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Opération Dynamo

OPERATION DYNAMO»

Pour permettre le rembarquement des troupes britanniques encerclées à Dunkerque, la RAF s'oppose à la Luftwaffe dans le ciel de France.

Pendant les deux premières années de la Seconde Guerre mondiale, les forces britanniques furent contraintes de rembarquer en Norvège, en Grèce, en Crète, à Singapour, sous une très forte pression des troupes adverses, disposant d'une large supériorité aérienne. Mais le rembarquement le plus difficile, effectué en contradiction avec toutes les règles de l'art militaire, fut celui du corps expéditionnaire britannique engagé en France, en mai-juin 1940. Churchill, à juste titre, ne devait-il pas un jour présenter l'évacuation de Dunkerque comme un véritable miracle ?

C'est le 24 mai que Lord Gort, commandant du corps expéditionnaire, prit la décision de replier ses troupes vers la côte de la mer du Nord, et que l'Amirauté se mit à réunir les moyens nécessaires à un rembarquement à partir de Dunkerque. De fait, à peine plus de dix jours après la rupture du centre du front français sur la Meuse, la situation des troupes alliées aventurées dans le nord de la France et en Belgique était désespérée.

Le 20 mai, les Panzer avaient atteint la mer dans la région d'Abbeville, et, dès le lendemain, le corps blindé de Guderian, bifurquant vers le nord, se dirigeait sur Boulogne, Calais et Dunkerque, dans le but d'encercler l'armée belge, les troupes françaises et le corps expéditionnaire britannique, cantonnés dans une poche de plus en plus réduite, pris sous le feu roulant des unités terrestres et soumis aux attaques constantes d'une Luftwaffe maîtresse du ciel depuis le début de la campagne à l'Ouest.

ces soldats britanniques qui ont pu embarquer sur un navire civil jettent un dernier regard sur le port du Dunkerque, noyé dans la fumée des bombardements. A qui un cargo et un bateau de la Croix-Rouge recueillent de nouveaux rescapés de la débâcle.

Alors que, conscient de la gravité de la situation, le commandement britannique espérait évacuer tout au plus 45 000 hommes, quelque 330 000 purent s'embarquer. Ce « miracle » fut rendu possible par la conjonction de plusieurs facteurs, et, en premier lieu, par l'ampleur de l'opération « Dynamo », mise en oeuvre par l'Amirauté, dirigée depuis Douvres par l'amiral Ramsay et mobilisant une flotte hétéroclite de destroyers, d'avisos, de transports et même de petits bateaux de plaisance et de pêche.

Deuxième facteur : l'arrêt providentiel, le 24 mai, des formations blindées allemandes sur l'Aa, en vue de Dunkerque. Contrairement à une légende tenace, cette décision ne tenait pas à la volonté de Hitler de ménager la Grande-Bretagne, en facilitant l'évacuation de ses troupes, afin de conclure avec elle une paix de compromis. En réalité, la décision du Führer ne faisait qu'entériner celle du maréchal von Rundstedt, soucieux de regrouper ses divisions blindées, de les reformer après quinze jours d'opérations ininterrompues et avant l'ultime offensive contre les armées françaises sur la Somme et sur l'Aisne.

La mission de réduire la poche de Dunkerque et de s'emparer de la ville devait donc incomber à la Vie armée allemande et à la Luftwaffe, à la grande satisfaction de Goering, ravi de faire la preuve de la toute-puissance de l'arme qu'il avait contribué à forger. C'est devant les difficultés rencontrées par ces forces pour remplir leur mission que, le 26 mai au soir, ordre fut donné aux Panzer de s'arrêter. Profitant d'un répit de quarante-huit heures, les troupes franco-britanniques avaient établi autour de Dunkerque un solide périmètre défensif, qui allait rendre l'évacuation possible.

après les stukas, les bombardier de la RAF viennent, à leur tour, pilonner les installations portuaires et les voies ferrées laissées intactes par les troupes en retraite.

