- Introduction

 

- Histoire de l'Aviation

- Belles Photos Avions

- Les plus beaux avions

- Les profils

 

- Avions 14-18

- Attaques

- Chasseurs

- Ballons

- Bombardiers

- Hélicos

- Maritime

- Autres

- Planeurs

- Reco.Transp.Entrain.

- Spéciaux

 

- Avions 39-45

- Attaques

- Chasseurs

- Bombardiers

- Hélicos

- Maritime

- Autres

- Planeurs

- Reco.Transp.Entrain.

- Spéciaux

 

- Les Hommes

- As 14-18

- As 39-45

- Les Avionneurs

- Les Exploits

- Les Figures

 

- Divers

- Cocardes

- Décorations

- Emblèmes

- Grades

 

- Guerres mondiales

- Guerre 14-18

- Guerre 39-45

 

- Bataille d'Angleterre

- Une période décisive

- Les Avions

 

 
  

Constructeurs

Constructeurs d'avions

 

 

 

Reggiane

 

 


LES CHASSEURS DE REGGIANE

Roberto Longhi, chef du bureau d'études de la firme Reggiane, dessina une lignée de chasseurs qui aboutit au plus performant des avions de la Regia Aeronautica

Comme bon nombre d'autres avionneurs italiens, les Officine Mecchaniche Reggiane participèrent pendant la Première Guerre mondiale à la production des fameux bombardiers Caproni, mais la signature de l'Armistice mit un terme à leur activité dans le domaine aéronautique.

Les productions sous licence

C'est seulement en 1936, après avoir été absorbée par Caproni, que la firme de Reggio Emilia se lança de nouveau dans la construction d'appareils conçus par d'autres firmes. Le premier fut le Ca-405 Procellaria, dérivé du P-23 de Piaggio, dont il conservait le double empennage et les lignes très pures. En revanche, il s'en distinguait par le dessin de ses ailes cantilever et par l'avant de son fuselage, qui avait été modifié.

Reggiane Re-2002 n Ariete » II aux couleurs de la Luftwaffe; celle-ci utilisa quelques dizaines de ces appareils comme avions d'attaque au sol pour combattre les maquis français de l'Aisne et du Vercors

Équipé de deux moteurs Isotta Fraschini Asso XI RC 40 de 850 ch, actionnant des hélices tripales à pas variable, et presque entièrement construit en bois, le Procellaria (18 m d'envergure, 15,45 m de longueur et 3,27 m de hauteur) pesait 5 940 kg à vide (10 890 kg à pleine charge) et volait à 420 km/h. Deux exemplaires furent construits pour la course Istres-Damas-Paris de 1937, mais ils ne furent pas prêts à temps, et la compétition fut remportée par un Savoia-Marchetti SM-79.

Reggiane construisit également le P-32 bis, bimoteur de bombardement dessiné par Giovanni Pegna après que celui-ci se fut séparé avec fracas de son premier employeur, Piaggio. Cet appareil conservait de nombreux traits du Ca-405, dont il était directement inspiré. Doté d'une soute à bombes de fuselage, il était armé de mitrailleuses montées en trois tourelles orientables,

et les moteurs Isotta Fraschini avaient été remplacés par deux Piaggio P-Xl RC 40 de 1 000 ch, qui portaient la vitesse à 425 km/h. Toutefois les performances générales restèrent assez décevantes, et, en février 1937, quand le prototype s'écrasa à l'atterrissage, le marché signé par le ministère de l'Air pour vingt appareils fut annulé.

La firme se consacra ensuite à la construction sous licence du bombardier Savoia-Marchetti SM-79. C'est alors que Roberto Longhi prit la tête du bureau d'études; orientant ses efforts vers le domaine particulier de l'avion de chasse, il allait permettre à Reggiane de se hisser au rang des plus grands constructeurs italiens.

Les avions de Roberto Longhi : la lignée des chasseurs

Longhi, qui avant 1938 avait travaillé aux États-Unis, chez Burnelli Aircraft Corporation, s'y était familiarisé avec les problèmes de la construction métallique.

Fort de cette expérience, il entreprit, en collaboration avec l'ingénieur Alessio, de répondre aux exigences du programme « R » de la Regia Aeronautica, qui demandait un chasseur capable de rivaliser avec les meilleurs appareils européens du moment. Le prototype du Re-2000, conçu par l'équipe de Reggiane, vola le 24 mai 1938, piloté par Mario De Bernardi. Chasseur tout métal à aile basse, le Re-2000 accusait une ressemblance très marquée avec le Seversky P-35, qui, à l'époque, commençait à équiper les escadrilles américaines.

