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Guerre 39-45


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Guerre à l'Est

GUERRE A L'EST

En lançant la Luftwaffe à l'assaut de l'Union soviétique, dans le cadre de l'opération « Barbarossa », Hermann Goering scellait le destin du Ille Reich

Le 22 juin 1941, Hitler déclenche contre l'Union soviétique l'opération « Barbarossa ». En attaquant l'U.R.S.S., le Führer poursuit un triple but : il veut écarter la menace potentielle que l'armée rouge fait planer sur les frontières orientales du Reich; il tient à acquérir ]'«espace vital » nécessaire à l'économie de l'Allemagne avec les ressources en céréales et en minerais de l'Ukraine et les pétroles du Caucase; enfin, en abattant l'Union soviétique en une seule campagne, avant l'hiver, Hitler espère décourager la GrandeBretagne, la priver de son dernier allié potentiel sur le continent et l'amener à signer la paix.

Pour l'exécution de « Barbarossa », le Führer réunit près de 170 divisions, les deux tiers d'une armée allemande rompue au combat et qui accumule les victoires depuis près de deux ans. Au total, il dispose de près de trois millions d'hommes et de 3 500 chars. En revanche, compte tenu des exigences de la lutte contre l'Angleterre et en Méditerranée, il ne peut aligner à l'Est que la moitié des forces de la Luftwaffe.

Un Heinkel He-111.11 du KG-53 revêtu d'un camouflage hivernal survole le front de l'Est en 1942. Employés tactiquement, ces appareils obtinrent de bons résultats dans les premiers mois de la guerre, mais ne purent remplacer les bombardiers stratégiques, dont l'absence ne tarda pas à se faire cruellement sentir

La perspective de l'attaque contre la Russie a d'ailleurs suscité les plus extrêmes réserves de Goering, qui s'est efforcé de mettre le Führer en garde contre les dangers d'une guerre sur deux fronts.

A Hitler, qui prétend que la campagne sera très rapide et que l'aviation pourra reprendre ses raids sur l'Angleterre au bout de six semaines, Goering rétorque « La Luftwaffe est la seule branche des forces armées qui n'ait pas connu de répit depuis le début de la guerre [...1. Je ne suis pas du tout certain que vous puissiez vaincre la Russie en six semaines. Les forces terrestres ne peuvent combattre sans le soutien de la Luftwaffe. Elles ne cessent de réclamer son appui. Je ne puis formuler qu'un seul voeu, c'est celui que vous ayez raison. Mais, franchement, j'en doute fortement. »

Les forces en présence

L'avertissement devait être vain et, à la suite du contretemps de la campagne des Balkans, l'ordre de déclencher « Barbarossa » est fixé au 22 juin 1941. Pour conserver le secret le plus longtemps possible, le déplacement des unités aériennes affectées à la guerre à l'Est n'intervient que dans les premiers jours de juin, et, au fur et à mesure de leur arrivée sur les terrains polonais, les appareils sont dispersés et camouflés. Au total, la Luftwaffe met en oeuvre 2 770 avions, soit 310 bombardiers en piqué; 775 bombardiers en vol horizontal; 830 chasseurs monoplaces; 90 chasseurs destroyers 710 appareils de reconnaissance; 55 avions de surveillance côtière.

II s'agit là d'une force aérienne expérimentée, rompue au combat, mais légèrement inférieure en effectifs à celle qui a été engagée le 10 mai 1940, lors de la grande offensive à l'Ouest, et qui va rapidement se révéler insuffisante compte tenu de l'immensité du théâtre d'opérations soviétique. Quant à la doctrine d'emploi, elle reste la même : la Luftwaffe va agir en masse, par flottes aériennes, au gré de l'évolution de la bataille.

trois pilotes soviétiques (de gauche à droite, le lieutenant Krikounov, le lieutenant Volkov et le major Kondratiev) posent devant leur nouveau chasseur Hawker " Hurricane " livré par la Grande-Bretagne en septembre 1942.

Dès l'ouverture de la campagne, sa première mission consiste à détruire au sol le maximum de forces aériennes adverses. Après quoi, les escadres de bombardiers en piqué appuieront directement la progression des divisions blindées, jouant le rôle traditionnel d'artillerie volante. Les autres Gruppen de bombardement agiront directement sur les arrières de l'ennemi, attaquant les concentrations de troupes, les étatsmajors, les moyens de communication (ponts, routes, voies ferrées), s'efforçant de désorganiser les transports et les transmissions.