Dernier facteur permettant d'expliquer le miracle : le renversement complet de la situation sur le plan aérien. Après quinze jours d'opérations, la Luftwaffe devait avouer sa fatigue. Nombre de formations de bombardiers n'alignaient plus que quatorze à seize appareils au lieu de trente.

De plus, les chasseurs et les stukas voyaient leur efficacité réduite, l'avance extrêmement rapide de l'armée allemande ayant eu pour effet de les éloigner par trop de leurs bases, (l'utilisation des aérodromes abandonnés par les Alliés se heurtait à des problèmes de logistique et de remise en état). Enfin, et surtout, pour la première fois depuis le début de la campagne à l'Ouest, l'aviation allemande devait affronter de puissantes formations de la RAF.

De fait, dès le 24 mai, Dowding et Keith Park, qui commandaient le 1 1 th Group dans le sud-ouest de l'Angleterre, avaient procédé à une imposante concentration de chasse pour protéger le rembarquement. Pour s'opposer aux 150 bombardiers, aux 250 stukas et aux 400 chasseurs dont la Luftwaffe disposait théoriquement au-dessus de la Belgique et du nord de la France, Park alignait 138 Hurricane, 86 Spitfire et une douzaine de Defiant.

Les Hurricane appartenaient aux Squadrons 17 (Kenley), 32, 79, 242 (Biggin Hill), 56, 151 (Manston), 145, 601 (Tangmere) et 605 (Hawkinge). Les Spitfire relevaient des Squadrons 19, 54, 65 et 92 (Hornchurch), 64 (Kenley), 74 (Rochford), tandis que les Defiant venaient du Squadron 264 (Manston). Quant au Squadron 92, il devait rester à Duxford jusqu'au 30 mai pour s'y reformer.

La contre-offensive aérienne britannique débuta le 25 mai, alors que les blindés de Guderian pénétraient (appuyés par dix-sept Hurricane) entre Gravelines et Menin. En fin de matinée, un groupe de douze Hurricane interceptait une formation de quarante Ju-87 Stuka près de Calais, tandis que neuf Spitfire assuraient une mission de protection dans le même secteur. Au total, les pilotes britanniques abattirent deux Hs-126, deux Stuka et deux Dornier 17.

exposés sur les plages aux coups directs de la Luftwaffe, les soldats britanniques ne peuvent compter, pour se défendre, que sur leurs armes individuelles et sur la DC des navires. La RAF et la Fleet Air Arm perdront dans la bataille l'équivalent de cinq squadrons.

Dans l'après-midi, onze Spitfire du Squadron 54, en liaison avec onze Swordfish agissant au profit de la garnison de Calais, se heurtèrent à une formation de vingt Bf-109 et Bf-110 des JG-26 et 27. Deux Bf-110 furent détruits ainsi que trois chasseurs britanniques. Dans la journée, d'autres accrochages se produisirent encore au cours de missions de protection de Blenheim opérant dans la région de Saint-Orner et entre Lille e Ypres.

Ces engagements se soldèrent par la perte d'un Bf-110 et d'un Hurricane. Mais l'opération la plus importante se déroula dans la soirée du 25 mai, lorsque plusieurs squadrons de la RAF assurèrent la couverture d'une opération de ravitaillement des garnisons de Calais et de Dunkerque entreprise par la Royal Navy.

Le 26 mai, la RAF renforça sa couverture au-dessus de Dunkerque, mais dut également intervenir dans le secteur de Calais, où Guderian entendait livrer l'assaut décisif en liaison avec les stukas du Fliegerkorps VIII de von Richthofen, qui bénéficiaient de la protection du JG-27.

Mais l'action des Squadrons 17 et 19 de la RAF ne put empêcher les bombardiers allemands de se déchaîner sur Calais entre 9 et 10 heures du matin, ouvrant ainsi la voie aux blindés de Guderian, qui reçurent la capitulation de la garnison en fin d'après-midi. Toutefois, l'action de la RAF au-dessus de Dunkerque avait permis de ravitailler la ville en munitions et de rassembler dans le port les premiers éléments britanniques à évacuer.