La forme des ailes, constituées de cinq éléments, l'empennage, les proportions du fuselage cylindrique dérivaient directement de ceux du modèle américain.

Cependant, l'équipe menée par Longhi avait adopté un ensemble de solutions tendant à améliorer l'aérodynamisme de l'appareil (cockpit bas aux formes pures; casserole d'hélice, train d'atterrissage rétractable).

le prototype du Falco / après modification, à l'issue des essais effectués par Mario De Bernadi en 1939.

Équipé d'un moteur Piaggio P-Xl RC 40 de 986 ch, le prototype du Re-2000, dénommé Falco 1, fut présenté aux autorités militaires à la fin de 1938. Les vols de démonstration, plus que satisfaisants (vitesse maximale de 540 km/h, maniabilité excellente), prouvèrent que le chasseur de Reggiane pouvait être un redoutable concurrent pour le Macchi C-200 ou le Fiat G-50, ses contemporains.

Son armement devait être constitué par deux mitrailleuses Breda-SAFAT de 12,7 mm. Pesant 2 541 kg en charge, il avait une autonomie de 840 km et un plafond de 11 200 m. Mais les réservoirs d'essence, placés dans la partie centrale des ailes, ayant été jugés vulnérables, le contrat portant sur douze exemplaires de présérie fut annulé. Bien que rejeté par la Regia Aeronautica, le Re-2000 connut un grand succès à l'exportation sous le nom de Re-2000 Serie I Interceptore.

L'un des premiers pays à s'y intéresser fut la Suède, qui, en 1941, en acheta soixante exemplaires. Désignés J-2, ces chasseurs équipèrent la Flygflottiljen F-10 de 1941 à 1946 et contribuèrent à faire respecter la neutralité de l'espace aérien suédois en forçant de nombreux appareils alliés et allemands à atterrir, un seul d'entre eux fut abattu, alors qu'il tentait d'intercepter un bombardier allemand Do-24.

De son côté, la Hongrie avait acquis, dès 1940, soixante-dix exemplaires du Re-2000, qui furent versés en unité sous le nom de Heja. Vinrent s'y ajouter 192 Heja 11, construits sous licence par les usines MAWAG. Ce modèle entra en service en 1943, équipé d'un moteur Gnome-Rhône K 14 de 1 000 ch construit sous licence par Weiss Manfred sous la désignation WMK-14.

Les escadrilles équipées de ce type d'appareil furent engagées en opérations dans les premiers mois qui suivirent l'invasion de l'Union soviétique.

Les escadrilles 1/I et 2/4 de la 2e brigade aérienne hongroise, qui combattirent sur ce front, obtinrent dans un premier temps des succès appréciables, mais les vides se creusèrent rapidement dans les rangs de ces unités à mesure de l'évolution du conflit.

le prototype du Re-2002 développé comme chasseur bombardier en 1941

La Yougoslavie, l'Espagne, la Suisse, la Finlande et même la Grande-Bretagne passèrent aussi d'importantes commandes (trois cents exemplaires pour l'Angleterre), mais aucune suite ne fut donnée à ces contrats.

Si la Regia Aeronautica ne s'intéressa jamais au Re-2000, la marine italienne utilisa, quant à elle, douze Re-2000 Serie 11 Catapultabile, version embarquée dotée d'une structure renforcée, d'un cockpit modifié (la partie arrière avait été supprimée) et d'un moteur Piaggio P-XI bis RC 40 de 1 025 ch.

Bien que les essais menés dès 1942 à partir de cargos modifiés puis du croiseur ltalia eussent été satisfaisants (ils prouvèrent entre autres que le chasseur avait une autonomie suffisante pour rallier un aérodrome après avoir accompli sa mission), le Re-2000 Catapultabile ne fut jamais engagé en opérations. La marine reçut encore trente-huit exemplaires de la version Re-2000 Serie 111.

Possédant le même moteur que la Serie 11, cette dernière était équipée d'un réservoir interne de plus grande capacité et d'attaches lui permettant d'emporter un réservoir largable. Avec une autonomie de 1 300 km, le Re-2000 Serie 111 devait rallier les possessions italiennes d'Afrique du Nord pour y renforcer une chasse aux effectifs insuffisants.