Le commandement de l'armée compte encore sur l'action de l'aviation de reconnaissance pour mener ses grandes opérations d'encerclement. Cette mission n'ira cependant pas sans difficulté, et, rapidement, les Soviétiques utiliseront les signes de reconnaissance des Panzer (croix gammée, panneaux de couleur) pour désorienter les avions de reconnaissance. Les troupes allemandes devront recourir à l'émission de fumigènes et de signaux lumineux suivant des procédures déterminées à l'avance.

Polikarpov I-15 détruit au sol lors de la grande offensive allemande de juin 1941

En attendant le déclenchement de l'attaque, une question se pose naturellement aux états-majors de la Luftwaffe : quelle est la puissance de l'aviation de l'armée rouge ? Sur le papier, celle-ci apparaît imposante : à la suite de l'effort massif d'armement effectué dans le cadre des premiers plans quinquennaux, l'aviation soviétique dispose de près de 15 000 appareils.

En fait, sa puissance réelle ne reflète que de très loin l'importance des effectifs. En premier lieu, l'aviation ne constitue nullement une arme indépendante comme la Luftwaffe; elle n'est que l'une des composantes de l'armée de terre et restera telle jusqu'à la fin de la guerre. Groupées en divisions de chasse, de bombardement et de reconnaissance ou d'unités composites, les forces aériennes se trouvent ainsi affectées aux corps d'armées et aux armées, ce qui conduit à une dispersion effective.

Cette organisation est le reflet d'une doctrine : au début des années trente, avec la construction d'appareils géants, l'armée rouge a paru, sans sacrifier la chasse et l'appui tactique, s'orienter vers la création d'une aviation de bombardement stratégique à longue distance.

Mais, à partir de 1937-1938, l'accent a été mis sur l'aviation d'appui au sol, et cette tendance s'est trouvée renforcée avec les succès enregistrés parla Luftwaffe lors des campagnes de Pologne et de France. Aussi, à la veille de l'attaque allemande, sur soixantedix-neuf divisions aériennes, ne compte-t-on que treize divisions de bombardement à longue distance, dotées généralement d'avions de type ancien, contre quarantetrois divisions d'appui tactique, dont trente-quatre mixtes, composées de chasseurs bombardiers.

Indépendamment de cette conception, les débuts de la guerre vont révéler de sérieuses carences, et d'abord au niveau du commandement, encore mal remis des « purges » de 1937-1938, qui ont décapité le corps des officiers généraux.

en août 1943, des armuriers de la Division Azul réapprovisionnent un chasseur en munitions. La présence de cette division de volontaires espagnols sur le front de l'Est constituait la réponse de Franco à l'aide que lui avait apportée Hitler dés 1936

Les liaisons entre les divisions aériennes et les troupes au sol s'avéreront souvent détestables, en partie par suite du défaut de systèmes modernes de transmission. Le plan de création d'aérodromes dans les pays baltes et dans l'est de la Pologne, récemment annexés, n'a pas été réalisé. Les terrains sont trop peu nombreux et notoirement sous-équipés.

Par ailleurs, le développement de l'aviation de reconnaissance reste très insuffisant, et cette lacune se manifestera jusqu'en 1943-1944. Enfin, les divisions aériennes sont encombrées de matériels anciens, largement périmés, comme les chasseurs de type I-16. De plus, l'entraînement des pilotes est insuffisant.

Au 22 juin 1941, cependant, l'armée rouge compte d'excellents appareils, comme le MiG-3, le Yak-1, le La-3, le Pe-2, et surtout l'Il-2 Stourmovik; mais on ne compte que 2 739 de ces avions en unité, dont la moitié dans les régions occidentales de la Russie.

En définitive, en se limitant aux appareils modernes, l'aviation soviétique fait théoriquement jeu égal avec la Luftwaffe, mais, dans la réalité, elle lui est terriblement inférieure, tant par l'infrastructure que par l'entraînement et par l'application pratique des doctrines tactiques. Au total, jusqu'en 1942 et même 1943, l'aviation allemande manifestera une inconstestable supériorité sur sa rivale.

