en Italie. Si le 12th TAC resta en France, les Américains reconstituèrent dans la péninsule, un 22nd TAC comprenant cinq groupes de P-47, trois wings de la RAF dotés de Spitfire et des formations de bombardiers moyens américains.

Pendant tout l'hiver, en liaison avec la DAF, le 22nd TAC mena sur les arrières du front allemand une campagne d'interdiction à laquelle participèrent également des Spitfire Mk-VIII de supériorité aérienne transformés en chasseurs bombardiers, du fait de la disparition presque complète de la Luftwaffe. Les appareils alliés bombardèrent les cols des Alpes, les voies ferrées venant d'Autriche et de Yougoslavie, et détruisirent systématiquement les ponts franchissant le Pô et ses affluents.

Après l'armistice du 8 septembre 1943, une partie des forces aériennes d'Italie du Sud poursuivit la lutte aux côtés des Alliés.  un Macchi MC-205.V des forces cobelligérantes

Comme l'opération « Strangle », cette offensive systématique n'eut pas de résultats décisifs. Les voies ferrées furent réparées dans des délais record. Les Allemands pallièrent la destruction des ponts au moyen de bacs soigneusement camouflés. Les mouvements s'effectuaient toujours de nuit, sur les chemins de campagne (la Wehrmacht parvint même à emprunter la Via Emilia, la grande rocade qui desservait l'ensemble du front de l'Apennin!).

un bimoteur de bombardement du Stormo « Baltimore

Dès lors, pour venir à bout des vingt-trois divisions allemandes et des quatre divisions italiennes qui défendaient la ligne gothique, deux actions furent prévues : une offensive de la Ville armée, le 5 avril 1945, en direction d'Argenta, et, trois jours plus tard, une attaque de la ye armée américaine sur Bologne, Modène et Ferrare. Cette double opération devait entraîner l'effondrement de toute la partie orientale du front allemand. Pour en assurer le succès, le commandement allié comptait sur la qualité de ses troupes, mais aussi sur l'écrasante supériorité de son aviation.

des Bell P-39 du 4e Stormo, engagé au-dessus de la Yougoslavie

De fait, le 8 avril, sur le front de la Ville armée, l'offensive débuta par une des plus violentes attaques aériennes de la guerre. A cette occasion, 825 bombardiers déversèrent sur les positions des batteries lourdes et les points de rassemblement des réserves allemandes 175 000 bombes à fragmentation, évitant de bouleverser le sol et d'entraver ainsi la marche des blindés. En outre, 1 000 bombardiers moyens et chasseurs bombardiers attaquèrent les positions allemandes, les zones de combat, les PC et toutes les routes conduisant à l'arrière du front.

Cette intervention massive joua un rôle capital dans la rupture du système adverse, d'autant que, les jours suivants, le soutien aérien rapproché resta constant et que les chasseurs bombardiers se relayaient sans relâche au-dessus du champ de bataille. Des officiers de liaison air se tenaient dans des chars avec les troupes de première ligne et, grâce à un remarquable système de photographie aérienne, dirigeaient les avions sur les objectifs repérés.

Spitfire Mk-IX de la RAF sur l'aérodrome de Naples-Capodichino en 1944. Au fur et à mesure de l'avance des troupes, de nombreux terrains étaient aménagés le long des côtes de la péninsule pour assurer l'appui rapproché, le ravitaillement des unités combattantes et l'escorte des bombardiers lourds opérant au-dessus de l'Allemagne du Sud et des Balkans

La ligne gothique fut définitivement enfoncée le 20 avril et les Allemands amorcèrent un repli en arrière du Pô. De son côté, l'offensive de la Vè armée américaine, finalement déclenchée le 14 avril, se soldait aussi par un succès complet, dû en grande partie à l'intervention massive de l'aviation, qui, dans la seule journée du 15 avril, par exemple, devait larguer 1800 t de bombes.

En outre, la supériorité aérienne alliée entrava considérablement, cette fois-ci, la retraite allemande. La destruction des derniers ponts du Pô obligea la Wehrmacht à abandonner presque tout son matériel lourd au sud du fleuve et compromit tout rétablissement effectif. Le 28 avril, les Américains acceptaient la reddition inconditionnelle des généraux Vietinghoff et Wolff, et de toutes les troupes combattant en Italie et en Autriche (près de 1 million d'hommes), mettant ainsi fin à la campagne d'Italie.

Bien qu'elle eût joué un rôle capital dans la rupture de la ligne gothique et l'effondrement de la résistance allemande en Italie du Nord, l'action aérienne alliée n'en avait pas moins été une source de désillusions. En effet, malgré leur supériorité numérique écrasante, la RAF et l'USAAF n'avaient jamais pu, avant le printemps 1944, empêcher la Luftwaffe d'intervenir dans des actions ponctuelles, que ce fût lors des débarquements de Salerne et d'Anzio ou des combats menés le long de la ligne Gustav. En ces occasions, les Allemands avaient pu expérimenter une arme destinée à un brillant avenir, l'engin air-mer. En tout cas, la supériorité aérienne alliée n'avait jamais pu être absolue.

Obéissant au maréchal Badoglio, certains pilotes italiens rejoignirent les Alliés au sud de la ligne de front. Beaucoup préférèrent se joindre au colonel Botto, resté fidèle à Mussolini, qui tentait de réorganiser, au nord, la force aérienne d'une pseudo-République sociale italienne. Équipés de Bf-109.G sur le terrain de Vérone, les pilotes du 2' Gruppo Caccia (ci-dessous) étaient au nombre de ces derniers

L'appui tactique, tout en s'avérant indispensable et bien souvent déterminant, s'était cependant révélé aléatoire. Du fait des conditions particulières du combat en montagne et du temps exécrable, l'aviation alliée ne s'était, en aucun cas, montrée aussi efficace qu'en Libye ou en Tunisie, où les conditions géographiques et météorologiques étaient idéales.

La campagne d'Italie avait montré les possibilités de l'aviation stratégique, dont l'action ne s'était pas limitée à des raids sur les grands centres industriels ou ferroviaires de l'Italie du Nord ou des cols des Alpes, mais s'était étendue à l'appui tactique (bataille de Cassino, offensive d'avril 1945).

Toutefois, malgré l'importance des moyens employés, cette campagne devait faire ressortir les difficultés d'une opération générale d'interdiction sur les arrières d'un front, en raison de la multiplicité des objectifs et de l'extraordinaire faculté d'adaptation de l'adversaire, comme devaient le confirmer par la suite les guerres de Corée et du Viêt-nam. En définitive, tout en se révélant une arme capitale, l'aviation ne peut prétendre gagner une guerre à elle seule et ne donne toute sa mesure qu'en liaison étroite avec les autres armes.

 


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Fan d'avions © 16 Mai, 2001