Mais les victoires remportées par les Anglais sur ce front rendirent ce plan caduc, et les appareils livrés à la 74e et à la 377e Squadriglie Autonome, basées en Sicile, furent affectés à l'escorte de convois en Méditerranée.

Au total, l'Italie n'utilisa qu'une cinquantaine des 177 Re-2000 produits par Reggiane. En septembre 1943, seuls deux avions restaient encore en service au sein de la Ire Squadriglia des forces navales. Le Falco apparaissait donc comme un échec relatif. L'intérêt qu'il avait suscité en dehors des frontières italiennes témoignait néanmoins des qualités de l'appareil.

Dès juillet 1939, le bureau d'études de Reggiane dota la cellule du Falco d'un moteur Daimler-Benz DB-601 A1 en ligne refroidi par liquide de 1 175 ch. Si le bâti-moteur, le capotage et l'avant du fuselage avaient été redessinés, le reste de la cellule conservait sa forme d'origine, en particulier l'aile et les réservoirs caractéristiques du Re-2000.

Le prototype du Re-2001 Falco 11, qui vola en juillet 1940, se montra d'un pilotage facile et d'une maniabilité remarquable, et, bien qu'il ne dépassât pas 563 km/h à 5 740 m (performance modeste si on la compare à celles des avions de même catégorie à l'époque), la Regia Aeronautica le jugea satisfaisant.

Toutefois, les modifications exigées elles portaient essentiellement sur le dessin de l'aile, des réservoirs et de la verrière (adjonction d'un arceau de sécurité derrière le pilote, suppression de la partie vitrée)  retardèrent de plusieurs mois la production de série. Doté d'une roulette de queue fixe, d'une voilure redessinée (l'aile était désormais composée de trois éléments et incorporait des réservoirs blindés), le prototype reçut également, à titre expérimental, un armement renforcé (deux mitrailleuses de 7,7 mm s'ajoutaient aux deux armes de 12,7 mm).

La Regia Aeronautica signa alors un marché pour 550 exemplaires, dont 350 devaient être construits en sous-traitance.

Mais le manque de moteurs et la pénurie de matières premières obligèrent à réduire le volume des commandes et freinèrent tout au long du programme la production en série de l'appareil.

Re-2001 accidenté à l'atterrissage sur un terrain de Sicile en août 1942

Le Re-2001, dont les premiers exemplaires de présérie furent livrés à l'armée en mai 1941, présentait une longueur de 11 m pour une envergure de 8,36 m et une hauteur de 3,15 m. Avec un poids de 2 460 kg à vide et de 3 240 kg à pleine charge, il atteignait 545 km/h à 5 470 m et montait à 6 000 m en 8 mn 24 s. Son plafond était de 11000 m et son autonomie, de 1 040 km.

Le Re-2001 donna naissance à de nombreuses versions, dont la première (Re-2001 bis) était caractérisée par ses nouveaux radiateurs noyés dans l'épaisseur de l'aile. Essayé en août 1941 par Francesco Agello, l'avion donna toute satisfaction (il atteignit 600 km/h en vol horizontal à 6 000 m d'altitude), mais, la Regia Aeronautica ne s'y étant pas intéressée, il resta au stade de prototype.

Pour pallier la pénurie de moteurs, pénurie aggravée encore par la priorité accordée au Macchi « Folgore », un Re-2001 fut doté d'un moteur Isotta Fraschini Delta RC 16/48 à 12 cylindres en V inversé développant 840 ch à 5 300 m.

Le Re-2001 Delta ainsi conçu effectua son premier vol le 12 septembre 1942, mais se révéla très décevant, et la commande de cent exemplaires passée par la Regia Aeronautica quelques jours auparavant fut annulée (l'unique prototype réalisé fut détruit dans un incendie le 27 janvier 1943 lors d'un vol d'essai).

Bien que conçus pour la chasse, les premiers Falco II livrés à la Regia Aeronautica en 1941 pouvaient être utilisés pour la reconnaissance photographique (les appareils de prise de vues étant montés, sur le bord d'attaque de l'aile). Assez rapidement, une version chasseur bombardier fut également étudiée : le Re-2001.CB, produit à trente-neuf exemplaires et équipé d'un porte-bombe ventral, qui lui permettait d'emporter un engin explosif de 100, 160 ou 250 kg.