Une surprise totale

En attendant, le 22 juin 1941, la surprise est complète pour l'armée rouge, aussi bien sur terre que dans les airs. Dés le premier jour, la Luftwaffe acquiert la supériorité aérienne. Les attaques au sol, en particulier, survenant à l'aube, sont couronnées de succès. A cette occasion, les Allemands utilisent pour la première fois des petites bombes à fragmentation groupées en conteneurs et qui se dispersent sur les terrains, provoquant d'importants dégâts sur de très larges surfaces.

A la fin de la première journée, soixante-six aérodromes ont fait l'objet d'attaques dévastatrices visant spécialement les avions de modèles récents.

La très officielle histoire de la grande guerre patriotique reconnaîtra que ces attaques, associées à des combats aériens, se sont soldées dès le 22 juin à midi par la destruction de 1 200 appareils, dont 800 au sol.

Toutefois, les pertes en personnels sont relativement minimes,et avec le transfert des usines d'armement vers l'Est, l'U.R.S.S. sera en mesure de reconstituer assez rapidement son potentiel aérien.

En attendant, maîtresse du ciel, la Luftwaffe joue un rôle déterminant dans les premières grandes batailles et dans l'avance irrésistible des Panzer à travers les pays baltes et la Biélorussie.

Elle participe encore, de manière magistrale, en septembre, à la manoeuvre d'encerclement de l'Ukraine, qui se solde par la destruction d'une armée d'un million d'hommes et d'un imposant matériel.

la Luftwaffe n'est pas invincible; pour l'équipage de ce Bf-110, la guerre s'est terminée quelque part dans l'immensité des steppes blanches

A cette date, la Wehrmacht achève d'investir Leningrad, occupe Kiev, à moins de 300 km de Moscou, et termine la conquête de l'Ukraine. L'armée rouge a perdu plus de 2,5 millions de prisonniers, 8 000 chars et 16 000 canons. Quant à la Luftwaffe, elle compte en trois mois d'opérations 1 603 avions abattus et 1 028 endommagés, soit l'équivalent des effectifs engagés le 22 juin.

Ces pertes, imputables surtout à la défense antiaérienne, frappent essentiellement les formations de bombardiers (He-111 et Ju-88), des appareils difficiles à remplacer et dont les équipages ont disparu au-dessus du territoire tenu par l'armée rouge. Ainsi, même si la victoire n'est pas encore compromise, la campagne de Russie constitue déjà une terrible saignée pour la Luftwaffe et justifie les inquiétudes de Goering, obligé d'engager ses réserves et ses unités d'instruction.

 

servants d'une pièce antiaérienne soviétique scrutant le ciel à la recherche d'avions ennemis. Concentrée autour des grands centres urbains, la DCA soviétique opposa une farouche résistance aux assauts de la Luftwaffe, infligeant de très lourdes pertes aux bombardiers allemands

La bataille de Moscou

Quoi qu'il en soit, en octobre et novembre, en un suprême effort, les formations aériennes participent à l'opération «Typhon», l'offensive décisive contre Moscou, menée avec le gros des divisions blindées et motorisées. Là encore, les débuts sont prometteurs, et les batailles de Viazma et de Briansk se soldent par la capture de près de 600 000 prisonniers soviétiques. Début novembre, les Allemands ne sont plus qu'à 100 km de Moscou.

Mais, alors que la prise de la capitale soviétique ne semble plus être qu'une question de jours, brutalement, la machine de guerre allemande s'enraye. Pour commencer, les divisions motorisées et blindées rencontrent la boue, la terrible raspoutitza, avant de se heurter, fin novembre, à un froid de plus en plus intense, à la désorganisation des transports et à un raidissement de la défense soviétique. Après un suprême effort, l'offensive s'enraye définitivement aux portes de Moscou, et, le 5 décembre, l'armée rouge est en mesure de lancer une contre-attaque générale sur toute l'étendue du front central.

Après des replis de 150 à 200 km, l'armée allemande - constituant des « hérissons », sur l'injonction de Hitler - parvient à surmonter l'épreuve, au prix de pertes et de souffrances inouïes. Mais le terrible hiver russe constitue pour la Luftwaffe une redoutable épreuve. Jusqu'à l'offensive de Moscou, celle-ci a réussi à maintenir un taux de sorties journalier de 75 % des appareils pour les Stuka, de 60 %. pour les chasseurs et de 40 % pour les bombardiers en vol horizontal.

