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Guerre 39-45

 


 

Stalingrad

 

Mission impossible pour la Luftwaffe

 

C'est cette lutte de géants, dominée par l'héroïsme des pilotes de la Luftwaffe qui nous est ici retracée.

Mais un ennemi encore bien plus terrible que les Russes fait brusquement son apparition : l'Hiver ! Le redoutable hiver russe que les Allemands ont appris à connaître à leurs dépens en 1941. Ce jour-là, brutalement, des bourrasques de neige s'abattent sur Stalingrad et son champ de bataille, en quelques heures le thermomètre descend à -15°... Du même coup, toute la Luftwaffe, dont l'utilisation tactique est si importante pour l'armée, est clouée au sol.

N'attendant manifestement que cette occasion depuis plusieurs semaines, les Soviétiques se ruent à la contre-attaque. Ils percent la ligne de front trop étirée et trop vulnérable au nord et au sud de la ville, balayent devant eux les 9°, 13° et 14° divisions roumaines et resserrent leur tenaille autour de la 6° Armée qui se trouve rapidement coincée entre le Don, à l'ouest et la Volga, à l'est.

19 novembre : les Soviétiques ont refermé leur piège sur Stalingrad et se dirigent alors vers le Tchir, affluent du Don, menaçant à la fois Kalatch, avant-poste de la 6" Armée et Oblivskaya, d'où décollent les avions qui ravitaillent Paulus.

L'alternative est tragique pour les Allemands : ou tenter une percée vers l'ouest, abandonner Stalingrad si chèrement conquise ou presque et s'exposer sur 50 km de steppe enneigée ou s'enterrer sur place en attendant les renforts tout en tenant la ville.

Les spécialistes de la logistique au sein de la Luftwaffe sont immédiatement interrogés.

Peut-on ravitailler Stalingrad par la voie des airs ? Tous sont de l'avis que cette tâche dépasse les moyens de l'aviation allemande.

Malgré les conseils du Général Martin Fiebig, chef d'EtatMajor du 80 Corps Aérien qui soutient l'Armée Paulus, du Général Wolfram Freiherr von Richthofen, commandant la 40 Flotte Aérienne et de l'Oberst Fritz Morzik, Directeur des Transports, von Paulus préconise de garder Stalingrad.

Tous ont encore à l'esprit l'exploit de la Luftwaffe à Demyansk. Le renouveler est tentant. Ce sera tragique.

En effet, le 9 janvier 1942, dans une manoeuvre similaire, le IIè Corps d'Armée et une partie du X0 Corps, soit près de 100 000 hommes, sont enfermés dans une poche, au sud du lac Ilmen, près de Demyansk.

Entre le 21 février et le 18 mai, la Luftwaffe accomplit un vrai miracle et ses unités de transport, commandées par Fritz Morzik, effectuent 14 445 sorties, transportant 24 305 tonnes de ravitaillement, 3 115 000 litres de carburant et 15 560 hommes en renfort.

Le général von Paulus avait reçu en janvier 1942 le commandement de la 6° armée, soit 300 000 hommes. A la fin d'octobre 1942, la plus grande partie de la ville de Stalingrad était entre les mains des troupes allemandes. Le 19 novembre, la contre-attaque russe commence.

Demyansk fut évacué, mais à quel prix : pas moins de 265 avions de transport furent perdus et avec eux nombre d'équipages chevronnés, dont la Luftwaffe ne possède pas une réserve inépuisable.

Dans la soirée du 21 novembre, Hitler en personne tranche la question. Abandonner Stalingrad ? Jamais ! Gôring intervient et appuie : « sa » Luftwaffe sauvera Stalingrad comme elle a sauvé Demyansk I

Hitler s'entête

Cette fois, il ne s'agit plus d'un corps d'armée, mais d'une armée entière, il ne s'agit pas de 100 000 hommes, mais de 300 000... On chiffre en gros les besoins de la 6e Armée à 300 tonnes de carburant, 30 de munitions et 140 de vivres par jour. La Luftwaffe ne peut en promettre que 300 en tout, à condition que le temps soit favorable.