Le largage de la bombe se faisait en piqué, une fourche mobile projetant l'engin vers l'avant, pour l'écarter du cercle décrit par l'hélice. Les expériences menées par le capitaine Buslengo au centre de tir de Furbara se révélèrent extrêmement positives : le bateau-cible sur lequel le pilote effectua vingt attaques fut en effet touché à quinze reprises. Deux Re-2001.CB de la 362e Squadriglia furent modifiés pour emporter une bombe antiblindage de 640 kg.

Le Re-2001 donna également naissance à une version embarquée. Trois appareils désignés Re-2001 Serie I

Ultraleggeriti, dont un réalisé par Reggiane sur fonds privés, furent transformés pour décoller à l'aide de catapultes. Le Falco II fut donc choisi pour équiper les porte-avions Aquila et Sparviero, alors en chantier.

Ces bâtiments ne prirent jamais la mer, mais, dans l'optique de cette utilisation hypothétique, une version Re-2001.OR Serie I fut produite en douze exemplaires.

Stationnés sur l'aéroport de Pérouse-San Egidio, ces appareils devaient servir à l'entraînement des pilotes de la future aéronautique navale mussolinienne.

Mais la version la plus construite du Falco Il fut 1e Re-2001.CN Serie Il de chasse de nuit,. sur lequel les mitrailleuses de 7,7 mm étaient remplacées par deux canons Mauser MG-150/20 montés dans des carénages placés sous les ailes. Ces chasseurs, entièrement peints en noir et dont les échappements de moteur étaient munis de pare-flammes, possédaient un équipement de navigation amélioré.

le second exemplaire du Re-2000 équipé du nouveau capotage-moteur ultérieurement adapté aux avions de série. Cet appareil, confié aux colonels Tondi et Zuarantotti, effectua ses essais à Guidonia en août 1939. Le Falco I connut un certain succès à l'exportation avec une commande globale de cent trente appareils destinés à la Suède et à la Hongrie

Trente exemplaires furent affectés à la force spéciale de défense de nuit créée dans 1e nord de l'Italie pour s'opposer aux raids lancés par les Alliés sur les centres industriels. Cent exemplaires supplémentaires vinrent bientôt s'y ajouter. Une commande portant sur cinquante Re-2001.OR en date du 1er avril 1942 fut annulée, et les appareils concernés donnèrent naissance à la Serie 111 du chasseur de nuit.

Enfin, une dernière commande de cinquante appareils fut passée en 1943; seuls trente-quatre d'entre eux furent pris en compte par la Regia Aeronautica avant la signature de l'armistice; les seize autres, fabriqués sous contrôle allemand, furent détruits par un raid allié.

Le Re-2001.G Serie IV - une cellule de Re-2001.OR équipée pour emporter une torpille légère - et le Re-2001.H Serie IV, doté de râteliers porte-bombes sous la voilure pour la lutte antichar, ne furent pas prêts à temps pour participer aux combats. Une dernière modification fut apportée au Falco en 1944 sur la demande de membres de la Regia Aeronautica combattant aux côtés des Alliés : l'adaptation d'un réservoir supplémentaire largable sur les Falco II qu'ils pilotaient. Les quelque six Re-2001.S ainsi créés furent affectés à la protection éloignée des bombardiers et des appareils de reconnaissance. Au total, 253 Re-2001 furent construits par Reggiane ou par d'autres firmes du groupe Caproni.

Livrés aux 150e, 152e et 358e Squadriglie du 2e Stormo, basées en Sicile à partir de mai 1942, les Falco Il servirent essentiellement pour l'escorte des bombardiers lors des assauts lancés contre Malte. Ils assurèrent également la protection des bombardiers torpilleurs SM-79 lors d'attaques de convois maritimes, luttant à armes égales avec les Spitfire, surtout audessous de 6 000 m.

Le 8 septembre 1943, une cinquantaine de Re-2001 se trouvaient encore sur les terrains italiens, incapables pour la plupart d'être engagés en opérations.

Une vingtaine d'exemplaires furent versés dans l'armée de l'air cobelligérante et effectuèrent leur première mission en octobre 1943.

un Re-2001 appartenant à la 152- Squadriglia du 2e Gruppo, basé en Sardaigne en 1942 et utilisé pour l'escorte des bombardiers opérant contre les convois britanniques en Méditerranée et sur l'île de Malte

Le Falco 11 fut retiré des premières lignes en mai 1944 et versé aux écoles de pilotage. En outre, six ou huit Falco II version CN servirent au sein de l'aviation de la République sociale italienne. Incorporés à la 170e Squadriglia Autonoma Caccia Notturna, ils jouèrent le rôle dangereux d'avions-appâts, chargés d'attirer les chasseurs alliés, qui étaient alors attaqués par les Bf-110.