Mais, à la fin de 1941, l'essoufflement se fait sentir, et, en mobilisant toutes ses réserves et ses unités d'instruction, la Luftwaffe n'aligne plus que 1 700 appareils sur un front de 2 500 km, s'étendant de Leningrad à la mer d'Azov. Elle souffre en outre du manque de terrains bien équipés dans les régions occupées et du froid intense, qui rend extrêmement difficile l'entretien d'appareils obligés de rester vingt-quatre heures sur vingt-quatre en plein air sur les aérodromes. Faute de lubrifiants et d'équipements appropriés, moteurs et armes refusent bien souvent de fonctionner.

 

Cimetière de matériels allemands prés de Kalouga. Beaucoup de ces véhicules furent abandonnés par la Wehrmacht à la suite d'attaques aériennes soviétiques

Enfin, lors de la bataille de Moscou et de la contreoffensive, l'aviation soviétique fait sa réapparition, profitant des aérodromes bien aménagés des abords de la capitale et de l'exceptionnel effort de production des usines aéronautiques de l'Oural et de la Sibérie occidentale, situées hors de portée des Allemands.

L'action aérienne de l'armée rouge reste cependant entravée par les conditions météorologiques détestables, le manque de pilotes confirmés et la faiblesse de l'entraînement tactique.

En dépit de son affaiblissement et de ses difficultés logistiques, la Luftwaffe accomplit, au cours de l'hiver 1941-1942, un véritable tour de force. Appuyant des formations blindées, elle participe au dégagement des unités encerclées et organise les deux premiers ponts aériens de l'histoire militaire : de février à avril 1942, elle ravitaille ainsi les 3 500 hommes assiégés à Cholm et, surtout, les 100 000 soldats de la XVIle armée pris au piège dans le secteur de Demiansk. Dans le premier cas, en l'absence de terrains, le ravitaillement est assuré par des planeurs DFS-230 et Gotha 242, dont les capacités sont respectivement de 500 et 1 500 kg. Comme il n'est pas question de récupérer les appareils, les pilotes sont amenés à combattre comme simples fantassins.

 

Des renforts d'infanterie allemands embarquent à bord de quadrimoteurs Junkers Ju-90 sur le front du Don en mars 1943. Malgré l'opposition de la défense antiaérienne et de la chasse soviétiques, la Luftwaffe parvint à plusieurs reprises au prix de très lourdes pertes - à établir de véritables ponts aériens au profit des secteurs les plus menacés

Dans le second cas, l'opération est relativement plus facile, les troupes encerclées tenant les aérodromes de Demiansk et de Peski. A partir de Pleskau, situé à 200 km, l'aviation de transport, au prix d'un effort considérable et en mettant en jeu près de 600 appareils, livre en moyenne 276 t d'approvisionnements par jour, tout en assurant l'évacuation de 22 000 blessés et l'acheminement de 15 000 hommes de renfort. En dépit d'attaques soviétiques réitérées, cette double opération permet d'éviter la destruction des troupes allemandes et d'assurer leur dégagement au printemps, malgré la perte de 264 avions de transport.

La chute de Sébastopol

L'arrivée du printemps permet à l'armée et à l'aviation allemandes de reconstituer leurs forces en vue de l'offensive finale, qui doit permettre d'entraîner la chute définitive de l'Union soviétique. Sous l'impulsion de Jeschonneck, chef d'état-major, et du maréchal Milch, qui a succédé à Udet à la tête des fabrications, la Luftwaffe réussit, dès le mois de juin 1942, à reconstituer sur le front de l'Est une masse de manoeuvre de 2 400 avions de combat, dont les deux tiers vont être engagés dans le cadre de la Luftflotte 4 sur le front sud, où doit se jouer la décision.

L'offensive débute, le 2 juin, avec l'attaque de Sébastopol menée par la Xle armée de von Manstein, appuyée par une artillerie formidable, et le 8e corps aérien de von Richthofen, qui va battre tous les records en matière de bombardement. A partir des aérodromes de Crimée, les avions allemands sont à moins de dix minutes de vol de la forteresse, et les équipages effectuent jusqu'à dix-huit missions par jour. Associés au tir des grosses pièces, ces raids intensifs (mille à deux mille sorties par jour) permettent de briser la résistance des forts soviétiques et d'enlever Sébastopol le 3 juillet.