Et encore, faudrait-il pouvoir disposer de 800 Junkers Ju 52, les fameux avions de transport allemands trimoteurs, alors que l'armée de l'air allemande ne peut en aligner que 750, alors que Rommel réclame un appui de plus en plus important pour contrer l'offensive de grande envergure que Montgomery a déclenchée le 23 octobre, alors que la situation est d'autant plus critique pour l'Afrika Korps que les Alliés viennent de prendre pied en Afrique du Nord depuis le 8 novembre et que la campagne de Tunisie s'engage. Voilà la Luftwaffe obligée de diviser son effort entre deux fronts d'égale importance.

Les diverses interventions des grands chefs de la Luftwaffe, Richthofen et Milch en tête, demeurent inutiles. Hitler s'entête.

Alors, à Stalingrad on s'organise. Dans la poche, on prépare en hâte deux terrains, celui de Pitomnik, déjà utilisé et celui de Goumrak en secours. Pitomnik possède un radio-phare qui peut guider les avions sur leur objectif malgré le temps.

Mais la piste, terrain de secours pour les chasseurs en difficulté quelques semaines auparavant, n'est qu'un petit bout de steppe trop étroit, mal aménagé, inapte à recevoir un pont aérien de cette envergure et où la neige ne va pas faciliter les choses.

Pour le départ de ses avions, la Luftwaffe dispose de trois terrains principaux : Oblivskaya, assez proche mais de ce fait directement menacé par l'avance soviétique, Morosovskaya, distant de 210 km de la poche et Tatsinkaya, distant de 250 km.

En fait, pour des raisons de sécurité, pratiquement seuls les deux derniers seront utilisés pour le pont aérien. Quelques unités de transport sont déjà à pied d'oeuvre à Tatsinkaya, celles qui ont suivi Paulus tout au long de son offensive. Les autres, il faut les faire venir.

Tatsinkaya, situé à 250 kilomètres de Stalingrad, est un des terrains d'où la Luftwaffe fait partir les avions qui doivent ravitailler la ville assiégée.

D'autres unités sont stationnées dans les parages, notamment une escadre de chasse, la JG 3, équipée d'une centaine de Messerschmitt Bf 109, sous les ordres du Hauptmann Wolf-Dietrich Wilcke, une escadre de bombardiers moyens Heinkel He 111, la KG 55, soit 190 appareils à Morosovskaya, sous les ordres de l'Oberst Ernst Kühl, un groupe de Junkers Ju 87 (le fameux « Stuka ») une trentaine d'avions le I./St.G.2, commandé par le Major Bruno Dilley qui compte sous ses ordres le fameux HansUlrich Rudel, un groupe d'appui-tactique, le II./Sch.G.1 à Kalatch, équipé de biplans Henschel Hs 123, de chasseurs de chars Henschel Hs 129 et de Messerschmitts Bf 109 spécialement modifiés pour recevoir des bombes, et également un groupe de bombardement moyen, le I./KG 51 équipé en Junkers Ju 88 à Tatsinkaya.

Les offensives des Stukas

Au début les Stukas opèrent directement depuis la poche de Stalingrad, menant plus de 10 missions offensives par jour ! Puis, progressivement, l'unité se replie sur 0 blivskaya, ne laissant que quelques Ju 87 Stukas placés sous les ordres de l'Oberleutnant Jungklausen, jusqu'à la chute de Pitomnik.

Le 22 novembre, les Russes poursuivent leur avance vers le sud-ouest, la boucle du Don, le Tchir et leur confluent, c'est-à-dire que le.terrain d'Oblivskaya se trouve directement menacé. Si ce verrou saute, les deux terrains « Moro » et « Tatsi », comme on les a déjà surnommés, ne pourront être longtemps conservés. La 99' division de D.C.A. prend position sur la rive ouest du Tchir, transforme ses canons de flak en artillerie et repousse l'assaut.

Une violente tempête de neige empêche toute sortie les 22 et 23 novembre. Seuls quelques Stukas, menés par Rudel, tentent quelques missions. Le 24, les premiers appareils de transport, rameutés de tous les horizons par Fritz Morzik, arrivent à Tatsinkaya où l'Oberst Forster va avoir la difficile tâche d'organiser le pont aérien. En tout 11 unités transport vont y participer, parmi quelles 3 spécialement créées avec avions récupérés sur tous les terrains l'arrière et 58 Junkers Ju 86, bimote qui servaient jusqu'à ce qu'ils part pour Stalingrad comme avions d'entrai ment pour les pilotes et les équipages bombardement ! Ce sont en tout 320' pareils qui se trouvent à pied d'oeuvre Rarement plus d'un tiers pourra être aligné à la fois, tant les conditions épouvantables.

