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Opération Merkur

L'invasion de la Crète fut un succès trop coûteux qui sonna le glas des grandes opérations aéroportées allemandes

Aux premiers jours du printemps 1941, seule la Grande-Bretagne résiste encore à l'hégémonie nazie... Après la capitulation des seize divisions de l'armée grecque du général Papagos, le 21 avril 1941, il ne reste plus au corps expéditionnaire britannique dans les Balkans qu'à abandonner au plus tôt sa dernière position en Europe continentale.

Du 24 avril au ler mai environ, 50 000 défenseurs seront évacués, en majorité vers la Crète, et ce malgré les interventions incessantes de la Luftwaffe et une opération aéroportée sur le seul pont du canal de Corinthe (25 avril), qui permet aux Anglais de rembarquer sur la côte sud de la Grèce.

Fin avril, devant l'évolution des événements, Hitler tient à son quartier général avancé de Semmering une importante réunion en vue de définir la stratégie future en Méditerranée orientale. Sur la proposition du général Student, les Allemands mettent sur pied un projet d'invasion aéroportée de la Crète, puis de Chypre. Ces opérations, jointes à une attaque de l'Égypte depuis la Libye, à l'invasion de l'U.R.S.S., planifiée pour le mois suivant, aux troubles fomentés par l'axe en Irak avec la complicité des vichystes de Syrie doivent en quelques mois mettre tout le Moyen-Orient sous la coupe des nazis et permettre de prendre à revers les champs de pétrole du Caucase.

La préparation de l'opération « Merkur », menée à un rythme exceptionnellement rapide, utilise toutes les ressources du Fliegerkorps Xl. Une force considérable est assemblée dans les environs d'Athènes. Sur le plan aérien, la Luftflotte 4 aligne sept cents avions de transport Ju-52.3m, une centaine de planeurs et leurs remorqueurs Ju-87 ou HS-126, et près de cinq cents bombardiers Ju-88 et He-111, plus les Stuka du Fliegerkorps VIII de von Richthofen et deux Jagdgeschwader de chasseurs d'escorte (environ deux cents appareils). L'invasion proprement dite a deux composantes : l'une aéroportée ( près de 15 000 hommes) l'autre maritime (7 000 soldats).

20 mai 1941 à 7 h 30 : les trimoteurs de transport Junkers Ju-52 survolent la Crète à moins de 100 m d'altitude. Dans quelques minutes, ils largueront les parachutistes des premiers groupes d'assaut. Mais la surprise ne paiera pas...

Une fois de plus, il apparaît que les services de renseignements allemands ont failli à leur tâche. En effet, la Crète est occupée par les forces anglaises et grecques, soit, à la mi-mai, 42 000 hommes, dont 15 000 Britanniques, 15 000 Australiens et NéoZélandais, 1 000 techniciens de la RAF et de la Navy, 2 000 marins, le reste étant constitué de bataillons grecs assez mal équipés et entraînés. En outre, l'interrogatoire de l'équipage d'un Dornier 17 de reconnaissance a permis de connaître avec une quasi-certitude la date de l'invasion allemande : le 20 mai.

Les défenseurs ont bon moral et sont décidés à venger leur échec en Grèce. Bien que la RAF soit en Crète depuis novembre 1940, il n'existe dans l'île que deux aérodromes dignes de ce nom, ceux de Maleme et d'Hêraklion, auxquels s'ajoute un terrain de campagne à Rethymnon. Tous trois sont établis sur la côte nord et résultent de plans, avortés entre-temps, visant à y baser une force de bombardement de la RAF, en vue de détruire les champs de pétrole de Ploesti.

Le jour de l'invasion, il ne reste aucun avion de combat de la RAF en Crète! Ceux de la Fleet Air Arm, qui y ont également été basés, ont depuis longtemps disparu sous les coups de la Luftwaffe : Gladiator, Buffalo, Fulmar et Swordfish ne sont plus qu'épaves. Les derniers Bristol « Blenheim » Mk-1 du Squadron 30 sont rentrés en Égypte à la mi-avril. Une dizaine de Hawker « Hurricane » des Squadrons 33 et 80 ont été rappelés en frique le 19 mai pour les soustraire aux attaques incessantes de la Luftflotte 4 contre les terrains et les installations militaires de l'île.

après les parachutistes, c'est au tour des chasseurs de la 5e division de montagne d'embarquer à bord des Ju-52 sur les terrains grecs.