Dans ces conditions, c'est le 27 mai que débuta véritablement la bataille aérienne de Dunkerque. Dès l'aube, profitant d'un ciel dégagé, une centaine de He-111 des KG-I, 4 et 54 déversèrent une pluie de bombes sur les installations portuaires, provoquant d'importants dégâts, allumant de nombreux incendies et touchant plusieurs navires. Le cargo français Aden de 8 000 t coula à l'entrée du port. A 7 h 11, sous la protection d'une forte escorte de Bf-109, les stukas attaquèrent à leur tour, s'en prenant tout particulièrement aux navires mouillés au large. C'est ainsi que le transport de troupes français Côte d'Azur fut envoyé par le fond.

Le bombardement se poursuivit avec l'intervention des Dornier 17 des KG-2 et 3, qui avaient effectué un long vol d'approche depuis le Main et le Rhin. La ville fut durement atteinte, ainsi que les réservoirs de pétrole, qui brûlèrent pendant une semaine, dégageant une épaisse fumée qui recouvrait par moments le port et ses accès et qui en fin de compte favorisait les Alliés en gênant les attaques de la Luftwaffe.

C'est vers midi que débuta le rembarquement des troupes britanniques. Mais en raison de l'état des quais, démantelés par les bombes, l'évacuation se fit, non à partir du port, mais des plages s'étendant entre Dunkerque et La Panne, dépourvues de toute installation. Au soir du premier jour de l'opération « Dynamo », le bilan était singulièrement décevant : 7 669 hommes seulement avaient pu être embarqués.

L'amiral Ramsay ne dissimulait pas son pessimisme : « Nous avions pensé que cette évacuation difficile aurait lieu avec l'appui total de la RAF. Or, les bateaux stationnés devant la côte ont subi pendant des heures la pluie meurtrière des bombes et le feu des armes de bord de la Luftwaffe. »

En réalité, cette impression était fausse. Dans la journée du 27 mai, la chasse britannique s'était engagée à fond au-dessus de Dunkerque. Mais les Spitfire des Squadrons 54 et 74 s'étaient heurtés à de puissantes formations de Bf-109 et n'avaient pu s'opposer aux attaques des Heinkel et des Stuka.

Au cours des deux premières heures, un Messerschmitt avait été abattu, mais deux chasseurs anglais l'avaient également été. En fait, les résultats les plus spectaculaires avaient été obtenus contre les Dornier des KG-2 et 3, privés de toute protection et obligés de ne compter que sur leurs armes de bord. Au total, la journée se solda par la destruction de quarante et un avions allemands pour la perte de quinze chasseurs britanniques.

Le lendemain, les conditions atmosphériques se dégradèrent d'heure en heure. Des nuages bas se mêlaient à la fumée des incendies, interdisant pratiquement toute action de bombardement. Le soir, bien qu'il plût à torrents, l'activité ne fut pas absolument nulle, et, dans la journée, la RAF effectua au total 268 sorties. Dans la matinée, une formation de Spitfire appartenant aux Squadrons 19, 54 et 65 rencontra un groupe de Dornier escorté par des Bf-109. Deux chasseurs furent abattus de part et d'autre. Peu après, en fin de matinée, le Squadron 242, composé de Spitfire, tomba également sur un groupe de Bf-109. Cette fois encore, les pertes s'équilibrèrent : deux appareils de chaque côté.

OPERATION DYNAMO»

Le temps couvert et pluvieux se maintint pendant toute la matinée du 29. Mais, vers midi, le ciel se dégagea et la Luftwaffe jeta à nouveau toutes ses forces dans la bataille. Cent quatre-vingts Ju-87 appartenant aux StG-1, 2 et 77 lancèrent sur le port une série d'attaques dévastatrices, protégés par une forte escorte de Bf-109 et de Bf-110. Une fois de plus, le port fut déclaré « bloqué et inutilisable ». Onze stukas furent abattus, mais deux seulement par la RAF, les autres ayant été détruits par la DCA des navires ou des troupes terrestres.