A cette date, le fer de lance de l'armée allemande, groupant le gros des Panzer et des unités motorisées, vient de passer à l'offensive sur le Donetz. D'après le plan établi par Hitler en avril, deux groupes d'armées, sous les ordres de von Bock et de von List doivent nettoyer la boucle du Don, atteindre le coude de la Volga à la hauteur de Stalingrad, avant de foncer en direction du sud, vers le Caucase et la Caspienne. L'occupation des terres à blé et des puits de pétrole du Kouban doit entraîner l'effondrement de l'Union soviétique.

Une fois de plus, les débuts sont prometteurs et, au cours du mois de juillet, les formations blindées atteignent Voronej, longent le cours du Don, enlèvent Rostov et avancent en direction du Caucase et du Terek. Suivant les règles en vigueur depuis 1939, les 1 700 appareils de la Luftflotte 4 apportent une aide décisive aux Panzer, brisant, en maintes occasions, la résistance de l'armée rouge.

Stalingrad

Toutefois, dès la mi-septembre, la progression se ralentit, puis s'arrête. Les troupes allemandes piétinent aux abords du Caucase et ne peuvent dépasser le Terek. Les difficultés logistiques liées à une avance de 700 km sont à l'origine de cette pause, et la Luftwaffe doit ravitailler les unités d'avant-garde par conteneurs. Le raidissement soviétique joue également son rôle. Mais, surtout, fin juillet, Hitler a commis l'erreur de diviser ses forces en deux axes divergents, l'un en direction du sud et l'autre sur Stalingrad, que les Soviétiques ont transformé en forteresse.

A partir de 1943, l'équilibre des forces était rompu en faveur des Soviétiques grâce à l'arrivée en unité de nouveaux avions. Les Yak-9 et les Yak-3 s'imposèrent face aux Bf-109.G et aux Fw-190.A, et, en quelques mois, la chasse soviétique s'adjugea la maitrise du ciel

A partir de la fin août, toute l'attention des belligérants se cristallise sur la grande ville de la Volga, défendue par deux armées soviétiques et attaquée par la VIe armée de Paulus et la Ire armée blindée de Hoth. Toutes les formations aériennes de la Luftwaffe combattant sur le front sud participent à cet assaut. L'action aérienne débute, les 23 et 24 août, par des raids destructeurs menés par des vagues incessantes de bombardiers qui provoquent des milliers de victimes dans la population civile.

Au cours des semaines suivantes, les assauts lancés par les bataillons allemands contre les blocs d'habitations et les usines sont accompagnés de groupes de vingt à trente chars et précédés de déluges d'obus et de bombardements aériens massifs. En fait, ces raids se révèlent plus nuisibles qu'utiles.

Multipliant les champs de ruines, ils gênent la progression de l'infanterie et des chars, et facilitent la tâche des défenseurs, qui reçoivent pour consigne de « coller » le plus possible aux lignes adverses.

un bombardier soviétique Tupolev AR-2. Ce type de bimoteur assura la transition entre les vieux bombardiers Tupolev et les modernes Pettyakov Pe-2, apparus en grand nombre à la fin de l'année 1942.

De peur d'atteindre ses propres troupes, le commandement allemand doit renoncer aux préparations et utiliser l'aviation contre la navigation sur la Volga et les dépôts et les réserves soviétiques de la rive gauche.

Au début de novembre 1942, les Allemands contrôlent, à l'exception de quelques îlots de résistance, l'essentiel des ruines de Stalingrad. Mais une terrible menace plane alors sur les flancs de la VIe armée.

Ayant reconstitué une masse de manoeuvre, les Soviétiques sont en mesure de contre-attaquer au nord et au sud de la ville.

L'offensive débute les 19 et 20 novembre par un brouillard épais qui cloue au sol la Luftwaffe, et, quatre jours plus tard, les troupes placées sous les ordres de Paulus se trouvent prises au piège à l'ouest de la Volga dans une poche de 50 km de long sur 40 de large, avec deux aérodromes, Pitomnik et Gumrak.