Pratiquement, la défense aérienne ne repose plus que sur une défense antiaérienne dont le nombre de canons est aussi faible que les réserves de munitions : pas plus de soixante-dix pièces de DCA de moyen ou léger calibre, dont quelques dizaines du remarquable Bofors de 40 mm. Pour le reste, il faut improviser; c'est ainsi que les pistes de Maleme sont défendues par des fûts de 200 litres d'essence d'aviation, disposés en quinconce, que des fusils-mitrailleurs se tiennent prêts à incendier au cas où des planeurs d'assaut ou des avions de transport ennemis voudraient y atterrir.

Du côté allié, le commandement de « Creforce » est confié au Major-General Freyberg, un officier réputé pour sa bravoure (il a reçu la Victoria Cross pendant la Première Guerre). Sachant, par des renseignements venus de Grèce, que l'assaut ennemi sera aéroporté, il en déduit que les zones principales d'atterrissage seront Maleme-La Canée, Hêraklion et, probablement, Rethymnon.

Les emplacements de combat des forces disponibles sont choisis en fonction de ces hypothèses (qui se révéleront tout à fait exactes), et c'est une Creforce sur le pied de guerre qui, le 20 mai à l'aube, attend dans ses positions l'arrivée des hommes du général Student.

Du côté allemand, une grande animation règne à la même heure sur les terrains d'Eleusis, Tanagra, Topolis, Megare, Corinthe, Dadron et Phaleron, d'où les planeurs et les transports doivent décoller à 6 h 30. L'ampleur de l'opération par rapport aux moyens mis en oeuvre est telle que deux voyages sont prévus dans la journée du 20 : le matin, on larguera sur La Canée et Maleme, l'après-midi sur Hêraklion et Rethymnon; un troisième largage est prévu, si besoin, au cours de la journée.

L'assaut maritime est improvisé à partir de deux flottilles de petits bateaux côtiers protégés par des torpilleurs italiens; vingt-cinq barges doivent acheminer dans la zone de Maleme le matériel lourd et des renforts sous forme de canons, de véhicules et de deux bataillons de Gebirgsjàger; trente-huit bateaux participeront

aux opérations d'Hêraklion, visant à établir une tête de pont. Chaque assaut des parachutistes doit systématiquement être précédé d'une vague de quelques planeurs d'assaut, destinés à s'emparer d'objectifs ponctuels, d'une importance capitale pour la suite des opérations (batteries de DCA, pont de Tauronitis et colline 107).

Dès le départ des aérodromes grecs, il fut difficile aux Ju-52 de se constituer en formations cohérentes et ordonnées. Les largages eurent donc lieu avec peu de précision, et de façon assez dispersée. De plus, l'échec partiel de la capture des défenses antiaériennes devait se solder par des pertes sévères en avions.

les planeurs d'assaut DFS-230 pouvaient transporter, en plus du pilote, neuf hommes en armes. Quatre-vingts d'entre eux participèrent à l'opération Merkur.

A la fin de la première journée, la situation se révèle très critique pour le général Student. La colline 107, point stratégique commandant l'aérodrome de Maleme, est toujours aux mains des Néo-Zélandais; les pertes allemandes sont énormes : plus de 70 % des effectifs (des 2 300 parachutistes lâchés le matin 650 seulement sont encore en état de combattre). L'essentiel du FJR 3 (Fallschirmjâger Regiment 3), le seul à n'avoir pas subi de pertes catastrophiques, est bloqué dans une « vallée prison » par la 10e brigade néo-zélandaise.

Vers 17 heures, quatre bataillons des FJR 1 et 2, soit 2 600 hommes, sautent sur la région d'Hêraklion. Les positions de DCA anglaises, en particulier les Bofors, sont restées intactes, et leur tir fait des ravages dans les rangs des parachutistes. Plus de quinze avions sont abattus et, au sol, le colonel Brauer ne réussit à regrouper aucune force sérieuse.