A partir de 15 h 30, les attaques se poursuivirent par l'intervention d'unités de la Luftflotte II, avec le KG-30 venu d'Anvers et le LG-1 de Düsseldorf, l'un et l'autre composés de Junkers 88. Leurs résultats furent spectaculaires : trois destroyers furent coulés et sept autres gravement endommagés (à la suite de quoi l'Amirauté décida de retirer ce type de bâtiment, indispensable pour la poursuite de la guerre). Cinq gros ferry-boats furent également envoyés par le fond, les Queen of the Channel, Lorina, Fenella, King Army et Normannia.

La réaction de la RAF fut toutefois violente. A eux seuls, les équipages du Squadron 264, sur Defiant, revendiquèrent la destruction de quinze Bf-110, de deux Bf-109 et de dix-neuf Stuka. En fait, c'est là l'origine de ce qui deviendra une des légendes de Dunkerque. Les mitrailleurs de plusieurs Defiant, ayant abattu de leurs feux croisés un avion allemand les attaquant par l'arrière, estimèrent en toute bonne foi avoir détruit chacun un appareil.

malgré leurs maigres performances, les Boulton-Paul H Defiant » du Squadron 264 obtinrent quelques succès, grâce, notamment, à la surprise que créèrent leurs tourelles mobiles quadruples chez les pilotes allemands. Croyant intercepter des Spitfire, ceux-ci attaquèrent sans méfiance les Defiant par l'arrière.

La même illusion se retrouvera à partir de 1943 avec les équipages de Forteresses volantes opérant au-dessus de l'Europe. En fait, les pertes allemandes du 29 mai ne dépassèrent pas seize appareils de tous types, et la RAF dut reconnaître la disparition de douze chasseurs. Le bilan de l'opération « Dynamo » n'en était pas moins largement positif : 47 310 hommes avaient été rembarqués.

Le 30, le temps se fit de nouveau l'allié des Franco-Britanniques. Une fois de plus, les formations de la Luftwaffe furent clouées au sol par la pluie et le brouillard, et l'extraordinaire armada poursuivit son incessante noria. Les troupes allemandes de leur côté piétinaient aux abords du camp retranché, défendu avec acharnement par des éléments en grande partie français. Le haut commandement de la Wehrmacht ne put alors que regretter l'ordre d'arrêt donné aux Panzer, lesquels lui auraient sans doute permis de s'emparer de Dunkerque sans coup férir. Quoi qu'il en soit, 53 823 hommes, dont 14 874 Français, furent rembarqués ce jour-là.

Dowding profita alors du répit imposé par la météo pour remanier son dispositif et relever plusieurs formations au bord de l'épuisement. Certaines avaient été engagées sans interruption depuis le 10 mai et avaient subi de lourdes pertes en appareils et en personnels. Des squadrons basés dans le nord de l'Angleterre vinrent relayer les unités fatiguées. Le Squadron 41 fut ainsi transféré de Catterick à Hornchurch, le 43, de Wick à Tangmere. Quant au 245, il s'installa le 28 mai à Hawkinge, avant de perdre six appareils en moins de trois jours.

Le 31 mai au matin, le ciel était de nouveau couvert, le plafond bas; mais le temps se leva dans l'après-midi, permettant l'intervention des Heinkel du KG-I, pris à partie par des Defiant, et des Dornier du KG-2, interceptés par les Spitfire du Squadron 6. Les Stuka, en revanche, se trouvèrent condamnés à l'inaction. Dans la soirée, des formations de bombardiers britanniques intervinrent en appui des troupes à terre, bombardant des concentrations allemandes aux abords de Dunkerque.