Le 26 novembre, les Soviétiques vent aux abords d'Oblivskaya. Le tes s'améliore, alors le Hauptmann Alfred Druschel, commandant le II./Sch.G.1 lance ses avions d'appui tactique dam bataille. Avec l'aide de la 99. Flakdivi sion, ils détruisent une cinquantaine chars soviétiques et repoussent l'avance. Les renforts arrivent, accompagnés chars et la 3e Armée roumaine parvient à soutenir le choc. Ce front précaire tient plusieurs semaines. Les terrains « Moro » et de « Tatsi » sont provisoirement hors d'atteinte.

Les 25 et 26 novembre, une accalmie permet aux Ju 52 de décoller et de charger 66 tonnes de munitions et de carburant dans la poche. Le lendemain les chutes de neige clouent à nouveau lesavions au sol.

Sur les ordres de Richthofen, l'est de bombardement KG 55 est te formée en unité de transport. Les bom bardiers bimoteurs He 111 sont dé més et allégés et leurs râteliers servi à accrocher des conteneurs à la place bombes. Bien qu'emportant une Cr plus faible que les Ju 52, les He 111 révéleront très efficaces de par grande endurance et leur fiabilité tous les temps. D'ailleurs, d'au He 111 arrivent à « Moro », a ppartenant soit à des unités de bombardement As formées par la force des choses en ut de transport, soit à des unités créée toutes pièces pour la circonstance tout, 120 He 111 supplémentaires tent leur concours improvisé à ce aérien où l'on fait flèche de tout bois.

Un froid de - 30°

    Le 27 novembre, malgré un temps abominable, 12 Ju 52 s'aventurent au jugé  et abandonnent 24 000 litres de carburrant à Pitomnick. Le retour est difficile et aucun des douze appareils ne pourra prendre part aux opérations avant plusieurs semaines.

Le 30 novembre, la neige cesse de tomber. Alors, les chasseurs soviétiques font eux aussi leur apparition. Une escorte de chasse, appartenant au III./JG 3 doit accompagner 40 He 111 et 50 Ju 52 qui déchargent 100 tonnes à Stalingrad. C'est un exploit, mais c'est nettement insuffisant.

A Tatsinkaya l'embarquement des vivres pour les combattants de Stalingrad.

Le lendemain, la 6e Armée n'en reçoit que la moitié et le 2 décembre, un froid intense s'installe. La température atteint -30°. Dans ces conditions il faut plusieurs heures pour faire démarrer les moteurs. Malgré la construction d'abris mobiles, en nombre insuffisant faute de bois, les groupes servant au réchauffement des moteurs sont parfois impuissants. Quant aux réparations, les plus simples deviennent un vrai calvaire.

Le 10 décembre, pour protéger les terrains de la poche, 20 pilotes de chasse volontaires recrutés dans les trois groupes de la JG 3 se posent avec leur Messerschmitt Bf 109 à Pitomnik, sous les ordres du Hauptmann Germeroth. Ce sont les Oberleutnant Lucas, Leutnant Schentge et Daspeigruber, Oberfeldwebel Dilling et Willmann et les Feldwebel Kurt Ebener (futur récipiendaire de la Croix de Chevalier de la Croix de Fer, qui grièvement blessé sera capturé par les Américains, le 23 août 1944,.

Après avoir remporté 57 victoires aériennes en plus de 150 missions), Frese, Eyrich, Traphan, Kaiser, Hans Grünberg (également futur titulaire de la même décoration qui terminera la guerre avec 82 victoires en 550 missions), Reiff, ainsi que les Unteroffizier Buschmann, May, Wirth, Bringmann, Pissarski, Obst Eisele. Cette unité spéciale sera désignée sous l'appellation « Platzschutstaffel Pitomnik » (Escadrille de Protection Locale). Deux cent neuf « rampants » sont amenés par avion.

Outre cette escadrille opérant depuis la poche, le pont aérien était protégé par la JG 3 entière ainsi que par une vingtaine de bimoteurs de chasse Messerschmitt Bf 110, appartenant au 1./ZG 1 de l'Oberleutnant Eduard Tratt, qui mènent des missions à la fois depuis Pitomnik et depuis les terrains extérieurs à la poche.