C'est à Maleme que, en fin de journée, les NéoZélandais qui tiennent la colline 107 vont commettre l'erreur décisive qui va permettre aux Allemands d'éviter la catastrophe. Au lieu d'attaquer violemment dès la fin de la matinée, le lieutenant-colonel Andrew, commandant le 22e bataillon néo-zélandais, va laisser les groupes allemands s'installer défensivement; une contre-attaque destinée à les chasser des abords de l'aérodrome échoue et provoque de lourdes pertes chez les « Kiwis ». Ce fait, joint aux mauvaises liaisons au sein de l'opération Creforce et à l'absence de renforts, fait perdre confiance à Andrew. Sans ordres, de sa propre initiative, il abandonne ses positions sur la colline 107. Le terrain d'aviation de Maleme devient ainsi un « no man's land ».

Le 21 au matin, les parachutistes autour de Maleme s'aperçoivent, à leur grande surprise, que le terrain et la colline qui le commande ont été abandonnés par leurs adversaires. Peu nombreux, assoiffés et affamés, et presque sans munitions, ils peuvent annoncer au général Student que Maleme est utilisable. Le terrain est certes encombré d'épaves, les Anglais le prennent encore sporadiquement sous le feu de leurs batteries, mais, néanmoins, il semble possible d'y atterrir. Aussitôt, la 5e division de montagne (Gebirgsdivision 5) débarque sur un terrain que beaucoup de survivants ont décrit comme un « enfer d'avions en feu et d'obus explosant ».

Toutefois, si les pertes en matériel sont lourdes, l'essentiel des forces d'infanterie arrive intact et assure le déblocage de la route côtière vers l'est. Sur place, pour le colonel Ranicke la victoire est désormais acquise, mais, au quartier général du Führer, Goering, devant les pertes élevées et l'absence de résultats concrets dans les premières vingt-quatre heures demande qu'il ne soit fait mention de l'opération ni dans la presse ni à la radio.

Dans la nuit du 21 au 22, réalisant l'énormité de l'erreur commise en abandonnant Maleme, le général Freyberg ordonne une contre-attaque en vue de reprendre l'aérodrome. Après une longue marche d'approche, freinée par une résistance allemande efficace, ce sont les attaques incessantes de la Luftwaffe qui stopperont les Néo-Zélandais. Le 22 au soir la contre-attaque est décommandée.

« élite » et fierté de l'Allemagne nazie: les parachutistes du Fliegerkorps Xl du général Student.

Une erreur de même style sera commise le 23, lorsque les Néo-Zélandais qui bloquent trois bataillons du FJR 3 dans la « vallée prison » vont se retirer, alors que la situation n'a pas évolué et que, même, les forces alliées tiennent bon à La Canée et à Hêraklion. Jusqu'à cette date, grâce à l'action des marins, commandés par l'amiral Cunningham, aucune tentative sérieuse de débarquement allemand n'a pu être effectuée. La Luftwaffe a toutefois coulé de nombreux navires de guerre britanniques.

L'aérodrome de Maleme quant à lui est le siège d'une activité continue : on y compte de vingt à trente atterrissages de Ju-52 à l'heure. Une unité du génie du Fliegerkorps IX est arrivée sur place et, utilisant du matériel britannique capturé, dont un char Matilda, elle débarrasse les pistes des épaves qui les encombrent. Jusqu'au 23 mai, des canons anglais de 75 mm, bien camouflés à Modhion, tireront épisodiquement sur le terrain, y causant quelques pertes.

Le 23 mai, les Gebirgsjâger et le FJR 3 font leur liaison dans la « vallée prison ». Le 24, il ne fait plus de doute pour le général Freyberg qu'il a perdu la bataille de Crète, et, dès le 27, il donne l'ordre d'évacuer l'île, via le port de Sphakia, situé sur la côte sud. Entre-temps, il a été décidé d'utiliser les appareils de la RAF basés en Égypte pour tenter de freiner l'arrivée de renforts allemands via Maleme. Dans la semaine du 23 au 30 mai, les Wellington attaquent, au départ d'Égypte, les bases allemandes de la Grèce continentale et du Dodécanèse et parachutent du ravitaillement, mais également des munitions, aux défenseurs d'Hêraklion et de Rethymnon.