Totalement dépassés, les sept Re-2001 survivants disparurent rapidement (trois d'entre eux furent néanmoins utilisés par les services météorologiques de l'aéroport de Venise-San Nicolo jusqu'en septembre 1947).

Le Re-2002 Ariete

Devant les problèmes que posait l'approvisionnement en propulseurs allemands, Longhi et Alessio revinrent très rapidement au moteur radial. C'est ainsi que 1e Re-2002 Ariete (Bélier), qui vola pour la première fois en octobre 1940, était équipé d'un Piaggio P-XIX RC 45

Turbine B de 1 175 ch, actionnant une hélice tripale. Bénéficiant de l'expérience acquise avec le Re-2000 et le Re-2001, cet appareil, à la fois chasseur bombardier et avion d'assaut, alliant une grande robustesse à une maniabilité remarquable, fut l'un des meilleurs de sa catégorie.

Présentant une envergure de 11 m pour une longueur de 8,16 m et une hauteur de 3,15 m, 1e Bélier possédait trois réservoirs d'essence (deux dans les ailes et 1e troisième dans le fuselage), qui lui donnaient une autonomie de 1 100 km. Son poids au décollage était de 3 240 kg, son plafond de 10 500 m.

Bien que doté d'un capotage Messier, l'Ariete ne bénéficiait pas de l'excellent profil aérodynamique de son prédécesseur sa vitesse maximale n'excédait pas 530 km/h à 5 000 m, et il lui fallait 8 mn 48 s pour monter à 6 000 m. En revanche, il se montrait excellent à basse altitude.

Défendu par quatre mitrailleuses (deux armes de 12,7 mm dans le nez et deux de 7,7 mm dans les ailes), l'Ariete pouvait emporter, fixée sous le fuselage, une bombe de 420 ou de 500 kg, qu'une fourche projetait hors du champ de l'hélice lors des attaques en piqué, et deux bombes de 160 kg accrochées à des râteliers disposés sous les ailes (Reggiane étudia également une version armée d'une torpille).

Du fait de difficultés dans la mise au point du moteur, c'est seulement en septembre 1941 que la Regia Aeronautica put passer une commande ferme pour deux cents exemplaires de l'Ariete, dont les premiers arrivèrent en unité en mars 1942. Ils furent pris en compte par le 5e Stormo Assalto, qui ne fut engagé en opérations qu'au mois de juillet 1943, lors du débarquement allié en Sicile.

Malgré les pertes importantes - de juillet à septembre 1943, dix-neuf appareils furent abattus et treize autres détruits lors d'attaques d'aérodromes par les Alliés ou par accidents -, les Re-2002 réussirent à couler de nombreux navires marchands et endommagèrent des navires de guerre comme le HMS Nelson. La Luftwaffe s'intéressa vivement à cet appareil.

Dès le début de 1943, elle avait projeté d'en réaliser une version dotée du moteur BMW de 1 600 ch qui équipait le Focke-Wulf Fw-190. Le projet avorta, mais les Allemands purent emmener soixante-dix-huit appareils, pour la plupart achevés, qu'ils utilisèrent jusqu'en 1944 dans leurs unités de choc. C'est ainsi que les Bélier furent employés en France contre les maquisards, notamment dans la région de Limoges, dans l'Aisne et le Vercors.

Par ailleurs, une quarantaine d'Ariete opérèrent pour le compte des Alliés. A côté des Re-2001 ralliés, ils participèrent, dans le cadre de la 208e Squadriglia, à des actions de soutien des maquis yougoslaves. A partir de 1944, les derniers appareils encore en service furent reversés à l'école de chasse de Leverano, où ils terminèrent la guerre.

Développements ultimes de la formule

Le premier prototype Re-2003, version de reconnaissance biplace du Re-2000, vola pour la première fois le 29 juillet 1941.

II ne se distinguait de son prédécesseur que par son second cockpit aux formes anguleuses et par son moteur Piaggio P-XI bis RC 40 de 1 025 ch, qui lui donnait une vitesse maximale de 475 km/h.

Le Re-2003 bénéficia d'une commande de deux cents exemplaires, destinés à remplacer les vétustes biplans Ro-37 bis, mais, du fait de l'évolution de la situation, seuls deux prototypes furent construits.