Participèrent à ces sorties des Blenheim du 2nd Group, des Anson et des Blenheim du Coastal Command et même des Skua, des Swordfish et des Albacore de la Fleet Air Arm (aéronautique navale). Quant au bilan de l'évacuation, il était remarquable : 68 014 hommes. Toutefois, alors que les Allemands n'avaient perdu que vingt et un appareils, trente et un avions britanniques avaient été abattus. Le ler juin, la Luftwaffe profita d'un temps magnifique pour jeter toutes ses forces dans la bataille.

En liaison avec les Bf-110 du ZG-26, les Bf-109 des JG-51 et 27 se relayèrent pour conserver la maîtrise de l'air, tandis que les Stuka attaquaient, par vagues successives, les navires, le port et les plages. Dix bâtiments, dont quatre destroyers, furent envoyés par le fond et de nombreuses autres unités sérieusement touchées. A terre, la pression des divisions allemandes devenait de plus en plus difficile à endiguer, aussi la RAF tenta-t-elle à nouveau d'apporter son soutien aux troupes qui défendaient le périmètre défensif.

Six squadrons du Coastal Command, composés de Hudson, d'Anson et de Blenheim, intervinrent en appui de la bataille au sol. Quant au Fighter Command, il effectua 147 sorties dans la journée. Une fois de plus, le bilan de Dynamo s'avérait favorable (64 429 soldats évacués), mais celui de la RAF était lourd : les Anglais avaient perdu trente-sept appareils, dont trente et un chasseurs, alors que les pertes de la Luftwaffe n'excédaient pas vingt-neuf avions.

Le 2 juin, les conditions atmosphériques étaient encore favorables, mais les appareils de reconnaissance allemands eurent la surprise de trouver la mer vide. Compte tenu de l'efficacité des attaques aériennes de la journée précédente, l'amiral Ramsay avait décidé de suspendre les évacuations de jour, et, en principe, l'opération devait s'achever au cours de la nuit suivante, en raison des pertes en bâtiments et des signes de faiblesse que donnait la résistance du camp retranché sous les coups de la Vle armée allemande.

Tout au long de la journée, faute d'objectifs navals, les Heinkel, les Dornier et les Junkers concentrèrent donc leurs attaques sur la ville de Dunkerque elle-même, bourrée de troupes et de matériel, tandis que les stukas du Fliegerkorps VIII s'en prenaient tout particulièrement aux plages, où s'alignaient en files interminables les derniers milliers d'hommes à rembarquer.

La RAF s'engagea au maximum, jetant sept squadrons de chasse dans la bataille, y compris le Squadron 92, engagé derechef après une brève période de repos, et qui allait revendiquer, en deux sorties, la destruction de quatorze bombardiers et de quatre chasseurs. Deux de ses pilotes devaient se forger une réputation exceptionnelle au cours de la bataille d'Angleterre, Brian Kingcombe et Bob Stanford Tuck.

Après cette démonstration aérienne, qui devait être la dernière de la bataille de Dunkerque, l'opération « Dynamo » s'acheva dans la nuit du 2 au 3 juin, et le commandant Tennant put adresser à Douvres un message laconique et triomphant : « Corps expéditionnaire britannique évacué ». En réalité, au cours de la nuit suivante, l'armada alliée, au prix d'un dernier effort, parvint encore à embarquer quelques milliers de Français qui avaient participé jusqu'au bout à la défense du camp retranché et permis le succès de l'évacuation.

Quelques heures plus tard, les troupes allemandes pénétraient enfin dans les ruines de la ville, et le général Halder, chef d'état-major général de l'armée de terre, put écrire dans son journal : « La ville et la côte sont entre nos mains. Français et Anglais ont disparu. » En réalité, les troupes de la Vie armée allaient capturer près de 40 000 Français demeurés sur place pour assurer les derniers rembarquements.