Suite à une incroyable erreur d'appréciation, les Néo-Zélandais ont abandonné la veille leurs positions autour de ce point vital

Partant de Cyrénaïque, les Maryland, Beaufighter et Blenheim de la Desert Air Force lancent des attaques fréquentes contre Maleme, y détruisant de nombreux avions. Toutefois, dès le 25, des Bf-109 assurent la défense de l'aérodrome, et les pertes deviennent insupportables pour la RAF, dont les effectifs dans cette région sont nettement insuffisants. D'une manière générale, on peut dire que la bataille de Crète n'a été marquée par aucune action significative de l'aviation britannique; la supériorité aérienne allemande fut totale et quasi indisputée.

Le 27 mai à l'aube, les commandos de Laycock assurent la couverture du port de Sphakia. Une tentative de rembarquement à Hêraklion, sur la côte nord, sera payante, mais les attaques de la Luftwaffe rendent de telles opérations difficiles et très coûteuses. Quant aux Allemands, débarrassés de la menace navale, ils vont débarquer des chars et du matériel lourd et précipiter la retraite des Alliés. La dernière opération d'évacuation est effectuée le 31 mai.

Le débarquement de Crète constituait, à l'époque, la plus importante et spectaculaire opération aéroportée jamais réalisée. Elle a attiré l'attention des observateurs du monde entier, et les enseignements et conclusions qui en ont été tirés vont influencer, dans des sens opposés d'ailleurs, les états-majors allié et allemand.

L'opération avait atteint ses objectifs : après douze jours de combats, la Crète était allemande. Les Alliés avaient perdu 15 000 hommes. La Royal Navy avait vu deux mille de ses marines noyés ou tués au combat. Tout le matériel présent sur l'île avait dû être abandonné. Pour les Allemands, c'était donc un succès considérable, acquis en moins de deux semaines. Mais à quel prix! Quatre mille tués au combat, près de cinq cents noyés et plus de cinq mille blessés. Les pertes en avions étaient également lourdes et s'élevaient à cent cinquante appareils, des Junkers Ju-52 pour la plupart.

Il faut mettre l'accent sur la performance que réalisa le Transport Geschwader du point de vue logistique : en effet, par la voie des airs, il avait acheminé en Crète 24 000 hommes, 500 canons et mortiers et plus de 1 000 t de vivres et de munitions, ce au terme d'une préparation qui n'avait pas dépassé trois semaines, sur un terrain à peine abandonné par l'ennemi et dont le moins que l'on puisse dire est qu'il ne regorgeait pas de lignes de communication!

au matin du 22 mai, les mortiers des défenseurs et les avions de la RAF ont transformé l'aérodrome de Maleme en un cimetière de Junkers Ju-52. Au milieu des carcasses enchevêtrées et des avions incendiés, les trimoteurs débarquent les renforts.

Sans doute préoccupé par les préparatifs de l'opération « Barbarossa », désormais toute proche, Hitler réserva au général Student un accueil assez froid lorsque celui-ci lui rendit visite à son G.Q.G. Il considérait que « les opérations aéroportées de grande envergure ne sont plus possibles, l'élément de surprise n'existant plus ».

Effectivement les pertes subies par les Allemands en Crète en quelques jours avaient très fortement impressionné les responsables nazis, habitués jusqu'alors à des victoires moins coûteuses en hommes et en matériel. Il en résultera l'abandon par les Allemands de l'assaut aéroporté comme moyen d'offensive; par contre, la haute valeur combative des « Fallschirmjâger » sera exploitée par la formation d'un corps d'élite employé sur tous les fronts et dont les effectifs atteindront pour toute la guerre 100 000 hommes. Tous les officiers supérieurs de l'opération « Merkur »

Student, Meindl, Schlemm, Gericke, Koch, Stenzler, Ramcke, prendront la tête de divisions qui joueront un rôle important dans toutes les batailles de la deuxième partie de la guerre (Italie, Sicile, Cassino, Leningrad, Normandie, Ardennes, Rhin...).

Côté allié, l'effet est tout à fait inverse, et c'est sur la base de la conclusion de la campagne de Crète que sont donnés aux généraux Browning, en Angleterre, et Lee, aux États-Unis, les ordres de constituer au plus tôt des forces aéroportées. C'est l'exemple allemand qui conduira à la mise sur pied des divisions qui débarqueront fin mars 1945 (14 000 hommes, 1 000 véhicules et canons) à l'est du Rhin, utilisant plus de 3 000 avions et 1 400 planeurs lourds!

 


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Fan d'avions © 16 Mai, 2001