La 90è victoire du lieutenant Schentge

Le 16 décembre, le Général Hoth tente sans grand succès d'ouvrir une brèche au sud-ouest de la poche qui permettrait le ravitaillement de la ville par la voie terrestre ou au pis aller son évacuation. A Stalingrad, les derniers vivres pour 48 heures sont distribués.

Cette percée partie de Sa/sk, bien appuyée par les Stukas de Rudel, dont certains pilotes effectuent jusqu'à 17 sorties par jour (!), échoue à 30 km de la poche, à Abganerovo. Pendant que Hoth perçait facilement le dispositif russe, une contre-attaque soviétique sur la charnière de Bogoduchov, tenue par les Roumains, faisait éclater le front. Pour endiguer le flot des blindés soviétiques se déversant sans trouver de résistance sur les arrières allemands, Hoth doit dégarnir ses propres lignes et la percée destinée à sauver l'armée Paulus s'arrête net.

Le 17 dans la matinée, 16 Ju 52 sont escortés par trois Bf 109 de la JG 3 commandés par le Major Wilcke en personne. Quinze chasseurs soviétiques LaGG-3 font leur apparition et menacent les trimoteurs de transport. Wilcke en abat deux et les autres font demi-tour, laissant les Ju 52 accomplir leur mission.

Le 19 décembre, le Fw Kurt Ebener du « PSS-Pitomnik » décolle en alerte à 12 h 35 et aidé par le Fw Hans Grünberg, abat un avion d'assaut soviétique Ilyushin II-2 qui traînait dans les environs. De son côté, le Lt. Schentge revient au terrain de Pitomnik avec sa 90e victoire personnelle.

Le 22 décembre, les Russes lancent une grande offensive dirigée principalement vers les terrains de départ du pont. Staline a exigé de ses généraux leur capture dans !es plus brefs délais. La 8e Armée italienne est enfoncée sur le Don et la percée prend des proportions dramatiques pour les Allemands. Le soir même, les premiers blindés soviétiques arrivent à 12 km de « Tatsi ». Sans ordres, Rudel décide de replier ses Stukas sur « Moro» où ils seront plus à l'abri.

Gôring et le brouillard

Le 23 décembre au petit matin, Tatsinkaya est en état d'alerte. Les troupes de l'Axe ont beaucoup de peine à contenir les Soviétiques, car elles ne possèdent pas d'armes anti-chars. Il reste environ 260 Junkers Ju 52 à « Tatsi » et ceux qui sont en état de prendre l'air, soit à peu près 180, se tiennent prêts à décoller, moteurs tournant. Mais encore une fois à contre-courant, Gôring intervient : tout envol de Tatsinkaya est formellement interdit ! Et le brouillard rend la Luftwaffe impuissante à intervenir.

Le 24 décembre, à 05 h 18, les premiers chars russes sont à la lisière du terrain et ouvrent le feu. Immédiatement trois Ju 52 prennent feu. A nouveau, comme la veille, les quelques 180 rescapés, moteurs grondant, attendent l'ordre de décoller. Passant outre les instructions du Maréchal du Reich, le Général Martin Fiebig, aprèsintes hésitations,  autorise le  décollage. Il faut sauver un maximum d'avions si l'on veut sauver Stalingrad.

Malgré une visibilité ne dépassant pas 50 mètres, les avions roulent et décollent dans tous les sens, direction Novotcherkassk. En tout 107 Ju 52 et 16 Ju 86 réussissent 3 s'échapper et s'éparpillent en fait sur tous les terrains des environs, dans des conditions dépassant l'imagination. Un tiers des précieux appareils de transport qui étaient basés à Tatsinkaya a dû être abandonné sur place. Une fois encore, les ordres stupides du Haut-Commandement ont coûté cher à la Luftwaffe.

A Morosovskaya, l'alerte a été également déclenchée. L'oberst Kühl envoie ses He 111 et tous les autres avions à Novotcherkassk. Tentant, en dernier, un décollage dans un brouillard très dense, les Stukas du I./St.G.2 doivent renoncer et rester temporairement à « Moro ».

Le 25 décembre, le brouillard se dissipe. Alors les Stukas foncent sur l'ennemi et les pertes sévères des unités blindées soviétiques obligent celles-ci à battre en retraite. « Moro » est provisoirement sauvé. « Tatsi » est même libéré, mais on renoncera à l'occuper à cause de sa trop grande proximité du front élastique.