Heinkel He-111 de l'aviation roumaine, engagée sur le front russe aux côtés de la Luftwaffe

L'encerclement va conduire au second grand pont aérien de la guerre à l'Est. De fait, c'est sur l'intervention de Goering, le 24 novembre au matin, que Hitler renonce à faire replier la VIe armée et à donner l'ordre de constituer un « hérisson » et de résister jusqu'au printemps dans l'attente d'une opération de dégagement.

S'appuyant sur l'expérience de Cholm et de Demiansk, le Reichsmarschall garantit le ravitaillement des troupes encerclées, même si le problème présente une ampleur bien différente de celui de l'hiver précédent. Les effectifs concernés atteignent, en effet, 220 000 hommes, et les stocks de vivres ne dépassent pas douze jours. Plus grave encore, la dotation en munitions n'est que de 10 à 20 %, soit une journée de feu, et les réserves en carburant interdisent toute manoeuvre de grande envergure des blindés. Il est vrai que les événements devaient montrer l'existence de réserves secrètes.

Sous la direction du chef de la Luftflotte 4, le général von Richthofen, en attendant que le maréchal Milch soit chargé de coordonner toute l'opération, la Luftwaffe met en couvre la quasi-totalité de ses moyens, soit deux cent trente Ju-52 et Ju-86, cent quatre-vingtdix Heinkel 111, auxquels s'ajouteront des Heinkel 177 et des quadrimoteurs Focke-Wulfe Fw-200 « Condor » venus de la base de Bordeaux- Mérignac, où ils participaient à la bataille de l'Atlantique.

nombre de femmes combattirent dans les rangs de l'aviation soviétique; ici, Vera Feodorova devant son biplan Polikarpov R-Z

En y ajoutant les appareils de transport des écoles d'instruction, l'aviation allemande réunit, début janvier, près de huit cent cinquante avions, compte non tenu, il est vrai, des indisponibilités.

Malgré ce déploiement impressionnant d'appareils, les résultats vont se révéler inférieurs à ceux que les Allemands ont obtenus au cours de l'hiver précédent, même si la poche dispose de deux aérodromes, Pitomnik et Gumrak. Le pont aérien n'atteint son intensité maximale que du 18 au 23 décembre et ne porte sur 300 t que le 19, alors que la VIe armée en réclame au minimum 500. Par la suite, les 200 t ne seront dépassées qu'exceptionnellement, à la fin décembre et au début janvier. Au total, en soixante-sept jours d'opérations,

la Luftwaffe ne réussira à livrer qu'une moyenne quotidienne de 100 t.

Plusieurs causes, que l'état-major de la Luftwaffe n'avait pas su, ou pas voulu, prévoir, expliquent ce bilan désastreux, qui va sceller le sort de la Vle armée.

D'abord, les conditions météorologiques : force est aux Allemands de constater que la boucle du Don et la basse Volga connaissent en hiver un temps épouvantable avec formation d'épaisses nappes de brouillard c'est ainsi qu'à plusieurs reprises, les 24 et 25 décembre,les 2 et 3 janvier, les avions de transport seront cloués au sol.

bombardier Tupolev SB-2 abattu au cours de l'été 1941

Deuxième mécompte : l'abandon des aérodromes avancés utilisés pour le ravitaillement de la poche, à la suite de la seconde offensive soviétique lancée à partir du 16 décembre. Après la chute d'Oblivskaïa, les chars soviétiques font irruption, le 24 décembre, sur le terrain de Morozovskaïa, d'où opèrent la plupart des avions de transport.

Dans une immense confusion, cent vingt-quatre des cent quatre-vingts Ju-52 et Ju-86 réussissent à prendre l'air, les autres étant détruits par les blindés ou victimes de collisions.

Au début du mois de janvier, la Luftwaffe doit abandonner tous les aérodromes de la boucle du Don et opérer à partir des terrains situés à l'ouest du Dniepr, ce qui allonge les distances et diminue les rotations. Alors qu'ils se trouvaient à moinsde 200 km de Pitomnik, les avions parcourent désormais de 300 à 400 km.

la rigueur de l'hiver obligeait les Allemands à utiliser des équipements mobiles de piste pour réchauffer les moteurs

Les équipages doivent encore compter avec les réactions adverses, totalement inexistantes au cours de l'hiver précédent. Les jours de beau temps, la chasse soviétique cherche à intercepter les appareils de transport au cours des vols aller, notamment alors qu'ils suivent un couloir marqué par la station de radiobalisage de Pitomnik. Aux approches du terrain et avec la réduction de la poche, les Soviétiques installent une défense antiaérienne puissante à laquelle les appareils allemands paient un tribut de plus en plus lourd.