Au même moment, un Hudson du Coastal Command faisait une ultime reconnaissance au-dessus du port et des plages, vides d'hommes mais couvertes de tout le matériel d'une armée vaincue. Plus un seul bateau, plus une seule file d'attente, simplement le feu intense de la défense antiaérienne allemande. La bataille de Dunkerque était bien terminée, mais l'absence totale de la Luftwaffe au-dessus du port donnait à penser qu'une dernière bataille se préparait : la véritable bataille de France, qui allait débuter dès le lendemain sur la Somme et sur l'Aisne.

En attendant, le bilan de Dunkerque apparaissait singulièrement lourd. L'évacuation consommait la déroute des armées alliées du Nord. A lui seul, le corps expéditionnaire britannique avait laissé dans l'affaire 68 111 tués, blessés ou prisonniers et une énorme quantité de matériel : 2 472 canons, 63 879 véhicules automobiles, 20 548 motocyclettes et plus de 500 000 t d'approvisionnements et de munitions.

L'opération « Dynamo » se soldait également par des pertes navales importantes, soit 243 bâtiments de tout tonnage, dont neuf destroyers britanniques, deux contre-torpilleurs et cinq torpilleurs français. Ainsi se voyait confirmée l'expérience du rembarquement de Norvège et mise en évidence l'extrême vulnérabilité des navires de surface, dotés d'une DCA insuffisante et privés de couverture aérienne face à une aviation agissant à partir de la terre.

Peinture de Michael Turner représentant un Lockheed Hudson Mk-II du Squadron 206 du Coastal Command au-dessus de Dunkerque pendant l'évacuation

Toujours est-il que 338 000 hommes avaient été rembarqués, dont 123 000 Français. Trois éléments expliquent ce succès relatif. D'abord, le courage, la ténacité des troupes chargées de la défense du périmètre allié, qui, pendant plus d'une semaine, parvinrent à contenir les divisions allemandes. Ensuite, l'esprit de sacrifice dont firent preuve les marines alliées. Enfin, l'intervention massive du Fighter Command de la RAF, qui empêcha la Luftwaffe d'interdire l'évacuation. Certes, l'activité aérienne allemande avait été entravée par l'éloignement de ses bases de départ et par des conditions atmosphériques défavorables, qui n'avaient permis à la Luftwaffe de donner toute sa mesure que pendant deux jours et demi sur huit.

Il n'en reste pas moins que Dunkerque, deux mois avant le début de la bataille d'Angleterre, représentait le premier affrontement majeur entre la RAF et la Luftwaffe. Pour la première fois depuis le début de la campagne à l'Ouest, bombardiers et stukas avaient eu à souffrir des chasseurs britanniques, qui opéraient à partir de bases rapprochées et qui s'étaient engagés à fond pour permettre le rembarquement. Cette action devait se solder par de lourdes pertes.

A lui seul, le Fighter Command, sans parler du Bomber Command ou du Coastal Command ni de la Fleet Air Arm, devait déplorer la disparition de quatre-vingt-sept pilotes, tués ou prisonniers. Ces pertes représentaient l'équivalent de cinq squadrons opérationnels. S'ajoutant à la destruction de deux squadrons en Norvège et à la saignée subie par cinq autres unités depuis le début de la guerre à l'Ouest, elles expliquent les inquiétudes de l'Air Marshal Dowding au début de juin 1940, et son refus d'engager le gros de la RAF dans la bataille de la Somme et de l'Aisne, comme le demandaient les Français.

En définitive, au même titre que les marins, les aviateurs anglais ont joué un rôle déterminant dans le « miracle » de Dunkerque. Mais, ironie de l'histoire, les soldats épuisés, dépouillés de tout équipement, qui débarquaient sur la côte anglaise, n'en avaient pas conscience. Toute leur reconnaissance s'adressait aux marins, qui avaient partagé avec eux les horreurs des bombardements pour les arracher à l'étreinte de l'ennemi, et ils ne se rendirent absolument pas compte de l'effort énorme accompli par les équipages de l'aviation britannique. Une question constante trahissait cette incompréhension : « Mais où est donc passée la RAF? ».

 


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Fan d'avions © 16 Mai, 2001