Au cours de la dernière mission du jour de Noël, le Lt. Schentge du « PSS-Pitomnik » est abattu au nord de la poche. Il saute en parachute, mais le vent l'entraîne au-dessus des lignes russes et on ne le reverra jamais.

Dans les jours qui suivent, le temps se gâte à nouveau et paralyse l'action de l'aviation allemande. Alors les Russes reviennent à Morosovskaya qui doit être définitivement abandonné entre leurs mains par les Allemands. Les unités du pont aérien doivent être redistribuées sur des terrains plus sûrs, mais par conséquent plus éloignés.

Les Junkers Ju 52 sont basés à Salsk, à 310 km de Pitomnik, les Heinkel He 111 à Novotcherkassk, à 320 km et les Junkers Ju 87 « Stuka » à Chakhty. La perte de « Moro » et de « Tatsi » a porté un coup terrible au pont aérien : jusqu'au 30 décembre, aucun ravitaillement ne parvient à Stalingrad ! Entre le 31 et le 4janvier 1943, 608 tonnes sont déchargées à Pitomnik.

Le « PSS-Pitomnik » est constamment sur la brèche. Le 28 décembre, Kurt Ebener attaque en compagnie du Fw Frese un chasseur LaGG-3 qu'il abat.

Son propre avion endommagé, il retourne à « Moro » auprès du 11./JG 3, son unité d'origine qui se prépare à quitter en toute hâte le terrain,en dernier. Il change de machine et repart dans la poche. Le 30 décembre, Ebener descend 4 avions soviétiques. Entre le 28 décembre et le 4 janvier, le « PSS » revendique 39 victoires.

Le Junker 87, le fameux Stuka, était un avion très maniable; il atteignait presque 400 kilomètres à l'heure et était destiné à agir en étroite coopération avec les chars.

On racle les fonds de tiroirs

Le 2 janvier, le brouillard est si dense qu'à nouveau les avions sont condamnés à l'inactivité. Les Soviétiques ont tout leur temps pour installer de nombreuses batteries anti-aériennes tout le long du chemin que doivent parcourir les transports. Les détours allongent encore le parcours.

Le 9 janvier, 18 quadrimoteurs se posent à Stalino, en provenance de Norvège. Ce sont des Focke-Wulf Fw 200, à l'origine des avions commerciaux transformés en bombardiers destinés principalement à la lutte anti-sous-marine. Ces Fw 200 prennent une part très active dans la Bataille de l'Atlantique. Ce sont, d'ailleurs, les seuls véritables quadrimoteurs de combat que possède la Luftwaffe.

Ces appareils, appartenant à l'escadre KG 40, sont commandés par l'Oberleutnant  Schulte-Vogelheim et vont former une unité spéciale dénommée K.Gr.zbV (Kampf Gruppe zur besondere Verwendung : Groupe de Bombardement à emploi particulier), qui se retrouve basé à plus de 500 km de Pitomnik (Stalino s'appelle actuellement Donetsk). Ces avions, tout comme les Heinkels He 111, ne sont pas adaptés au transport de fret. Ils vont donc emporter des conteneurs dans la soute à bombes ou accrochés sous les ailes. L'après-midi même de leur arrivée, 7 Fw 200 déposent 36 tonnes de ravitaillement dans la poche.

Mais ces avions sont fragiles. Et le 10 décembre, les accidents commencent: Schulte-Vogelheim retourne à Stalino sur trois moteurs, le Lt Stoye ne peut décoller de Pitomnik, les Ofw Hartig et Weyer voient leur avion endommagé par la DCA et l'Ofw Reck se pose sur le ventre à mi-chemin,au retour.

D'autres appareils arrivent également à Stalino. La Luftwaffe racle ses fonds de tiroirs. Ce sont 2 Junkers Ju 290, énormes quadrimoteurs de transport dont la Luftwaffe ne possède que peu d'exemplaires, et un Junker Ju 252, adaptation plus moderne et plus grande du Ju 52, qui, appartenant au L.T.St. 290 (LuftTransport Staffe! : Escadrille de transport aérien) de Berlin-Tempelhof, sont placés sous les ordres du Hauptmann Braun.