Enfin, début janvier, Pitomnik se trouve à portée de l'adversaire, et les avions atterrissent directement sous le feu de l'artillerie soviétique, en dépit de la généralisation des vols de nuit.

Quand le terrain tombe, le 16 janvier, les appareils de transport doivent se rabattre sur Gumrak, plus étriqué, moins bien équipé et situé lui aussi à la portée des canons adverses.

Son occupation, le 22, marque pratiquement la fin du pont aérien, encore que, jusqu'au 2 février, la Luftwaffe réussisse à ravitailler par conteneurs les restes de la poche, dépassant même, à la fin du mois de janvier, le score de 100 t par jour.

pour cet équipage de Ju-88, c'est le début d'une longue et dure captivité, dont beaucoup d'aviateurs allemands ne reviendront pas

En définitive, en dépit des allégations de l'aviation, le ravitaillement par air de la Vle armée s'est soldé par un échec tragique, dans lequel l'abnégation des équipages de la Luftwaffe ne peut être mise en cause au jour de la capitulation de Paulus, l'aviation allemande a perdu 488 appareils; il est vrai que pour ce prix 42 000 blessés ont pu être évacués, échappant ainsi à la captivité et à la mort.

L'opération « Citadelle »

Après cette terrible épreuve, qui saigne à blanc l'aviation de transport, la Luftwaffe effectue un ultime redressement au début de l'été 1943. Elle réussit encore à aligner 2 500 avions de combat sur le front de l'Est et s'apprête à participer à l'opération « Citadelle » (5 juillet), destinée à réduire le saillant de Koursk et à casser les reins de l'armée rouge : 900 000 hommes, 10 000 canons et 2 700 chars interviennent dans une opération qui se résume en une attaque en tenaille sur les deux faces du saillant.

 

équipé sous voilure de bombes spécialement adaptées à chaque mission,des Stuka du StG-2 se préparent à décoller. Alors que l'état-major allemand le jugeait totalement périmé en 1943, le Ju-87 se révéla le meilleur ( tueurs de chars » de la Luftwaffe jusqu'en 1945

La Luftwaffe y engage 1 800 appareils : les 1 100 avions de la Luftflotte 4 du général Dessloch sur la face sud, et les 700 appareils de la Fliegerdivision 1 du général Deichmann sur la face nord. Pour la première fois, des Stuka Ju-87 et des Henschel Hs-129.B dotés de canons de 30 mm tirant des obus au tungstène à haute capacité de perforation ont pour objectif d'attaquer des chars soviétiques en rase-mottes.

En dépit de l'élan des Panzer et de l'action intensive de l'aviation, les Allemands ne peuvent réduire les défenses soviétiques, échelonnées en profondeur, et se heurtent à de violentes contre-attaques de blindés. Le 23 juillet, Hitler donne l'ordre de suspendre l'offensive, d'autant plus que le débarquement allié en Sicile l'oblige à expédier plusieurs grandes unités sur le théâtre méditerranéen.

L'échec de la dernière grande offensive allemande à l'Est ne tient pas seulement au système de défense adopté par l'armée rouge et à sa supériorité en chars, mais aussi à la renaissance de l'aviation soviétique, qui a jeté de puissantes formations de chasseurs et de bombardiers tactiques dans la bataille, et à la densité du feu de la défense antiaérienne. Quoi qu'il en soit, l'opération « Citadelle » brise la capacité offensive de la Wehrmacht et constitue le point de départ de l'offensive ininterrompue de l'armée rouge tout au long de l'été et de l'automne de 1943.