De même, le Re-2004, intercepteur équipé d'un Isotta Fraschini Zeta RC 25/60 de 1 250 ch, ne fut pas terminé, le programme ayant été abandonné au profit du Re-2005, le dernier mais aussi le plus réussi des avions construits par Reggiane.

Le Sagittario

Si le Re-2005 Sagittario présentait une certaine ressemblance avec ses prédécesseurs, celle-ci était tout à fait superficielle. Ainsi pour les ailes, dont la structure interne était totalement transformée et dont le profil était profondément modifié. Le train d'atterrissage s'escamotait vers l'extérieur des ailes et la roulette de queue était rétractable.

Le fuselage, d'une section moindre et légèrement allongé (8,73 m), présentait des lignes extrêmement pures. Tout, dans ce nouveau chasseur, était fait pour obtenir les meilleures performances aérodynamiques et pour tirer le meilleur parti de son moteur Daimler-Benz DB-605 A de 1 475 ch.

L'armement du Sagittario contribuait lui aussi à en faire un adversaire redoutable. II était en effet constitué de deux mitrailleuses Breda-SAFAT de 12,7 mm synchronisées et de trois canons Mauser de 20 mm, l'un tirant à travers la casserole d'hélice, les deux autres montés sous les ailes.

Le premier Re-2005 fut construit en décembre 1941. Faute de propulseur, il fallut attendre le 9 mai 1942 pour qu'il pût enfin prendre l'air. Le Sagittario soutint avec brio la comparaison avec les autres chasseurs de sa classe, le MC-205 et le Fiat G-55. Sa vitesse de pointe de 678 km/h et sa maniabilité en vol en faisaient en effet un appareil remarquable.

Après avoir commandé seize appareils de Serie 0, destinés à l'évaluation, puis dix-huit exemplaires de présérie, le ministère de l'air italien passa commande de 750 chasseurs. Selon certaines sources, vingt-neuf exemplaires furent mis en service, d'autres avancent le chiffre de quarante-huit. Tous les appareils produits furent équipés d'un moteur construit sous licence, le Fiat RA 1050 RC 58 Tifone.

Dernière production de série de la firme Reggiane, le Re-2005 Sagittario fut le meilleur chasseur italien de la Seconde Guerre mondiale. D'une pureté de lignes remarquable, cet appareil arriva trop tardivement en unité. Les quelques dizaines d'exemplaires opérationnels en septembre 1943 tombèrent aux mains de la Luftwaffe

La carrière opérationnelle du Re-2005 débuta en mai 1943. Il équipa la 362e Squadriglia, chargée de la défense de Rome et de Naples, qui fut ensuite engagée dans le sud lors du débarquement allié en Sicile.

A partir de juillet, ces appareils, dont le plafond était de 12 000 m, furent utilisés pour tenter de s'opposer aux attaques des B-17, notamment dans la région de Capoue. En septembre, les deux exemplaires encore en service à la 362e Squadriglia furent sabotés pour qu'ils ne tombent pas entre les mains des Allemands.

Si aucun Sagittario ne combattit dans les rangs de l'aviation cobelligérante, il semble que les Allemands se soient emparés d'environ treize exemplaires, qui auraient été employés soit pour la protection de Berlin, soit pour la défense des champs pétrolifères de Roumanie.

L'évolution du conflit empêcha Longhi de réaliser ses projets peut-être les plus prometteurs : le Re-2006, équipé d'un moteur de 1 510 ch. Ultime tentative pour fournir à l'Italie le chasseur lourd qui lui fit cruellement défaut à la fin de la guerre, il ne put être réalisé avant la défaite finale.

Autre projet ambitieux, le Re-2007 ouvrait à Reggiane le domaine de l'avion à réaction. Les propulseurs, deux Jumo 004 B, qui devaient être livrés par l'Allemagne, ne parvinrent jamais à l'usine de Reggio Emilia. Commencée en octobre 1943 l'étude fut abandonnée dès janvier 1944.

Le Re-2008, qui marquait le retour à d'autres préoccupations, puisqu'il s'agissait d'un avion de ligne transatlantique quadrimoteur, fut la dernière étude menée par Longhi. La défaite de l'Italie mussolinienne mit définitivement un terme à l'activité de Reggiane.



Constructeurs

Fan d'avions © 16 Mai, 2001