Ce même 10 janvier, dans la poche, l'Uffz. Obst du « PSS » est abattu et tué en combat aérien après une rencontre avec des chasseurs soviétiques. La Luftwaffe doit faire vite maintenant, car le 10, les Russes lancent une offensive de grande envergure. Ils sont décidés à en finir.

Des transporteurs improvisés

Le 11 janvier, de nouveaux appareils à la silhouette curieuse se posent à Zaporozhye. Ces avions sont des Heinkels He 177, la grande déception de l'EtatMajor de la Luftwaffe qui espérait avoir avec eux les bombardiers stratégiques qui lui faisaient cruellement défaut pour continuer efficacement la guerre contre la Grande-Bretagne.

Le He 177 était un quadrimoteur, mais ne possédait que deux hélices, les moteurs étant jumelés à l'intérieur d'un seul capotage par aile et reliés à un même arbre entraînant l'hélice. Cette innovation, destinée à amoindrir la résistance à l'air, fut une source infinie d'ennuis dont l'un des moins négligeables était sa mauvaise manie de prendre feu sans raison apparente !

Ces 7 He 177, appartenant au I./KG 50 du Major Scheede, seront une fois de plus une cruelle déception dans ce nouveau rôle de transport. Non seulement, le He 177 n'emporte pas plus de fret que le He 111, de dimensions plus modestes, mais sa fragilité excessive entraînera la destruction des 7 avions, en quelques jours, et en seulement 13 sorties ! Le Major Scheede lui-même se tue le jour même de son arrivée en tentant la première mission en direction de Stalingrad...

Le 12 janvier, Ebener et le Lt Daspelgruber détruisent 2 chasseurs russes. Mais à Pitomnik, il ne reste plus que 3 Bf 109 disponibles. Dans la nuit, l'un des Ju 290 du L.T.St. 290 s'écrase au sol au décollage de Pitomnik, faisant plus de 80 morts.

Le 13 janvier, le Hauptmann HansUlrich Rudel, commandant la première escadrille de la St.G.2, abat, à bord de son bombardier Stuka en piqué, un chasseur russe La-5 qui menaçait un de ses équipiers.

La percée soviétique prend des proportions dramatiques et le terrain de Pitomnik se trouve directement menacé. Le 15 janvier son évacuation commence. Un LaGG-3 sera la dernière victime du « PSS-Pitomnik » et les Ju 52 évacuent les pilotes sans avion de cette unité vers Salsk et Sverevo.

Focke-Wuff entre Stalino et Pitomnik en janvier 1943. Ces avions bombardiers, les seuls véritables quadrimoteurs de combat que possédait la Luftwaffe, n'étaient pas adaptés au transport de fret.

Deux seulement reviendront !

Le 16 janvier, Pitomnik tombe. Peu  avant l'arrivé des blindés soviétiques,  6 Bf 109 du « PSS » et les 6 Ju 87 de Jungklausen décollent en catastrophe, direction Goumrak, l'autre terrain de la poche, jusqu'ici inutilisé. Mais pour des    obscures, von Paulus a refusé d'aménager ce second terrain. Il n'est   des congères qui encombrent la piste et les 5 Bf 109 qui tentent l'atterrissage capotent les uns après les autres et sont totalement détruits. Le sixième, piloté par l'Oblt Lucas renonce à atterrir et met le cap sur Chakhty. Il est rejoint par les 6 Ju 87 de Jungklausen qui retrouvent leur unité d'origine qui va se trouver immédiatement engagée pour endiguer la percée russe sur le Donetz.

Les 209 hommes du personnel technique du « PSS » ont choisi de demeurer avec la 6e Armée. Seulement 2 reviendront de captivité ! Le « Platzschutzstaffel » a remporté en tout 130 victoires aériennes et le Fw Kurt Ebener en revendique 33 à lui seul. La 9. Flakdivision sera responsable de la destruction de 63 avions soviétiques. Enfin, la JG 3, opérant hors de la poche, aura abattu environ 200 avions ennemis au cours de la même période.   

Pitomnik n'est pas la seule base à être évacuée par la Luftwaffe ce jour-là. Salsk est également à la portée des blindés russes. On doit en hâte déménager pour Sverevo qui se trouve dans le rayon d'action des bombardiers légers nocturnes soviétiques. En deux nuits, ceux-ci détruisent 12 appareils de transport et en endommagent 40 autres.