Surclassés en effectifs, en chars et en avions, les Allemands ne peuvent plus que pratiquer une « défense élastique », qui les oblige à évacuer Kharkov, le bassin du Donetz et une grande partie de l'Ukraine. Les armées soviétiques sont même en mesure d'élargir leur action au front central et de libérer Smolensk et Briansk.

apprécié de ses équipages pour la visibilité que lui assurait sa configuration bipoutre, le Focke-Wulf Fw-187 prit la relève du Hs-126.A dans les Nahaufklàrungsgruppen à l'automne 1942

La Luftwaffe concentre les deux tiers de ses effectifs sur le front sud, ne laissant au centre que cinq cents appareils pour un front de 600 km. A plusieurs reprises, cependant, en dépit de l'activité croissante de la chasse soviétique, les Gruppen de bombardiers tactiques équipés de canons de 30 réussissent à freiner l'avance des chars de l'armée rouge. C'est ainsi que, du 19 au 21 juillet, la Luftflotte 4, associée à des éléments de la Fliegerdivision l, se livre à des attaques massives, dans le secteur d'Orel, contre les formations de chars soviétiques opérant en terrain dégagé, et leur inflige des pertes extrêmement lourdes, permettant aux troupes au sol de se rétablir sur une position défensive.

un Macchi C-200 utilisé pour l'attaque au sol au cours de l'hiver 1941-1942 (photo SMA). Ci-dessus : Macchi C-200 et 202 du 21 e Gruppo. Contrairement aux équipages roumains et hongrois, les Italiens, peu motivés, subirent souvent les remontrances du haut commandement de la Luftwaffe. Leurs actions furent dans l'ensemble assez inégales

En octobre, grâce à une concentration de tous ses moyens disponibles, la Luftwaffe réussit à bloquer l'offensive soviétique dans le secteur de Krivoï-Rog. Un mois plus tard, cependant, son intervention massive sur les passages du Dniepr ne peut empêcher l'armée rouge de franchir le fleuve, de libérer Kiev (6 novembre) et de progresser en direction de Jitomir.

Avec l'arrivée de l'automne, qui se traduit par un ralentissement des opérations, l'aviation allemande, affaiblie et surmenée à l'extrême, n'est plus en mesure d'exercer une action déterminante sur les opérations. Elle n'aligne plus à l'Est que 1 750 avions, dont 1 150 sur le front sud. Cet affaiblissement tient naturellement à l'intensité des combats de l'année 1943, mais aussi aux prélèvements effectués pour les autres théâtres d'opérations, comme la Méditerranée, et surtout pour la défense de l'Allemagne, soumise aux raids dévastateurs de l'aviation stratégique alliée. Sollicitée sur tous les fronts, la Luftwaffe se trouve partout en état d'infériorité, notamment en Russie, où elle doit compter avec une aviation soviétique en plein essor.

De fait, l'année 1943 est marquée par un redressement spectaculaire de l'aviation de l'armée rouge. A la fin de 1942, elle aligne 3 000 avions de combat, chiffre qui passe à près de 8 300 en juillet 1943. Jusqu'à la fin de la guerre, celle-ci surclassera complètement l'aviation allemande et jouera un rôle déterminant dans les opérations, bénéficiant d'une supériorité numérique de l'ordre de quatre à un.

Ce redressement s'explique par la production des usines de l'Oural et de la Sibérie occidentale qui, au cours de la seule année 1943, construiront 34 900 appareils (chasseurs La-5FN, Yak-9, bombardiers Pe-2, Tu-2 et Stourmovik, en attendant de nouveaux modèles comme les avions de chasse Yak-3 et La-7). A cette production nationale s'ajoutent les livraisons alliées portant non seulement sur des chasseurs des types Hurricane, Spitfire, Bell P-39 « Airacobra » ou des bombardiers Boston, mais aussi sur de l'essence à indice d'octane élevé et des moyens de transmission.

Toutefois, l'activité de l'aviation soviétique est handicapée par le manque de terrains bien équipés lors des avances spectaculaires de l'armée rouge, la qualité discutable de certains types d'appareils (où le bois tient encore une place importante, faute d'aluminium) et la formation hâtive des pilotes, ce qui permet à certains as allemands de se tailler sur le front de l'Est des scores impressionnants.

A partir de 1941, la Regia Aeronautica détacha plusieurs unités sur le front de l'Est.

Il n'en reste pas moins que, à partir de 1944, l'aviation soviétique possède la maîtrise du ciel et joue un rôle croissant dans la bataille, même si les victoires de l'armée rouge tiennent essentiellement à l'action de l'artillerie et surtout des blindés.

 


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Fan d'avions © 16 Mai, 2001