Le 18 janvier, les Fw 200 quittent Stalino pour Zaporozhye. Deux Ju 52 trompés par les faux guidages du radio-phare de Pitomnik tombé entre les mains des Soviétiques atterrissent avec leur précieux chargement dans les lignes ennemies.

Les soldats allemands au bord de l'épuisement

A Goumrak, la situation est précaire: la piste est encombrée par les épaves des 5 Bf 109 qui n'ont pas été enlevées et les transports doivent faire des prodiges pour les éviter. Les Russes bombardent sans répit cette piste étroite et les soldats allemands, au bord de l'épuisement, n'ont plus la force de boucher les trous d'obus. Pire, les appareils sont tirés lors de leur approche ou à leur décollage. On tente des atterrissages nocturnes, mais seuls des équipages très expérimentés peuvent les tenter avec des avions lourdement chargés : or, il n'en reste plus beaucoup. C'est là que l'on se rend compte de ce que Demyansk a réellement coûté.

Dans la journée, les transports sont attaqués sans répit par des hordes de chasseurs frappés de l'étoile rouge. La JG 3 pourvoit à leur escorte. Trois missions sont même menées par 6 Bf 109, équipés de réservoir supplémentaire, depuis Rovenki, à plus de 280 km. C'est l'Oblt Lucas, le rescapé du « PSS-Pitomnik » qui commande ces trois missions.

Elles ne servent qu'à tenter de redonner un peu de moral aux troupes de Paulus. Dans la nuit du 21 au 22 janvier, 21 He 111 et 4 Ju 52 déchargent leur fret à Goumrak. Mais les Russes sont proches et le lendemain matin, le terrain tombe entre leurs mains. Après la chute de Goumrak, les avions ne peuvent que ravitailler Stalingrad en larguant leur charge en vol. C'est un vrai désastre. Les soldats, épuisés, ne peuvent souvent ramener les conteneurs,lorsque ceux-ci ne tombent pas directement dans les lignes adverses.

Les bases de départ du pont aérien l'escorte de ce pont aérien, les avions sont elles-mêmes menacées par l'avance d'assaut et les Stukas, ni les pertes des russe qui progresse rapidement. A Stalin- autres armées de l'air de l'Axe, à comgrad, la poche se rétrécit comme une mencer par les Roumains, difficilement peau de chagrin. L'issue est proche. 

Les Fw 200 retrouvent leur rôle de  bombardiers et entreprennent quelques raids bien inutiles contre  les voies de  communication soviétiques, puis ils quittent  rapidement Zaporozhye pour Berlin avant de regagner la Norvège. 

Le 2 février, dans la soirée, 24 He 111 larguent les derniers conteneurs sur les ruines. Tout est consommé. Dix-neuf divisions viennent d'être anéanties dans l'enfer blanc de Stalingrad. 

Un bilan impressionnant

La Luftwaffe a payé très cher cette entreprise vouée à l'echec dès le départ, comme l'avaient prévu ses chefs. En effet, les pertes se montent à 490 avions de transport :

–   266 Junkers Ju 52

–   165 Heinkels He 111

–   42 Junkers Ju 86

-   9 Focke-Wulf Fw 200

-   7 Heinkels He 177

-   1 Junker Ju 290

Au crédit du pont aérien, 7 927 tonnes déchargées ou parachutées, soit un peu plus de 120 tonnes par jour en moyenne, contre les 300 promises.Voici le tonnage décadaire largué sur Stalingrad :

    30.11 au 11.12 : 1 167 t    =   97,25 t/j

    12.12 au 21.12 : 3 177 t = 317,70 t/j

    22.12 au 11.01 : 2 414 t    114,95 t/j

    12.01 au 16.01 : 300 t  60,00 t/j

    17.01 au 23.01 :    90 t    12,85 t/j

    24.01 au 02.02 : 779 t  77,90 t/j

Comme on peut le voir d'après ces chiffres parlant d'eux-mêmes, le minimum requis par la 6e Armée fut rarement atteint et ceci, ajouté au temps, au froid atroce, aux distances de communication qui n'ont fait que s'allonger, fait que la 6e Armée ne pouvait être sauvée par la Luftwaffe.

De cette saignée à blanc, les unités de transport ne se remettront jamais, d'autant qu'elles vont en connaître une seconde aussi terrible, quelques mois plus tard, au-dessus de la Méditerranée.

 


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Fan d'avions © 16 Mai, 2001